photo : Par che(Please credit as « Petr Novák, Wikipedia » in case you use this outside Wikimedia projects.) — che, CC BY-SA 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4443635
Le mardi 13 mai 2025, l’acteur, réalisateur et producteur américain Robert De Niro recevra une Palme d’or d’honneur pour l’ensemble de sa carrière, lors de la cérémonie d’ouverture de la 78e édition du Festival de Cannes, 14 ans après avoir été Président du Jury en 2011.
Il est des visages qui se substituent au 7e Art et des répliques qui marquent la cinéphilie à jamais.
Avec son jeu intériorisé qui affleure dans la douceur d’un sourire ou la dureté d’un regard, Robert De Niro est devenu un mythe du cinéma……
Considéré comme l’un des plus influents et célèbres acteurs de sa génération, De Niro commence sa carrière à la fin des années 1960.
Collaborant avec des réalisateurs du Nouvel Hollywood, en particulier Martin Scorsese dont il sera l’un des acteurs préférés, De Niro compte une riche filmographie, dont certains ont connu un grand succès public et critique, et a tourné avec des réalisateurs réputés.
Les parents de Robert Junior, qui se sont rencontrés au cours de peinture de Hans Hofmann, à Provincetown (Massachusetts), se séparent alors qu’il a trois ans (mais ne divorceront effectivement que neuf ans plus tard) et leur jeune fils est élevé par sa mère dans le quartier de Little Italy, à Manhattan, et à Greenwich Village. Son père vit à proximité et en grandissant Robert passe beaucoup de temps avec lui[8]. Robert De Niro est scolarisé au PS 41, une école primaire publique à Manhattan jusqu’au sixth grade[note 1], puis poursuit ses études en seventh grade et eighth grade[note 2] de la Elisabeth Irwin High School, qui fait partie de la Little Red School House[9]. Il est accepté au High School of Music and Art en ninth grade[note 3], mais n’y reste que peu de temps avant d’être transféré dans un autre collège[10]. Il entre au lycée à la McBurney School[11], puis dans le secteur privé à la Rhodes Preparatory School[12], bien qu’il n’ait jamais été diplômé ni de l’une ni de l’autre[13].
Durant sa jeunesse à Little Italy, au cours de laquelle il est surnommé « Bobby Milk » du fait de sa pâleur[note 4], il traîne avec un groupe de jeunes de rue dont certains sont restés ses amis de toujours[14]. Son avenir prend forme lors de ses débuts sur scène, à l’âge de dix ans, quand il interprète le lion peureux dans une production scolaire du Magicien d’Oz[2],[15]. Il y découvre une façon de vaincre sa timidité en jouant. De Niro est également fasciné par le cinéma : il abandonne l’école à seize ans pour entamer une carrière d’acteur[14]. Il prend des cours au Stella Adler Conservatory, puis à l’Actors Studio de Lee Strasberg[13].
En 2012 il déclare :
« Quand j’avais environ 18 ans. Je regardais une série télévisée — un soap opéra ou un western hebdomadaire — et je me suis dit que si ces acteurs gagnent leur vie avec ça, et qu’ils ne sont pas vraiment bons, je ne peux pas faire pire qu’eux. […] Quand je me suis lancé plus sérieusement, j’ai vu jusqu’où je pouvais aller, ce qu’on pouvait faire. Ce n’était pas ce que je pensais quand j’étais plus jeune. Mais je me souviens de m’être dit cela en regardant ces émissions de télévision en noir et blanc[note 5],[16]. »
Ascension fulgurante et consécration (années 1970-1980)
Tournant avec le cinéaste en devenir Brian De Palma au début des années 1960, l’acteur a déjà tourné dans trois de ses films en 1970, la quatrième collaboration arrivant en 1987.
« J’avais vu l’annonce dans un journal spécialisé. Il y avait le numéro de Brian. Je l’ai appelé. Il m’a donné rendez-vous dans un petit appartement. Il m’a regardé jouer, puis m’a engagé. J’étais très excité. C’était mon premier vrai rôle. Le ton du film oscillait entre drame et comédie. Brian est avant tout un spectateur. Il réagit directement à votre jeu. S’il ne rit pas pendant la prise, c’est que vous n’avez pas été drôle. Il n’hésite pas à vous faire improviser jusqu’à ce que vous trouviez le bon tempo. À cette époque, un texte trop écrit pouvait me bloquer, il fallait que je puisse déborder et me laisser aller. Brian De Palma adorait ça[19]. »
De Niro impressionne Brian De Palma en improvisant avec Finley alors qu’il n’a pas 20 ans et ne peut même pas signer lui-même son contrat, la majorité étant alors à 21 ans[18]. Tourné en plusieurs fois entre 1963 et 1965[18], le film ne sort en salles qu’en 1969[20].
En 1965, il apparaît comme figurant dans Trois chambres à Manhattan de Marcel Carné, comme il l’explique en 2013 : « C’était de toutes petites choses! À l’âge de 20 ans, je suis parti en France pour étudier la langue et prendre un peu d’air avec mon père loin de New York. Bref, un ami américain me parle d’un film que Marcel Carné s’apprête à tourner, Trois chambres à Manhattan. La production était à la recherche d’extras pour jouer des Américains. J’avais le look. J’ai été retenu. Nous étions en studio dans un décor qui reproduisait un coffee shop de Madison Avenue. Je ne faisais que passer. Le job n’a duré qu’une seule journée. C’était payé. Pour moi, Marcel Carné était juste un nom attaché à des films qui appartenaient à l’histoire du 7e art, mais pas plus. La vedette du film était Maurice Ronet. Je ne savais pas très bien qui il était. »[19]. En 1968, il est nouveau brièvement devant la caméra du français pour Les Jeunes Loups, comme il l’explique de nouveau : « si j’ai accepté de participer à ces films ce n’était pas vraiment pour apprendre quelque chose du métier. C’était fun et payé. »[19].
La même année, il apparait dans Greetings à nouveau réalisé par De Palma[19]. Ses rôles suivants restent peu connus du public.
En 1969, il tourne dans Le Contrat (Sam’s Song)[21]. Le film est remonté en 1979 pour devenir L’Échange (The Swap)[21]. En 1970, il tourne dans Bloody Mama de Roger Corman ainsi que pour la troisième et avant-dernière fois pour De Palma dans Hi, Mom![19].
L’année 1973 marque la première collaboration entre l’acteur et le cinéaste Martin Scorsese[22]. En 2023, Robert De Niro est apparu dans dix longs métrages du réalisateur[22].
