A Damas sans Asma ni Bachar al-Assad , la vie reprend son cours
La fin de plus de 50 ans de règne du clan Assad.
Dans ce quartier à majorité chrétienne, les cafés sont bondés, certains fument la chicha, d'autres jouent aux cartes.
Le couvre-feu imposé aux habitants de la capitale porté de 17h (5pm) à 21h00 h (18H00 GMT) jusqu'au lendemain matin.
Dans un marché populaire de Bab Srijé, dans le centre de la capitale syrienne, les habitants respirent.
Elle s'est aventurée hors de chez elle, avec son mari, pour la première fois depuis la chute du président syrien . Elle sourit en regardant les vendeurs à la criée et les clients.
"Il y a une bonne activité, on doit bien vivre après tout", dit-elle. "On était inquiets, mais depuis dimanche, nous n'avons plus peur".
Elle avait été arrêtée en 2015 par les forces gouvernementales. Avant d'ajouter: "Nous, les Syriens, on aime la vie, et la vie continue, j'espère que l'avenir sera meilleur pour les jeunes".
source : media
photo : drapeau
La chute du régime Assad, aussi appelé Syrie baasiste, survient le après qu'il a commencé à s'effondrer à la suite des offensives majeures de l'opposition syrienne menée par l'organisation Hayat Tahrir al-Cham, au cours de la guerre civile syrienne qui a débuté en 2011. La chute de Damas marque la fin du règne de la dynastie Assad, qui avait imposé à la Syrie une dictature héréditaire depuis la « Révolution correctrice » menée par Hafez el-Assad en 1970.
Son fils et successeur Bachar el-Assad fuit la capitale à bord d'un avion dans la nuit du 7 au 8 décembre1. Les rebelles syriens déclarent leur victoire à la télévision d'État, tandis que le ministère russe des Affaires étrangères annonce la démission d'Assad et son départ de Syrie2. Le 8 décembre, la Russie annonce que l'ex-dictateur et sa famille sont à Moscou où ils bénéficient de l'asile « humanitaire ».
Bachar el-Assad est le dernier chef d'État à être renversé par la vague des printemps arabes, après le Tunisien Zine el-Abidine ben Ali, l'Égyptien Hosni Moubarak et le Libyen Mouammar Kadhafi (exécuté) en 2011, le Yéménite Ali Abdallah Saleh (exécuté) en 2017, et le Soudanais Omar el-Bachir en 20183.
La dynastie Assad
Fondation du régime
La famille el-Assadnote 1, également connue sous le nom de dynastie Assad4, est une famille politique syrienne qui dirige la Syrie depuis que Hafez al-Assad est devenu président de la Syrie en 1971 avec le parti Baas syrien. Après sa mort en juin 2000, son fils Bachar al-Assad lui succède5,6,7,8.
Hafez al-Assad a construit son régime comme une bureaucratie marquée par un culte de la personnalité particulier, inhabituel dans l’histoire syrienne moderne. Des images, des portraits, des citations et des éloges d'Assad sont affichés partout, des écoles aux marchés publics et aux bureaux du gouvernement ; et Hafez al-Assad est appelé le « Leader immortel » et « al-Muqaddas (le Sanctifié) »9 dans l'idéologie officielle assadiste. Hafez a réorganisé la société syrienne sur une base militariste et a constamment invoqué la rhétorique conspiratrice sur les dangers des complots soutenus par l'étranger et encouragés par les partisans de la cinquième colonne, et a promu les forces armées comme un aspect central de la vie publique10,11,12.
Depuis la prise du pouvoir par Hafez el-Assad en 1970, la propagande d'État a promu un nouveau discours national fondé sur l'unification des Syriens sous « une seule identité baasiste imaginaire », ainsi que sur l'assadisme13. Les paramilitaires fervents et loyalistes connus sous le nom de Shabiha (fantômes) divinisent la dynastie Assad à travers des slogans tels que « Il n'y a pas d'autre Dieu que Bachar ! » et mènent une guerre psychologique contre les populations non-conformistes14.
Bachar el-Assad
Après la mort de Hafez, le culte de la personnalité a été repris par son fils et successeur Bachar el-Assad, salué par le parti comme le « Jeune leader » et « l'espoir du peuple ». Fortement influencée par le modèle de la dynastie nord-coréenne Kim, la propagande officielle attribue des traits divins à la dynastie Assad et vénère les patriarches Assad comme les pères fondateurs de la Syrie moderne10,11,12.
