Que signifiait être un Arménien ottoman au début du XXe siècle ? Où sont nées les idées de nation et où ont-elles mené ? Comment ces idées ont-elles été accueillies par les Arméniens qui se considéraient comme des sujets loyaux d’un empire multiethnique et avaient prêté allégeance à un souverain musulman ? Cette conférence aborde ces tensions en se concentrant sur la célébration du 1 500e anniversaire de l’invention de l’alphabet arménien. Le dernier week-end d’octobre 1913, des parlementaires arméniens ottomans, des dignitaires de l’Église, des enseignants, des écrivains, des compositeurs de musique et la société en général se sont réunis pour organiser des festivités extravagantes dans tout l’empire en l’honneur de leur précieux système d’écriture. Pour eux, cet événement de deux jours représentait une célébration de leur maturité et de leur confiance en tant que nation moderne. Mais il soulevait également des questions gênantes sur leur avenir dans l’État ottoman, alors qu’il était secoué par l’instabilité politique, la guerre et un sentiment anti-chrétien croissant manifesté par une population musulmane profondément lésée. L’avenir des peuples du Moyen-Orient au XXe siècle sera défini à jamais par ce que signifie être membre d’une nation et d’un empire, et par ce que ces catégories représentent en fin de compte pour la coexistence et la stabilité.
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