La même année, il commence à travailler avec Martin Scorsese sur le film Mean Streets[25]. Les deux se sont rencontrés en 1971, durant une soirée de Noël organisée par le journaliste Jay Cocks et l’actrice Verna Bloom[25]. Le réalisateur est un fils d’immigrants ayant grandi à Little Italy et tous deux connaissent la loi de la rue, la confiance s’installe rapidement[25]. Deuxième femme du cinéaste, Julia Cameron(en) explique le lien entre les deux hommes : « En Marty, Bobby a trouvé la seule personne qui peut parler pendant quinze minutes de la façon dont un personnage fait un nœud ! Je les ai vus parler dix heures d’affilée »[note 7],[25]. Le producteur Jonathan Taplin déclare quant à lui : « ils se connaissent si bien qu’ils peuvent dire juste deux ou trois mots ou juste une phrase, et l’autre comprendra. »[note 8],[26]. Robert De Niro tient le rôle du jeune gangster John « Johnny Boy » Civello qui tente de se faire un nom avec son ami Charlie Cappa[26]. Ce dernier est interprété par Harvey Keitel, le duo se retrouvera sur de nombreux projet au fil des années[26]. Sur le tournage, l’acteur n’hésite pas à proposer des idées pour ses scènes et est décrit comme étant extrêmement impliqué, se mettant volontairement à l’écart de l’équipe pour mieux s’approprier le personnage[26]. Le film est projeté au Festival de Cannes 1973 puis au Festival du film de New York, et reçoit un bon accueil[26].
Il enchaîne avec Francis Ford Coppola sur Le Parrain 2, préquelle dans laquelle il prête ses traits au personnage de Vito Corleone, incarné par Marlon Brando dans le premier opus, Le Parrain[25]. Il explique sa manière d’appréhender le rôle : « Je ne voulais pas faire une imitation de Brando […] mais je voulais que ce soit crédible que je puisse être lui en tant que jeune homme. C’était comme un problème mathématique »[note 9],[25]. Dans le film, il parle essentiellement en sicilien, ne prononçant que huit mots en anglais[25]. Pour son jeu, le jeune acteur remporte l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle[25]. Pauline Kael, critique américaine, écrit pour The New Yorker : « De Niro a l’audace physique, la grâce et l’instinct pour devenir un grand acteur, peut-être aussi grand que Brando »[note 10], l’ultime critique étant celle de ce dernier : « Je doute qu’il sache à quel point il est bon. »[note 11],[25].
Par la suite, il continue sa fructueuse collaboration avec Scorsese, dont découlent plusieurs classiques hollywoodiens : c’est d’abord Taxi Driver, qui, en 1976, l’intronise comme une révélation majeure, et qui lui donne une notoriété mondiale[27]. L’acteur tient le rôle de Travis Bickle, un chauffeur de taxi solitaire et insomniaque, qui arpente les rues d’une ville de New York d’après guerre du Viêt Nam, dont Bickle en est un vétéran[27]. Souffrant d’un trouble de stress post-traumatique et désabusé par l’état de la ville, son personnage sombre dans la folie et s’en prend notamment à un proxénète, joué par son ami Harvey Keitel, afin de sauver une jeune prostituée interprétée par la révélation Jodie Foster[27].
Des années plus tard, Foster se remémore les leçons apprises grâce à De Niro, qui restait dans son personnage : « Robert de Niro a décidé de me prendre sous son aile et il m’emmenait continuellement dans des cafés pour réciter nos lignes, de la manière de nos personnages, puis en improvisant, ce que je ne comprenais pas à 100 %, mais au moment où nous avons vraiment commencé à tourner, j’ai vraiment compris ce qu’il avait fait. Il m’avait vraiment fait comprendre ce que c’était que de créer un personnage, chose que je ne savais pas à 12 ans. Et ça a changé, ça a définitivement changé ma vie. Je me souviens d’être rentrée chez moi dans la chambre d’hôtel à New York […] et d’être en feu ; ressentant vraiment que, ouah, j’avais découvert quelque chose. Que ce monde du cinéma et du jeu d’acteur pourrait vraiment être plus exigeant que je ne le pensais »[note 12],[29]. Afin de parfaire son jeu, l’acteur a notamment passé du temps dans une base militaire pour obtenir son accent, s’est exercé à manier les armes à feu, et a également obtenu une licence de chauffeur de taxi[27],[30],[25]. Il improvise également la réplique « You talkin’ to me? », classée en 2005 à la dixième place de la liste AFI’s 100 Years… 100 Movie Quotes de l’American Film Institute[31]. Présent sur le tournage, le photographe Steve Schapiro déclare au sujet de l’acteur « Bobby est impressionnant : il se fait cannibaliser par ses personnages. Dans Taxi Driver, il ne jouait pas Travis Bickle ; il était Travis Bickle ! », ce à quoi ajoute Scorsese : « Au milieu du film, Bobby parlait comme Travis, même hors du plateau. Il avait sa démarche, ses tics ! »[32]. Le film remporte la Palme d’or du Festival de Cannes 1976 et obtient 4 nominations à la 49e cérémonie des Oscars, dont pour l’Oscar du meilleur film et du meilleur acteur, cette dernière statuette étant remportée par Peter Finch pour le film Network[27],[33].
L’année est également marquée par deux autres projets pour le comédien. Ainsi, il partage la vedette avec Gérard Depardieu de 1900, drame historique de l’italien Bernardo Bertolucci, d’une durée colossale de 5 heures et 20 minutes[34]. Enfin, il apparait dans Le Dernier Nabab d’Elia Kazan : « C’était assez intimidant! Kazan était fidèle à sa réputation. Il avait des quantités de notes sur chacun des personnages. Au tournage, il vous laissait évoluer, puis vous recadrait tout doucement. Je ne me suis jamais senti bloqué par sa mise en scène. Le scénario de Pinter était extrêmement précis, il y avait même les indications de jeu entre chaque réplique, nous savions précisément à quel moment nous devions faire des pauses. »[25],[19].
En 1977, De Niro et Scorsese enchainent avec le musical New York, New York[35],[25]. L’acteur campe alors un saxophoniste qui tombe amoureux d’une chanteuse interprétée par Liza Minnelli[35]. De Niro va jusqu’à apprendre à jouer du saxophone avec Georgie Auld, comme le mentionne sa partenaire de jeu : « Je quittais le studio vers minuit et j’entendais un saxophone. En tant que musicien, il était fabuleux. C’est ainsi qu’il a trouvé le personnage, à travers la musique. »[note 13],[25],[35].
Encore une fois, l’acteur fait tout pour ne devenir qu’un avec son personnage : « Je regarde toujours tout […] L’important, c’est de réfléchir à tout. Parfois, j’écris mes idées. L’essentiel est d’y consacrer du temps, même si c’est ennuyeux. Ensuite, vous savez que vous avez connecté toutes les possibilités lorsque vous faites vos choix […] J’ai passé beaucoup de temps à Mingo Junction et Steubenville, en Ohio, à m’imprégner de l’environnement. J’ai aussi essayé de me rapprocher le plus possible de la carrière de sidérurgiste, sans pour autant travailler à l’usine. Je l’aurais fait aussi, sauf qu’aucune des aciéries ne m’a laissé le faire. On m’a laissé visiter et regarder mais je n’étais pas vraiment impliqué. Ce qui était génial, c’est que personne ne m’a reconnu comme étant un acteur »[note 14],[36]. L’acteur prend également part au casting des autres personnages du film comme l’explique le producteur Michael Deeley : « Lorsque vous engagez Robert De Niro, vous n’obtenez pas seulement l’un des meilleurs acteurs de cinéma de tous les temps, mais vous travaillez avec un acteur qui se soucie du film dans son ensemble – et cela inclut ses collègues de la distribution. Il connaissait tous les acteurs de New York. »[note 15],[36].
