Le Premier ministre d’Arménie (orientale) était à Paris : le directeur de NAM , Ara Toranian écrit ses interrogations qu’il n’a pas pu lui dire….
La communication de Nikol Pachinian, relève plus que jamais du monologue que du dialogue démocratique.
Le Premier ministre arménien a délivré ses oracles, devant un auditoire trié sur le volet, expurgé de tout contradicteur, ou presque.
Les représentants de la FRA, pourtant l’une des principales forces organisées de la diaspora, ont été soigneusement écartés. Une absence qui simplifie l’exercice : il est toujours plus aisé dans ses conditions d’éreinter un adversaire politique….
L’heure est aux courtisans. Non aux courants…
Aucun débat, pas de droit de relance, une parole unilatérale, à prendre ou à laisser.
A la réunion organisée à Paris, le 10 février, les participants ont dû, au préalable, abandonner leurs téléphones et leurs montres, se garder de toute prise de notes. Seule la communication officielle du gouvernement était autorisée à rendre compte de l’événement. Cerise sur le gâteau : l’absence de traduction pendant une partie de la réunion, erreur qui n’a été réparée qu’à la demande d’Ara Toranian Comme s’il allait de soi que les Français invités maîtrisent l’arménien oriental ! Et comme si Pachinian lui-même avait besoin de comprendre ce qu’ils auraient à lui dire! Que l’on nous autorise à relever cette absence de courtoisie d’un côté, et cette tendance à la suffisance de l’autre ! …
Le directeur de la rédaction de NAM (Ara Toranian), aurait pourtant aimé pouvoir relancer le Premier ministre et ancien journaliste sur les questions suivantes. .. :
Une bonne fois pour toutes, la défense de la cause arménienne en diaspora constitue-t-elle un atout ou un fardeau pour l’Arménie ?…
L’alternative qu’il érige entre l’Arménie réelle et l’Arménie rêvée, ne constitue-t-elle pas le prototype même du faux débat visant à disqualifier ses adversaires politiques, l’Arménie n’ayant jamais émis de revendication territoriale à l’égard de ses voisins, y compris durant les 30 années pendant lesquelles l’opposition actuelle était au pouvoir ?….
Pachinian s’imagine-t-il pionnier du pragmatisme et de la Realpolitik ? Comme si avant lui, Ter-Petrossian n’avait pas tenté de renouer avec Ankara, Kotcharian n’avait pas été soupçonné d’envisager un échange entre l’Artsakh et Meghri, et que les protocoles arméno-turcs de 2008 n’avaient jamais existé ? Croit-il vraiment être le premier à se confronter aux exigences de la raison d’État ? Et prend-il tous les autres pour de simples « rêveurs » ?
Si sa priorité est la sécurité de l’Arménie, pourquoi s’acharner à rompre les amarres avec la Russie, qui fut, bon gré mal gré, son rempart face au panturquisme ?
Quelle est dans cette orientation diplomatique, la part de gages donnée à l’Occident, et quelles garanties a-t-il obtenu en retour pour sa défense ? Si la sécurité est l’horizon indépassable du pays, la Révolution de Velours, en nous mettant en délicatesse avec Moscou, ne constituait-elle pas une grave imprudence ?…
Pourquoi, depuis son accession, a-t-il multiplié les provocations envers la Russie, tout en se montrant d’une docilité déconcertante face à la Turquie ? S’imagine-t-il capable de semer la zizanie entre l’Azerbaïdjan et la Turquie, deux Etats pour une même nation ?
Pourquoi avoir adhéré à la CPI (Cour pénale Internationale), dans un défi ouvert à Vladimir Poutine, si c’est pour renoncer aujourd’hui à toute poursuite contre l’Azerbaïdjan ?….
Pourquoi ce travail de sape contre tous les piliers de la nation arménienne : son histoire, son église, sa diaspora, et même le Fonds arménien, tout y passe.
Où allez-vous, M. Pachinian, où conduisez-vous le pays ?
sources : Ara Toranian, JP D.
photo : D.R.