The madman theory / La théorie du fou : Donald Trump president

Le Groenland,  le Canada, le canal de Panama, le golfe du Mexique et  Gaza. Le président des États-Unis Donald Trump aime les déclarations chocs.

Il  sait pertinemment que les media et le monde entier vont en parler et que ses « idées » n’ont quasiment aucune chance de se réaliser (?)

C’est une stratégie de communication : la madman theory, la « théorie du fou ».

C’est  Richard Nixon qui l’a introduite pendant la Guerre froide, lors de la guerre du Vietnam. Le principe est frappant : « en politique étrangère, un dirigeant imprévisible et irrationnel a l’avantage dans les négociations internationales »,

Si on pense qu’un fou peut faire n’importe quoi s’il n’obtient pas ce qu’il veut, la menace d’escalade est plus réelle, donc il faut lui concéder davantage pour désamorcer le conflit .

Mais cette technique n’est pas infaillible : le fait de paraître fou apporte des avantages limités dans les négociations, &  érode un peu la stature  d’un dirigeant et  la politique étrangère  long terme du pays,.

 « Trump utilise délibérément la théorie du fou », car « de nombreux pays de l’OTAN sont  habitués à un engagement américain très prévisible », . « L’imprévisibilité et la submersion participent de la perte de repère ».Cela permet de contrôler et manipuler plus facilement. Le chaos profite toujours à celui qui l’organise ».

Donald Trump a fait de la déclaration choc un mode de gouvernance. Son discours ne cherche pas la véracité mais l’impact immédiat. Il n’essaye pas de convaincre par des faits, il impose une narration .

L’effet émotionnel et la sidération provoqués par ces formules chocs  sont taillés pour les réseaux sociaux et les médias, qui privilégient les formats courts et frappants, elles deviennent virales et leur résonance dépasse leur contenu , renforçant la puissance politique de leur interlocuteur .

C’est  la stratégie de communication que D.Trump a commencé à utiliser au début de son premier mandat en 2016, théorisée par son principal conseiller politique Steve Bannon. Il l’a appelée : « flood zone with shit », ( inonder la zone avec de la m…).  : inonder les gens d’informations, de scandales, de contenus absurdes, etc… pour que les opposants politiques soient dépassés et ne sachent plus où donner de la tête.

Les médias n’ont pas le temps d’analyser . Pendant qu’ils débattent & vérifient les informations, on prend d’autres mesures, on passe à la déclaration suivante et tout le monde a oublié .

C’est une stratégie adaptée aux réseaux sociaux. « En profitant de la vélocité et de la complexité , S. Bannon théorisé l’art d’utiliser les médias pour casser le débat public », explique  Par exemple, comme le rappelle, l’annonce de Trump concernant Gaza est intervenue alors même que l’opposition s’est soudainement mobilisée pour combattre la prise de contrôle hostile du gouvernement par lui et Elon Musk.

Les stratégies communicationnelles servent à être visible, entendu et repris, à exister médiatiquement puisque les médias marchent à l’indignation .

Le président Trump apparait impulsif : il lance des choses, regarde leur effet, si c’est populaire ou pas, & fait machine arrière en fonction. 

Il faut mentionner le concept de la fenêtre d’Overton : en promouvant délibérément des idées dites « extrêmes », l’opinion publique sera plus encline à accepter, par effet de comparaison, des idées qui étaient jusqu’alors considérées comme « marginales ».

D.Trump,  S.Bannon et des stratèges populistes usent d’une combinaison puissante de ces mécanismes. « Ils lancent une controverse outrancière et les médias s’en emparent, créant une surexposition et un biais de disponibilité. L’idée est répétée encore et encore, activant l’effet de simple exposition et ce qui était extrême devient matière à  débat.

Utiliser une stratégie de communication est  normal en politique. L’important est d’en avoir conscience pour ne pas se faire manipuler.

Donald Trump utilise avec intelligence les codes des médias et des réseaux sociaux et, l’impact de ses déclarations outrancières sert ses intérêts.

Provisoirement (?)…..

sources : The Conversation , /la chercheuse américaine Natasha Lindstaedt
 Denis Lacorne, spécialiste de l’histoire politique des États-Unis,
 Roseanne McManus, professeure de sciences politiques de l’Université de Pennsylvanie,
 Trump and a Post-Truth World, Ken Wilber