Le film est nommé à neuf reprises durant la 51e cérémonie des Oscars, De Niro obtenant une nomination dans la catégorie du meilleur acteur[37]. Finalement, le film remporte cinq statuettes, dont celle du meilleur film[37]. En 2007, le film est classée à la cinquante-troisième place de la liste AFI’s 100 Years…100 Movies de l’American Film Institute[39].
Puis, après avoir lu les mémoires du boxeur Jake LaMotta, De Niro va voir Martin Scorsese pour que les deux travaillent sur un projet autour de l’autobiographie[25],[40]. L’idée — pour beaucoup, le projet est une obsession de la part de De Niro — devient alors le drame sportif Raging Bull qui arrive en 1980, avec De Niro dans le rôle du poids moyens Italo-Américain, connu pour ses exploits sportifs, mais également pour son tempérament et son comportement violent qui impacte profondément ses relations avec sa famille[40],[41]. Pour ce qui est du reste de la distribution, si Cathy Moriarty tient le rôle de Vikki LaMotta(en), la femme du protagoniste, le frère de ce dernier(en) est quant à lui joué par Joe Pesci qui devient par la suite un collaborateur fréquent de Scorsese et de De Niro pendant près d’une quarantaine d’années[40]. En plus d’apprendre la boxe, De Niro doit également prendre de la masse, prenant 27 kilos[40]. Cela paye, puisque sa prestation lui vaut l’Oscar du meilleur acteur[40].
En 1981, Robert De Niro retourne dans un drame policier avec le film Sanglantes Confessions d’Ulu Grosbard, d’après le roman du même nom(en) de John Gregory Dunne[42]. De Niro joue un Monseigneur qui a pour frère un inspecteur de Los Angeles, joué par un autre grand nom de la saga Le Parrain, Robert Duvall[42]. L’intrigue tourne autour d’un meurtre, une des pistes remontant jusqu’à l’Église catholique[42]. Si Vincent Canby du The New York Times mentionne l’intrigue compliquée à suivre, il salue la performance des comédiens, disant que De Niro et Duvall « sont au sommet de leurs talents. Ils travaillent si bien ensemble qu’on dirait parfois une seule performance, les deux faces d’un même personnage complexe. »[note 16],[42].
Et, en 1983, La Valse des pantins de Scorsese l’amène sur le terrain de la comédie noire, en tenant le rôle d’un comique de scène qui harcèle un vétéran de la profession joué par Jerry Lewis pour qu’il puisse passer dans son émission[43]. C’est de nouveau l’acteur lui-même qui est venu voir Scorsese avec le scénario[25]. Le New York Times décrit sa performance comme étant « l’une des meilleures, des plus complexes et des plus flamboyantes de sa carrière »[note 17],[43]. Le film est un échec commercial[44].
Après ces cinq longs-métrages, les deux décident de s’émanciper un temps pour découvrir de nouveaux horizons[25]. L’acteur tourne alors durant cette période dans de nombreux films considérés comme des chefs-d’œuvre, tout en collaborant avec des cinéastes européens[25].
En 1984, Sergio Leone le dirige dans l’ambitieuse fresque historique Il était une fois en Amérique, dernière réalisation du monstre italien[45]. Le film chronique la vie de David « Noodles » Aaronson, le personnage de De Niro, et de son meilleur ami joué par James Woods, qui mènent des jeunes juifs des ghettos vers les plus hautes sphères du crime organisé de New York[46],[47]. Le film connait une distribution faramineuse, notamment complétée par Elizabeth McGovern, William Forsythe, Joe Pesci, Burt Young ou encore Jennifer Connelly dans sa première apparition sur grand écran[46],[47],[48]. Dans sa version originale de 229 minutes, le film est acclamé pendant une quinzaine de minutes au Festival de Cannes 1984[45]. Sa version cinéma de 139 minutes, charcutée sans l’accord du cinéaste, est fortement décriée par les critiques[46],[49]. En 2012, le film connait une version longue de 251 minutes[49].
Toujours en 1984, il forme un couple fameux en donnant de nouveau la réplique à Meryl Streep pour la romance Falling in Love, retrouvant au passage Ulu Grosbard derrière la caméra[50].
Alors habitué à être la tête d’affiche, l’acteur tient un petit rôle en 1985 dans l’expérimental et acclamé Brazil de Terry Gilliam[51]. Ce dernier et le producteur Arnon Milchan ont envoyé le scénario à l’acteur, lui disant qu’il pouvait prendre le rôle de son choix[51]. Malheureusement pour lui, le rôle qu’il souhaitait a déjà été donné à Michael Palin, grand ami du réalisateur[51]. Plusieurs mois plus tard, l’acteur se voit attribuer le personnage du plombier chauffagiste Archibald « Harry » Tuttle qui apparait dans quelques scènes[51]. Bien qu’il n’y tient qu’un petit rôle, Robert De Niro vient en aide à Gilliam pour la sortie du film aux États-Unis, bloquée par Sidney Sheinberg, le patron d’Universal Pictures, qui souhaite faire de nombreux changements au sein du film[51],[52]. Malgré son faible résultat au box office américain, le film devient culte avec les années et inspire de nombreuses œuvres culturelles[53],[54],[55].
Il retourne également au théâtre jouant un des principaux rôles de la pièce Cuba and His Teddy Bear, avec Ralph Macchio[63].
En 1987, il retrouve 17 ans plus tard et pour la dernière fois Brian De Palma pour le polar Les Incorruptibles[64]. L’acteur campe l’un des plus célèbres gangsters américains du XXe siècle et une des plus grandes figures de la prohibition dans les années 1920, Al Capone[64]. Principal antagoniste du film malgré son faible temps de présence à l’écran, l’acteur est notamment opposé à Kevin Costner qui tient le rôle de l’agent du Trésor américainEliot Ness, ainsi qu’aux membres de l’équipe d’Incorruptibles de ce dernier, incarnés par Sean Connery, Andy García et Charles Martin Smith[64]. D’après De Palma, De Niro était préoccupé par la forme de son visage, souhaitant ressembler au « Balafré », et a donc gagné environ 14 kilos, notamment aidé de son experience durant la préparation de Raging Bull[65],[64]. Il s’est également documenté sur l’homme, lisant un livre chroniquant sa vie et regardant plusieurs archives vidéos[64].
La même année, il tourne pour le britannique Alan Parker dans le thriller d’horreur psychologique Angel Heart, d’après le roman Falling Angel(en) de William Hjortsberg[66]. L’acteur campe un personnage sinistre qui engage un détective privé joué par Mickey Rourke afin de retrouver un vétéran de la Seconde Guerre mondiale[66]. Comme pour Brazil et Les Incorruptibles, l’acteur joue un personnage important avec peu de temps de présence, mais qui reste marquant grâce à l’interprétation de l’acteur[25],[50]. À cette époque, plusieurs critiques reprochent à l’acteur de se combler dans ces « caméos »[25],[50].
