J’ai quitté Alep depuis plus de 50 ans. Mais ma culture et mon engagement dans la vie arménienne sont largement influencés par mon éducation alépine. La communauté y a une histoire de plus de 1000 ans du fait de la proximité avec la Cilicie (la région méditerranéenne de Kessab à la frontière de la Turquie : la ville et ses nombreux villages verdoyants, sont les derniers vestiges du royaume arménien de Cilicie). Après le génocide et la déportation des Arméniens dans le désert syrien, les rescapés se sont réfugiés en Syrie, dans les régions frontalières avec la Turquie, à Homs et surtout et à Alep, la ville chrétienne par excellence. Les grands parents rescapés du génocide des Arméniens de France sont tous passés par Alep.
Un réseau associatif dense, et un grand nombre d’établissements scolaires arméniens relevant de l’enseignement privé, de la maternelle au secondaire, a permis la perpétuation de l’éducation, de la langue, de la culture et de l’engagement arméniens de plusieurs générations.
En dehors de rares épisodes, la communauté arménienne a toujours joui d’une sympathie et d’un respect auprès de la population et des pouvoirs successifs, dans la mesure où elle n’intervenait pas dans les questions politiques et militaires du pays, secoué longtemps par une certaine instabilité politique.
Hafez el Assad puis son fils Bachar, ont confirmé cette attitude. Progressivement affaibli par le conflit avec Israël puis par la guerre civile meurtrière, le pays ne compte plus actuellement qu’une petite communauté de 10-15000 Arméniens surtout à Alep, Lattaquieh, et quelques milliers à Qamichli. ( je ne suis pas sûre des chiffres). Au cours de la guerre civile, les quartiers arméniens ont été pris d’assaut par les rebelles islamistes. Les Alepins ont subi de grandes pertes économiques : on a dit que la Turquie, par le biais de ses proxis, a démantelé et transporté en Turquie, les moyens de production des usines de la partie occupée de la ville par les milices islamistes, et dont beaucoup appartenant aux Arméniens.
Les Arméniens de Syrie ont servi longtemps de réservoir d’enseignants de l’arménien pour les communautés dépourvues de système scolaire armenien. C’est une communauté très structurée et très attachée à ses traditions.
source : Hilda Tchoboian / www.armenews.com
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