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Les renseignements turcs = le cabinet-conseil des dirigeants de la Syrie

Auprès des nouvelles autorités syriennes, la Turquie joue le rôle de cabinet de conseil »

L’arrivée au pouvoir d’Ahmed Al-Charaa à Damas fournit au président turc l’occasion de mettre en avant une formation islamiste autre que la sienne .

C’est un dirigeant islamiste sunnite,  influencé par l’AKP, qui a pris le pouvoir à Damas .

Leur ambition est de montrer au monde qu’un mouvement social islamiste peut se transformer en un parti politique, se présenter à des élections compétitives et gouverner.

C’est une manière de placer l’AKP au centre de l’échiquier régional. 

Concrètement, Ankara procure des modes d’emploi sur la manière de se comporter et de se positionner sur la scène politique intérieure et internationale : une sorte de cabinet de conseil pour partis islamistes.

Cela fait neuf ans qu’Ahmed Al-Charaa est en contact permanent avec l’AKP par l’intermédiaire de Hakan Fidan, l’ancien chef du renseignement turc, aujourd’hui ministre des affaires étrangères. Ce dernier a été le premier haut dirigeant à se rendre à Damas [le 22 décembre 2024], après la fuite de Bachar Al-Assad. Quelques jours plus tard, Ibrahim Kalin, l’actuel chef du renseignement turc, a été emmené à la grande mosquée des Omeyyades, en voiture, par Al-Charaa en personne. 

En politique intérieure, la tactique que préconise Ankara consiste à trouver des alliances au sein même du pays. De fait, les dirigeants de Hayat Tahrir Al-Cham [HTC] sont en négociations permanentes avec les minorités chrétiennes, ils ont aussi rencontré les autorités druzes. Ce n’est pas rien pour une formation issue du djihadisme.

C’est sous l’influence turque que le chef de la diplomatie syrienne, Al-Chibani, a effectué, le 2 janvier, sa première visite officielle en Arabie saoudite. 

La Turquie, dont le renseignement est très pointu dans la zone, a conscience que pour qu’un gouvernement islamiste puisse survivre dans le monde arabe, celui-ci doit prendre très au sérieux Riyad et tenter d’en rallier les dirigeants à sa cause. Non sans succès pour l’instant : l’Arabie saoudite a appelé [le 12 janvier] à lever les sanctions internationales contre la Syrie. C’est aussi une visite de Hakan Fidan à Abou Dhabi, le 6 janvier, qui a préparé la visite d’Al-Chibani aux Emirats arabes unis. Erdogan, lui, a téléphoné au président, Mohammed Ben Zayed Al Nahyane, lui enjoignant de « donner sa chance à HTC ».

On verra …..

sources : le Monde , JP. D.