En 1989, il tourne pour le britannique David Jones dans le drame Jacknife, écrit par Stephen Metcalfe(en)[71]. Il y joue de nouveau un vétéran de la guerre du Viêtnam, qui vient cette fois-ci en aide à un homologue perdu dans l’alcool qui est interprété par Ed Harris[71]. Kathy Baker complète la distribution principale dans le rôle de la sœur d’Harris[71]. La même année, il tourne pour l’Irlandais Neil Jordan qui l’amène à la comédie pure avec Sean Penn dans Nous ne sommes pas des anges (We’re No Angels), qui constitue un rare échec pour cette décennie, âge d’or de sa carrière[72],[73].
Toujours la même année, il cofonde avec Jane Rosenthal sa société de production, Tribeca Productions, du nom de TriBeCa, le quartier de New York dans lequel il vit[74],[75]. En 1989, ils fondent le TriBeCa Film Center[74],[75],[76]. Le complexe comprend notamment une salle de 70 places pour les projections, un espace pour les répétitions, la production et le montage ou encore une salle de banquet[76]. Se trouve également un restaurant dans lequel l’acteur a investi[76]. The New York Times note à l’époque que si de nombreux acteurs sont devenus des producteurs, le projet de De Niro est inhabituel[76].
Les années 1990 s’annoncent moins constantes, mais encore riches en productions majeures.
Confirmation et passage à la réalisation (années 1990)
L’année 1990 marque ses retrouvailles avec Martin Scorsese pour leur sixième collaboration, Les Affranchis, un classique instantané[77],[78]. Adaptation du livre Wiseguy(en) de Nicholas Pileggi paru en 1985, le film narre la montée et la chute du mafieux Henry Hill et de son entourage entre 1955 et 1980[78],[79]. Ce dernier est interprété par Ray Liotta, dont la prestation est considérée par beaucoup comme étant la meilleure de sa carrière, tandis que De Niro tient le rôle du mafieux Jimmy « the gent » Conway, qui devient un proche de Hill[78],[79]. Son ami Joe Pesci qui tient le rôle de Tommy DeVito, complète le trio présent sur l’affiche du film, tandis que la distribution comprend également des performances de la part de Lorraine Bracco ou encore Paul Sorvino[78],[79].
Dès 1991, il retrouve Scorsese dans Nerfs à vif (Cape Fear), remake du film du même nom de J. Lee Thompson sorti en 1962[86]. De Niro joue l’antagoniste du film, un repris de justice abandonné par sa femme et sa fille, qui après 14 années de détention décide de harceler son avocat félon qui l’avait trahi (Nick Nolte), ainsi que sa famille également composée d’une femme et d’une fille[87]. De Niro est notamment nommé à l’Oscar du meilleur acteur lors de la 64e cérémonie des Oscars[87].
Son aura lui permet ensuite de porter des projets risqués. Il est ainsi dirigé par Irwin Winkler dans deux drames noirs, le premier étant La Liste noire en 1991[88]. L’acteur tient le rôle d’un réalisateur qui revient aux États-Unis durant la chasse aux communistes, causant la Liste noire de Hollywood[88]. Le personnage s’inspire de John Berry[89]. Il s’agit de la première réalisation du producteur Irwin Winkler, qui a notamment produit plusieurs films de Martin Scorsese, ce dernier apparait par ailleurs dans le film[88]. Le film est très bien reçu et concourt pour la Palme d’or au Festival de Cannes 1991[88],[90],[91]. Au sujet de la performance de l’acteur, Janet Maslin écrit dans The New York Times : « M. De Niro prend rarement des personnages […] relativement ordinaires que David Merrill […] Pourtant, l’humanité de ce personnage, qui est pleinement capturée dans la performance fine et touchante de M. De Niro, est ce qui rend sa crise de conscience si convaincante. »[note 19],[88]. La seconde collaboration arrive l’année suivante avec La Loi de la nuit, adaptation du roman(en)Gerald Kersh paru en 1938, qui a également connu une adaptation par Jules Dassin en 1950 sous le titre Les Forbans de la nuit[92].
Mais surtout, ce début de décennie est marqué par son passage derrière la caméra, pour le drame Il était une fois le Bronx, dans lequel il joue également[99]. Le film est un récit initiatique sur un garçon italo-américain qui doit choisir entre côtoyer le crime organisé de son quartier dans le Bronx et suivre les valeurs de son père, chauffeur de bus incarné par De Niro lui-même[99]. Chazz Palminteri, qui incarne le chef de la mafia locale, a créé A Bronx Tale (play)(en), la pièce dont le film est tiré, puisant dans son enfance pour l’écrire[99]. Son ami Joe Pesci fait un caméo[99].
L’acteur revient en 2012 sur ce « véritable combat » : « Il faut beaucoup de temps pour le terminer, pour obtenir le financement, peu importe qui est dedans. C’est très, très ardu, une bataille intimidante et difficile. J’ai tellement de respect pour des gens comme Marty, ou tout réalisateur qui ne fait que diriger – toutes les batailles sur ceci et cela, tout le monde donne son opinion. Et vous devez les écouter. Parce qu’ils ont payé. […] Il y a une citation : Vous devez être en partie gangster. Vous devez vous battre pour ce que vous voulez. Vous devez écouter l’opinion de tout le monde, puis finalement à la fin de la journée, vous devez faire ce que vous pensez être juste »[note 20],[16].
Avant sa sortie dans les salles, le film est projeté à la Mostra de Venise 1993 ainsi qu’au Festival international du film de Toronto, y recevant un accueil des plus chaleureux[100],[101]. Il en sera de même lors de sa véritablement sortie[101],[99],[102]. Le critique Roger Ebert déclare : « Il était une fois le Bronx est un film très drôle parfois, et très touchant à d’autres moments. Il est rempli de vie, de personnages colorés et de grandes lignes de dialogue, tandis que De Niro, pour ses débuts en tant que réalisateur, trouve les bonnes notes alors qu’il passe du rire à la colère et aux larmes. Ce qui est important dans le film, c’est qu’il parle de valeurs. À propos de la façon dont certains garçons deviennent des hommes capables de se regarder dans le miroir le matin, et d’autres se contentent de suivre la foule, oubliant au bout d’un moment qu’ils n’ont jamais eu le choix. »[note 21],[102]. Son traitement du racisme et de la violence est également apprécié[102],[99],[101] Le film est dédié à Sammy Cahn ainsi qu’au père de Robert De Niro[99].
