Les relations entre les coprésidents du CCAF et le Haut-Commissariat à la diaspora (HCD) sont particulièrement tendues. En septembre dernier, la deuxième rencontre Arménie – Diaspora, organisée sous l’appellation de « Sommet arménien mondial » par le Haut-Commissaire à la diaspora, Zareh Sinanian, a rassemblé environ un millier de personnes d’horizons différents. Les coprésidents du CCAF étaient absents de la réunion. La participation des Franco-Arméniens a été de 120 personnes environ, soit deux fois plus importante que lors de la rencontre du premier Sommet, en 2022. C’était la participation la plus importante en termes de pourcentage représentant, selon l’évaluation du HCD, la communauté la mieux organisée. Et cette communauté a été la seule parmi toutes pour laquelle une rencontre avec le Haut-Commissaire de la Diaspora était prévue dans le programme général.
Avant le sommet, plusieurs réunions en ligne ont eu lieu, à l’initiative du maire adjoint de Vienne, Levon Sakunts, afin d’échanger et de développer divers projets de coopération. Lors du sommet, il a été décidé d’organiser une réunion intermédiaire France-Arménie dans un format plus restreint afin de discuter des propositions des Arméniens de France et des pays européens francophones.
Et justement, le 14 décembre, profitant du retour du HCD Zareh Sinanian d’une visite aux États-Unis, le Collectif France-Arménie, nouvellement constitué, et animé par Lévon Sakounts, a initié, à l’Hôtel Warwick Paris, une réunion dont le but principal était de discuter des résultats du 2e sommet mondial arménien et de jeter les bases de cette nouvelle plateforme de coopération avec le Haut-commissaire.
Une quarantaine de personnes ont participé à cette réunion. Le sociologue Alain Navarra-Navassartian, en tant qu’invité principal, a fait des observations préliminaires sur le rôle et l’importance des diasporas afin de créer une base de discussion avec Zareh Sinanian. La première observation concernait la transition du concept d’une Diaspora unique vers des Diasporas multiples nécessitant de développer des tactiques et des stratégies différenciées sur le terrain. Deuxièmement, il a évoqué les conséquences graves du manque de politique culturelle au sein de la diaspora franco-arménienne, qui se traduit par la fragmentation de la communauté et l’absence d’un marqueur collectif d’identité. Il a souligné aussi le manque de dialogue et de communication au sein des diasporas et l’absence de plans à long terme, ce qui privilégie les actions philanthropiques, et limite les plans stratégiques. Sur ce point, la remarque s’adresse surtout au gouvernement arménien quant aux perspectives qu’il a pour la mise en œuvre des plans à long terme.
Les questions soulevées par les participants étaient aussi nombreuses que précises, ce qui permet de conclure deux choses : la première est qu’il est nécessaire de revoir les relations entre l’Arménie et la diaspora, par l’instauration d’un dialogue ouvert, pour lequel la recherche de nouveaux formats s’impose. Le nombre de participants importe peu, l’essentiel étant la qualité du dialogue, de l’écoute et la mise en œuvre de projets concertés. Et enfin, les Sommets mondiaux arméniens s’adressant aux particuliers et privilégiant les initiatives individuelles, ignorent complètement les organisations établies, ce qui vient accentuer l’une des caractéristiques des Diasporas arméniennes qui est la faiblesse organisationnelle. En fin de compte, cette réunion parisienne fut un bel exemple d’échange et d’écoute.
J. Tch. ■
source : Nor Haratch
photo : D.R.