Après ce cycle lucratif, il retrouve Martin Scorsese pour la fresque Casino, huitième collaboration entre les deux hommes[77]. Cette adaptation de près de 3 heures du roman Casino: Love and Honor in Las Vegas(en) de Nicholas Pileggi, met en scène l’acteur dans la peau de Sam « Ace » Rothstein, un dirigeant de casino à Las Vegas associé à la mafia et qui est inspiré de Frank Rosenthal[103],[44]. Ce « western urbain » montre l’envers du décor de la ville du pêché et de l’empire du jeu, ainsi que la relation progressivement dégradante entre Rothstein et l’arnaqueuse Ginger, jouée par Sharon Stone, ainsi que celle avec son meilleur ami, incarné par Joe Pesci[103],[44],[104]. Lorsque L’Express demande au cinéaste si après toutes ces années, De Niro arrive toujours à le surprendre, l’intéressé déclare : « Oui, et toujours dans le bon sens. Rothstein est un type sévère, froid, calculateur, brillant, qui ne laisse jamais ses émotions l’envahir. Il souffre d’ulcère. C’est le genre de gars qui vous vire parce que vous l’avez distrait en lui disant bonjour. Je me demandais comment Bob l’incarnerait. Il a passé beaucoup de temps avec Frank Rosenthal et l’a humanisé, comme il l’avait déjà fait pour Jake La Motta (Raging Bull) et Rupert Pupkin (La Valse des pantins) »[105]. Le film est un nouveau succès critique et commercial[103],[104],[106],[107].
Mais cette année 1995 est aussi marquée par la sortie du polar urbain Heat, de Michael Mann[108]. L’acteur est confronté pour la première fois à un autre acteur désormais iconique, Al Pacino, la paire étant décrite en 1995 dans un article de The New York Times comme étant « Deux des stars les plus formidables des deux dernières décennies »[note 22],[108]. À noter que[style à revoir] s’ils sont crédités au générique de Le Parrain 2 en 1974, ils ne se croisent pas devant la caméra[108]. Ainsi, le film met en scène la traque d’un lieutenant de police incarné par Al Pacino qui tente d’arrêter une bande de braqueurs de banque menée par Robert De Niro[108]. Le film se consacre également à la vie privée des différents personnages[108]. Une nouvelle fois, l’acteur fait tout pour se fondre dans son personnage, Mann déclarant que De Niro « voit le rôle comme une construction, travaillant incroyablement dur, détail par détail, construisant petit à petit le personnage, comme s’il était I. M. Pei »[note 23],[108]. Le film est acclamé, plusieurs critiques applaudissent une longue scène de discussion entre les deux principaux acteurs[109],[110]. En 2022, Vanity Fair dédie un article au sujet des deux acteurs durant la scène, expliquant qu’« en l’espace de quelques minutes, ils vont marquer l’histoire du cinéma. »[110].
En 1996, il enchaîne trois productions différentes. Ainsi il tient le rôle titre du thriller Le Fan de Tony Scott d’après le livre homonyme de Peter Abraham[111]. L’acteur retrouve un nouveau rôle de psychopathe, en la personne de Gil Renard qui harcèle un joueur de baseball interprété par Wesley Snipes[111]. Puis il est entouré de Dustin Hoffman, Jason Patric et Brad Pitt pour le drame judiciaire Sleepers, de Barry Levinson, qui marque sa première collaboration avec le cinéaste[112]. Comme pour le roman sorti l’année d’avant, l’intrigue du film est sujette à controverse à cause de ses libertés prises par rapport aux véritables évènements[113]. Il retrouve également Leonardo DiCaprio et Meryl Streep dans le drame Simples Secrets, où il se contente d’un rôle plus secondaire, celui d’un docteur[114].
Enfin, il entame le tournage d’une comédie annonçant le virage de la décennie, ainsi que le déclin de sa carrière, les bons rôles se faisant plus rares, tandis que ses films reçoivent pour la plupart des retours mitigés voire mauvais de la part de la presse ou des spectateurs[125],[126].
En effet, en 1999 sort Mafia Blues (Analyze This), mis en scène par le vétéran de la comédie Harold Ramis, et dont il partage l’affiche avec Billy Crystal[127]. Ici, l’acteur s’autoparodie en incarnant un mafieux soudainement en proie à des crises d’angoisse et à des sursauts émotionnels, l’obligeant à voir un psychiatre incarné par Crystal[127]. En parrain dépressif, il livre une interprétation comique surprenante, multipliant les références aux performances les plus emblématiques de sa carrière, ce qui lui vaut une nomination dans la catégorie du meilleur acteur dans un film musical ou une comédie durant la 57e cérémonie des Golden Globes[128],[129],[130]. De Niro retrouve également Chazz Palminteri, principal antagoniste du film[127]. Si le film reprend le concept de la série Les Soprano qui a débuté quelques semaines avant la sortie du film, plusieurs critiques mentionnent également Premiers Pas dans la mafia (The Freshman), montrant un Marlon Brando jouant de ses rôles de gangsters[128],[131]. Le film glane 176 000 000 $ au box office[127]. À partir de ce film, l’acteur va énormément jouer dans des comédies, continuant de parodier ses rôles de mafieux et de durs à cuire[131],[132].
De même en 2000 avec le drame Les Chemins de la dignité de George Tillman Jr. qui déçoit la critique[135] et qui n’est qu’un succès commercial modéré[106]. Cependant, la comédie potache Mon beau-père et moi (Meet the Parents) connait un succès critique et commercial international, récoltant 330 000 000 $[132],[136],[137],[138]. Le long-métrage réalisé par Jay Roach lui permet de jouer une nouvelle fois de son image, en interprétant un beau-père vétéran dur à cuire martyrisant un Ben Stiller faisant son numéro de souffre-douleur[132],[137]. Lors de la 58e cérémonie des Golden Globes, il est une nouvelle fois nommé dans la catégorie du meilleur acteur dans un film musical ou une comédie[139].
Seul parvient à émerger le film de braquage The Score de Frank Oz, dont il partage l’affiche avec Edward Norton et Marlon Brando[144],[145]. L’acteur joue un cambrioleur sur le point de prendre sa retraite, tandis que Brando tient le rôle du receleur et ami de longue date de son personnage, qui lui propose un dernier coup, dans lequel participe un novice joué par Norton[144]. Le film marque la première collaboration entre De Niro et Brando, le premier jouant dans Le Parrain 2 (1974) une version plus jeune du personnage du second qui apparait dans Le Parrain (1972)[146]. Quant au jeune Norton, il est impressionné par le travail d’acteur de De Niro, qui l’inspire à en faire de même pour appréhender son personnage : « Bob… est tout simplement génial […] Il est sérieux et méticuleux et il a maintenu un niveau de discipline incroyablement impressionnant dans son approche du travail après tant d’années »[note 24],[144].
Parallèlement, il cofonde en 2002 le Festival du film de Tribeca avec Jane Rosenthal et Craig Hatkoff(en)[147]. Dans les cartons depuis plusieurs années, le festival est une réponse aux attentats du 11 septembre 2001 servant à soutenir le quartier new-yorkais de Tribeca comme le déclare Jane Rosenthal : « On avait toujours une excuse pour retarder le festival […] et là on s’est dit : il faut le faire, montrer que tout le quartier vit encore et peut créer des événements artistiques, attirer des gens. »[148].
En 2005, il joue dans le thriller fantastique Trouble Jeu de John Polson[155]. Dans ce projet qui est initialement prévu pour être dirigé par Albert Hughes, l’acteur incarne le père de la jeune Dakota Fanning qui doit gérer la réaction de cette dernière après la mort de sa mère[156]. Le film est éreinté par la critique[157],[158],[159].
L’année suivante, sa seconde tentative de réalisation est moins convaincante, sur le plan critique comme commercial[160],[161],[162]. Ainsi, il dirige l’ambitieux drame historique sur fond d’espionnage Raisons d’État (The Good Shepherd), écrit par Eric Roth[163]. Le film lui donne néanmoins la possibilité de diriger Matt Damon, Angelina Jolie, ou encore William Hurt[163]. De Niro s’octroie également un rôle dans le film, tandis que Joe Pesci sort de sa retraite pour apparaitre dans le film de son ami[163].
Il participe également au film Arthur et les Minimoys du français Luc Besson, qui a la particularité de mélanger des scènes en prise de vues réelles et en animation[164]. Le film est une adaptation des romans Arthur et les Minimoys de Besson et de Céline Garcia[164]. Il s’agit également d’une nouveauté dans le secteur d’animation français, puisque le budget atteint les 65 000 000 €[165]. Le film met en scène Freddie Highmore et Madonna dans les principaux rôles, tandis que De Niro interprète vocalement le père de cette dernière, qui s’avère être le roi du royaume souterrain dans lequel vivent les créatures[164]. La distribution secondaire est notamment complétée par David Bowie et Mia Farrow, ou encore par ses anciens camarades Chazz Palminteri et Harvey Keitel[166]. Malgré cette distribution, le film est peu apprécié à l’international, mais est sauvé par la presse française[167],[168],[169],[170],[166]. Enfin, il joue son propre rôle dans le sixième épisode de la deuxième saison de la sitcom britannique Extras de Ricky Gervais et Stephen Merchant[171].
Au début de l’année, les cinéphiles sont aux anges après avoir appris l’annonce d’un nouveau projet réunissant De Niro et Al Pacino, près de quinze après Heat[177]. Sous la direction de Jon Avnet, les deux anciens opposants forment ici un duo de policiers à la poursuite d’un tueur en série dans le thriller policier La Loi et l’Ordre (Righteous Kill) qui sort en 2008[177]. Malgré l’engouement, le film est un échec critique et commercial[178]. Il en est de même pour ses retrouvailles avec Barry Levinson qui passent inaperçues : la satire indépendante Panique à Hollywood (What Just Happened) sort dans un circuit limité de salles, malgré sa projection durant le Festival de Cannes 2008[179],[81],[180]. Le film adapte le livre What Just Happened? Bitter Hollywood Tales from the Front Line du célèbre producteur Art Linson, avec De Niro dans un rôle inspiré de ce dernier[180]. Le rôle peut faire écho à l’acteur et sa propre carrière, les deux cherchant à rebondir après plusieurs échecs successifs[180].
Son année 2011 poursuit sur cette lancée comme le montre le thriller d’action Killer Elite, avec Jason Statham et Clive Owen, qui est un nouvel échec critique et commercial[190],[191],[81]. Sa participation à la comédie romantique chorale Happy New Year, de Garry Marshall, est couronnée par un succès commercial de 142 000 000 $, mais une défection critique quasi-totale[192],[81]. Il accepte de tenir un second rôle de luxe dans le thriller de science-fiction Limitless, de Neil Burger, rare bouffé d’air frais dans un début de décennie compliqué[193]. Le film est porté par Bradley Cooper et met en scène ce dernier dans le rôle d’un écrivain souffrant du syndrome de la page blanche et qui découvre un produit pharmaceutique lui permettant de considérablement améliorer ses capacités intellectuelles[193]. De Niro campe quant à lui le rôle du redoutable homme d’affaires Carl Van Loon, qui comprend rapidement le potentiel du jeune homme et l’engage pour mener à bien une fusion[193]. Le film reçoit des critiques acceptables sans pour autant susciter de l’exaltation[81],[194]. Le film récolte 161 000 000 $ de recette[195]. Enfin, il apparait dans la comédie romantique italienne L’amour a ses raisons (Manuale d’amore 3) de Giovanni Veronesi, troisième volet d’une trilogie faisant suite à Leçons d’amour à l’italienne (2005) et Leçons d’amour à l’italienne 2 (2007)[196]. Le film dépeint trois histoires d’amour, De Niro étant au centre de l’une d’elles avec l’actrice Monica Bellucci[196]. Côté télévision, l’acteur fait de nouveau un bref passage dans son propre rôle dans le douzième épisode de la cinquième saison de la sitcom 30 Rock[197].
Avec des seconds rôles dans Happiness Therapy (2012) et Joy (2015), sa collaboration avec le cinéaste David O. Russell lui permet d’avoir quelques bouffées d’air durant les années 2010.
L’année 2012 marque le début d’une collaboration avec le cinéaste David O. Russell qui lui permet de regagner les faveurs de la critique.
En 2015, l’acteur retrouve le succès critique et commercial en jouant de nouveau d’une alchimie paternelle avec une jeune actrice : il accompagne Anne Hathaway dans la comédie Le Nouveau Stagiaire, écrite et réalisée par Nancy Meyers[223]. L’acteur septuagenaire joue le rôle d’un retraité veuf, qui lassé par sa situation, décide de reprendre un travail et devient stagiaire dans une entreprise de vente de vêtements par Internet, dirigée par Anne Hathaway, une patronne inexpérimentée et accaparée par sa position[224]. Dans ce choc des générations, l’acteur retrouve la valeur sûre Rene Russo, qui joue une masseuse[225]. Le long-métrage connait un joli succès commercial, récoltant 194 000 000 $ pour un budget de 35 000 000 $[226].
Il retrouve Russel pour le biopic Joy sur Joy Mangano, inventrice du balai–serpillière auto-essorant Miracle Mop, avec Jennifer Lawrence dans le rôle-titre[227]. L’acteur campe le père de cette dernière, ce qui lui permet d’hériter d’une partition plus développée par rapport au dernier film du réalisateur[227].
Il ne renonce pas pour autant à des projets plus ambitieux : en , il annonce ainsi qu’il va incarner le rôle du constructeur automobile Enzo Ferrari, dans un film qu’il va coproduire et qui pourrait intéresser Clint Eastwood pour assurer la mise en scène[232]. Mais en août de la même année, Michael Mann est annoncé à la réalisation d’un projet similaire, avec Christian Bale dans le rôle-titre[233]. Le projet n’avance pas.
En 2016, il renoue avec la comédie potache en tenant le rôle-titre de Dirty Papy (Dirty Grandpa), face à la vedette des adolescents Zac Efron, tous deux accompagnés par les seconds couteaux encore peu aiguisés, Aubrey Plaza et Zoey Deutch, et d’autres plus expérimentés comme Danny Glover dans le rôle d’un ami de son personnage[234]. Si le film récolte entre 94 000 000 $ et 105 000 000 $ pour un budget de 11 000 000 $-25 000 000 $, il est surtout décrit par de nombreuses critiques comme le pire film de l’année et de la carrière de l’acteur[235],[236],[237],[238],[234]. Robert De Niro revient aussi vers l’univers de la boxe pour Hands of Stone, de Jonathan Jakubowicz[239]. Délaissant exceptionnellement les gants, il prête ses traits au légendaire entraineur Ray Arcel, face à Édgar Ramírez qui incarne son élève Roberto Durán[239]. Afin de rendre hommage à l’acteur, le film est présenté au Festival de Cannes 2016[240]. Enfin, il est la tête d’affiche de la comédie dramatique The Comedian, de Taylor Hackford[241]. L’acteur campe un humoriste condamné à du travail d’intérêt général après une altercation avec un membre du public[241]. S’il a pour partenaires Leslie Mann, Danny DeVito ou encore Edie Falco, l’acteur retrouve également d’anciens partenaires, Harvey Keitel, Charles Grodin ou encore Billy Crystal[241]. Si certaines personnes s’attendent à voir l’acteur dans un rôle similaire à celui de La Valse des pantins, le magazine Variety compare plutôt le film à Panique à Hollywood, une autre satire de l’acteur qui n’a pas rencontré un bon accueil[241]. Globalement, le film est très mal reçu[81],[242].
En , l’acteur apparait dans la comédie Mon père et moi (About My Father) de Laura Terruso[271]. Le film écrit par Sebastian Maniscalco(en) et Austen Earl s’inspire de la relation père-fils de ce premier, qui partage par ailleurs l’affiche du long métrage avec De Niro[271]. Une nouvelle fois, la critique ne prend pas part à la blague[81],[272].
Aux côtés de son épouse de l’époque, Grace Hightower, en avril 2012, au Tribeca Film Festival.
En 1987, la journaliste Patricia Bosworth(en) écrit un article sur l’acteur pour le magazine Vanity Fair, tentant alors d’en apprendre plus sur « le roi de l’ombre »[25]. Si les divers témoignages de proches confirme que l’homme n’aime pas dévoiler sa vie privée, c’est probablement la dernière rencontre fortuite de la journaliste durant une manucure qui décrit le mieux l’acteur :
« Robert De Niro n’agit pas comme une star de cinéma. Une célébrité. C’est juste un homme poli, calme et d’apparence ordinaire. Et il ne dit jamais grand-chose. Au fond, je ne me souviens de rien de ce qu’il a dit. C’est moi qui ai parlé le plus. Il sait très bien écouter[note 26],[25]. »
En 1976, il se marie avec l’actrice américaine Diahnne Abbott[25]. Elle apparait dans trois de ses films, Taxi Driver, King of Comedy et New York, New York[25]. Le couple a un fils en 1976, Raphael De Niro(en) et De Niro adopte Drena, la fille de Diahnne, née d’un précédent mariage[283].
Puis, avec la mannequin et actrice Toukie Smith(en) ils ont, par mère porteuse, les jumeaux Julian et Aaron en 1995[283].
De Niro rencontre en 1987 Grace Hightower, une philanthrope, mondaine, actrice et chanteuse américaine, et l’épouse en 1997. Ils ont un fils, Elliot, né en 1998, autiste, ainsi qu’une fille, Helen, née d’une mère porteuse en [283],[284]. Le couple se sépare en 2018[285].
Alors âgé de 79 ans, il révèle en être le père d’un septième enfant[286].
Santé
En , le porte-parole de Robert De Niro annonce que son médecin lui a découvert un cancer de la prostate et que l’acteur devrait se rétablir complètement[287].
En , il fait l’objet d’une controverse en décidant de promouvoir une campagne anti-vaccination avec Robert Francis Kennedy Jr., récemment nommé par Donald Trump à la tête d’une commission pour vérifier la sûreté des vaccins[291]. En effet, lors d’une conférence de presse, les deux hommes décident d’offrir la somme de 100 000 $ à qui pourrait prouver que le vaccin contre la rougeole, la rubéole et les oreillons était totalement sans danger pour la santé[292]. Une telle attitude de la star réside dans le fait que De Niro est convaincu que l’autisme de son fils est imputable à un vaccin[293].
Lors de l’arrestation de l’homme d’affaires Peter Nygård pour crimes sexuels, il est exposé que De Niro était un de ses proches et aurait visité sa luxueuse résidence, « Nygård Cay » aux Bahamas, à plusieurs reprises[296].
Business
En 1988, Robert De Niro fait la rencontre du restaurateur Nobu Matsuhisa[297]. Aux alentours de 1989, l’acteur lui propose d’ouvrir un restaurant à Tribeca, mais Matsuhisa décline l’offre afin de s’occuper de son restaurant qui vient d’ouvrir à Los Angeles[297]. Quatre ans plus tard, Matsuhisa accepte et signe un contrat avec l’acteur, le restaurateur Drew Nieporent(en) et l’investisseur Meir Teper(en)[297]. Le premier restaurant Nobu(en) ouvre en 1994[298].
Durant les répétitions avec l’acteur sur le tournage de Taxi Driver (1976), la jeune Jodie Foster — à gauche en 1974 —, découvre une nouvelle manière d’appréhender son rôle[29]. De Niro applique avec elle un aspect différent de la méthode, d’après ses cours avec Stella Adler[300],[301].
Plutôt discret dans sa communication, De Niro est généralement considéré comme un fin observateur psychologique des personnages et un grand perfectionniste[25]. Il est également connu pour son engagement dans ses différents rôles et son travail d’interprétation physique de ses personnages : il prend près de 30 kg et apprend à boxer pour son interprétation de Jake LaMotta dans Raging Bull ; il apprend également à jouer du saxophone pour New York, New York[25]. En outre, pour Taxi Driver, il se prépare en conduisant un taxi de nuit des semaines durant[25],[27].
Décrit comme un caméléon par le cinéaste Brian De Palma, De Niro préfère rester dans la peau de son personnage même quand il ne tourne pas, Sandra Bernhard de la La Valse des pantins le décrivant comme « totalement concentré, totalement absorbé par le rôle »[25]. Cette méthode a été une grande découverte et une inspiration pour Jodie Foster qui a répété ses scènes avec l’acteur durant le tournage de Taxi Driver[29].
Réalisateur de Le Dernier Nabab, Elia Kazan donne également son ressenti sur l’acteur : « De Niro est plusieurs choses à la fois. C’est un homme de la rue et pourtant c’est un homme très sensible. Il y a beaucoup de monde en lui. Il trouve la libération et l’épanouissement en devenant d’autres personnes. C’est son plaisir, sa joie. Il a trouvé sa solution pour vivre dans le travail. Je n’ai jamais vu un gars qui travaillait aussi dur. C’est le seul acteur que je connaisse qui m’a téléphoné le vendredi et m’a dit : « Travaillons ensemble tout le week-end ». »[note 27],[25].
Comme tous les acteurs qui ont suivi les cours de Stella Adler, il s’est toujours efforcé de « défictionnaliser » la fiction[301].
Comparaison avec ses homologues
Robert De Niro est souvent comparé à Al Pacino, un acteur de la même génération que lui avec qui il a en commun des origines italiennes et une formation à l’Actors Studio[302]. Ils tiennent tous deux la vedette du Parrain 2, mais n’ont dans ce film aucune scène en commun, leurs personnages évoluant à des époques différentes. Les deux comédiens jouent véritablement ensemble en 1995 dans Heat de Michael Mann, où ils partagent cette fois-ci deux scènes, la première étant considérée comme un grand moment du cinéma[110]. Ils se retrouvent en 2008, en tandem cette fois-ci, dans La Loi et l’Ordre de Jon Avnet puis en 2019 dans The Irishman de Martin Scorsese[302]. Pour la sortie de ce dernier, le site Allociné décide de comparer la carrière de chacun, notant par exemple qu’ils ont joué le Diable[302]. À partir des années 2000, ils sont plus présents dans des comédies dites « potaches »[302]. Durant cette décennie, Al Pacino entame une collaboration sporadique avec la chaîne HBO, alors que De Niro apparait dans The Wizard of Lies, un téléfilm diffusé sur la chaîne en 2017[302].
En rédigeant sa critique du film Mean Streets, Pauline Kael compare l’acteur à Dustin Hoffman : « De Niro fait quelque chose comme ce que Dustin Hoffman faisait dans Midnight Cowboy, mais en plus sauvage ; ce gamin ne se contente pas d’agir – il s’envole dans les vapeurs »[note 28],[26].
1979 : L’Échange (The Swap) de Jordan Leondopoulos : Sam Nicoletti (plusieurs scènes du film sont issues du film Le Contrat (1969) du même réalisateur)
Colosse du théâtre et second rôle familier des écrans, le comédien Jacques Frantz double l’acteur américain dans près de soixante-dix œuvres en près de 35 ans[307],[308].
↑Citation originale : When I was around 18. I was looking at a TV show — a soap opera or some weekly western — and I said if these actors are making a living at it, and they’re not really that good, I can’t do any worse than them. […] When I got into it more seriously, I saw how far I could go, what you could do. That it wasn’t what I thought when I was younger. But I remember saying that to myself, watching those black-and-white TV shows.
↑Citation originale : De Niro proves himself to be one of the best and most likable young character actors in movies with this performance.
↑Citation originale : In Marty, Bobby found the one person who can talk for fifteen minutes on how a character ties a knot! I’ve seen them go for ten hours at a stretch.
↑Citation originale : they know each other so well that they can say just two or three words or juste one sentence, and the other will understand it.
↑Citation originale : I didn’t want to do an imitation of Brando[…]but I wanted to make it believable that I could be him as a young man. It was like a mathematical problem.
↑Citation originale : De Niro has the physical audacity, the grace, and the instinct to become a great actor—perhaps as great as Brando
↑Citation originale : I doubt if he knows how good he is.
↑Citation originale : Robert de Niro decided to sort of take me under his wing and he would continually take me out to coffee shops and run the lines with me, sort of in character, and then do improvs, which I didn’t 100 percent understand, but by the time we really started shooting, I really understood what he had done. He had really made me understand what it was to create a character, something I didn’t know at 12 years old. And it changed, it definitely changed my life. I remember going home to the hotel room in New York City […] and just being on fire; really feeling like, wow, I had discovered something. That this movie business world, and acting, really could be more challenging than I thought it was.
↑Citation originale : I’d leave the studio around twelve midnight, and I could hear the wail of a saxophone. As a musician he was fabulous. That’s the way he found the character—through the music.
↑Citation originale : I always look at everything[…]The important thing is to think it all out. Sometimes I write down my ideas. The main thing is to put in the time – even if it’s boring. Then you know you’ve connected every possibility when you make your choices[…] I spent a lot of time in Mingo Junction and Steubenville, Ohio, soaking up the environment. I also tried to become as close to becoming a steelworker as possible without actually working a shift at the mill. I’d have done that too, except none of the steel mills would let me do it. They let me visit and watch but not actually get involved. What was great was that no one recognised me as being an actor
↑Citation originale : when you engage Robert De Niro you are not only getting one of the finest screen actors ever, but you are working with an actor who cares about the whole picture – and that includes his fellow cast members. He knew every actor in New York.
↑Citation originale : Mr. De Niro and Mr. Duvall are at the peak of their talents here. They work so beautifully together it sometimes seems like a single performance, two sides of the same complex character.
↑Citation originale : one of the best, most complex and most flamboyant performances of his career.
↑Citation originale : is all right here until he opens his mouth.
↑Citation originale : « Mr. De Niro rarely takes on characters […] relatively ordinary, as David Merrill […] Yet this character’s very humanity, fully captured in Mr. De Niro’s fine and affecting performance, is what makes his crisis of conscience so compelling. »
↑Citation originale : « It takes a long time to get it done, to get the financing, no matter who’s in it. It’s very, very arduous, a daunting, uphill battle. I have so much respect for people like Marty, or any director who only directs — all the battles over this and that, everybody giving their opinion. And you gotta listen to them. Because they paid for it. […] There’s a quote: You gotta be part gangster. You’ve got to fight for what you want. You’ve got to listen to everybody’s opinion, then finally at the end of the day, you have to do what you feel is right. »
↑Citation originale : « A Bronx Tale is a very funny movie sometimes, and very touching at other times. It is filled with life and colorful characters and great lines of dialogue, and De Niro, in his debut as a director, finds the right notes as he moves from laughter to anger to tears. What’s important about the film is that it’s about values. About how some boys grow up into men who can look at themselves in the mirror in the morning, and others just go along with the crowd, forgetting after a while that they ever had a choice. »
↑Citation originale : « Two of the most formidable stars of the last two decades »
↑Citation originale : « sees the part as a construction, working incredibly hard, detail by detail, bit by bit building character, as if he were I. M. Pei »
↑Citation originale : « Bob … is just great[…]He’s serious and meticulous and he’s maintained just an incredibly impressive level of discipline about his approach to the work after so many years »
↑Citation originale : « it also provides a reminder of what a resourceful, unpredictable and subtle actor Mr. De Niro can be. »
↑Citation originale : « Robert De Niro doesn’t act like a movie star. A celebrity. He’s just a polite, quiet, ordinary-looking guy. And he never said much. When you come right down to it, I don’t remember anything he said. I did most of the talking. He sure is a great listener. »
↑Citation originale : De Niro is a number of things all at once. He’s a street person and yet he’s a highly sensitive man. There are a lot of people in him. He finds release and fulfillment in becoming other people. That is his pleasure, his joy. He’s found his solution for living—in work. I’ve never seen a guy who worked as hard. He’s the only actor I’ve ever known to phone me on Friday and say, ‘Let’s work all weekend together’.
↑Citation originale : De Niro does something like what Dustin Hoffman was doing in Midnight Cowboy, but wilder; this kid doesn’t just act – he takes off into the vapors.
↑Interview Dany Jucaud, « Martin Scorsese, Netflix, Donald Trump… Robert De Niro se confie à Paris Match », Paris Match, (lire en ligne [archive], consulté le ).
↑Anthony D’Alessandro, « ‘Amsterdam’ Stands To Lose Near $100 Million: What This Means For Upscale Movies », Deadline Hollywood, (lire en ligne [archive], consulté le )