En 2011, les États-Unis, l'Union européenne et la majorité de la Ligue arabe ont appelé Assad à la démission à la suite de la répression des manifestants du Printemps arabe lors des événements de la révolution syrienne, qui ont conduit à la guerre civile syrienne. La guerre civile a fait environ 580 000 morts, dont au moins 306 000 non-combattants. Selon le Réseau syrien des droits de l’homme, les forces pro-Assad ont causé plus de 90 % de ces décès civils15. Le gouvernement Assad a perpétré de nombreux crimes de guerre au cours de la guerre civile syrienne, note 2 et l'armée d'Assad, les Forces armées arabes syriennes, a également mené plusieurs attaques avec des armes chimiques21. L’attaque chimique la plus meurtrière a été une attaque au gaz sarin à Ghouta le 21 août 2013, qui a tué entre 281 et 1 729 personnes.
En décembre 2013, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Navi Pillay, a déclaré que les conclusions d’une enquête de l’ONU impliquaient Assad dans des crimes de guerre. Les enquêtes menées par le Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU et l’IIT OIAC-ONU ont conclu, respectivement, que le gouvernement Assad était responsable de l’attaque au sarin de Khan Cheikhoun en 2017 et de l’attaque chimique de Douma en 2018. Le 15 novembre 2023, la France a émis un mandat d’arrêt contre Assad pour l’utilisation d’armes chimiques interdites contre des civils en Syrie22. Assad a catégoriquement nié ces accusations et a accusé des pays étrangers, en particulier les États-Unis, de tenter de provoquer un changement de régime23.
Prise de pouvoir par l'opposition
Évolution rapide de la situation à l'automne 2024
Le 7 décembre 2024, les forces de l’opposition ont pris le contrôle total de Homs après environ vingt-quatre heures d’engagement militaire concentré. L’effondrement rapide des défenses gouvernementales a entraîné le retrait précipité des forces de sécurité, qui ont détruit des documents sensibles au cours de leur retraite. Cette prise a permis aux forces insurgées de prendre le contrôle d'infrastructures de transport essentielles, en particulier de la jonction autoroutière reliant Damas à la région côtière alaouite, où se trouvaient à la fois la base de soutien d'Assad et les installations militaires russes24.
Les forces du Hezbollah, alliées à Assad, se sont retirées de la ville voisine d'al-Qusayr, évacuant environ 150 véhicules blindés et des centaines de combattants. La réduction du soutien des alliés clés, y compris l'implication réduite de la Russie en raison de ses efforts sur son invasion de l'Ukraine, et l'engagement simultané du Hezbollah dans le conflit avec Israël, sont censés contribuer à l'affaiblissement de la position du régime24.
La prise de contrôle de Homs par les forces de l'opposition a provoqué de nombreuses célébrations publiques, les habitants participant à des manifestations de rue. Les participants ont scandé des slogans anti-Assad, notamment : « Assad est parti, Homs est libre » et « Vive la Syrie, à bas Bachar al-Assad », ont retiré les symboles du régime, dont des portraits du Président Assad, tandis que les combattants de l'opposition célébraient la victoire, notamment en tirant des coups de feu24.
Le 7 décembre, les rebelles syriens ont annoncé qu'ils avaient commencé à encercler Damas après avoir conquis les villes voisines, le commandant rebelle Hassan Abdel Ghani déclarant que « nos forces ont commencé à mettre en œuvre la phase finale de l'encerclement de la capitale Damas »25. Les rebelles ont commencé à encercler la capitale après avoir pris Al-Sanamayn, une ville située à 20 km à l'entrée sud de Damas26. Dans la soirée, les forces progouvernementales avaient quitté les villes de la périphérie de Damas, notamment Jaramana, Qatana, Mouadamiyat al-Sham, Darayya, Al-Kiswah, Al-Dumayr, Deraa et les sites proches de la base aérienne de Mezzeh27.
L'armée syrienne a tenté de maintenir l'ordre public par le biais de programmes diffusés par les médias d'État, exhortant les citoyens à ignorer ce qu'elle qualifie de « fausses nouvelles » visant à déstabiliser la sécurité nationale. Les dirigeants militaires ont assuré à la population leur engagement continu à défendre le pays, même si leur capacité à le faire semblait de plus en plus limitée. Les unités de reconnaissance de l'opposition ont pénétré les défenses de la capitale, établissant des positions dans des endroits stratégiques de la ville. Des équipes d'opérations spéciales ont mené des recherches pour retrouver le Président Assad à Damas, mais leurs efforts pour le localiser se sont avérés infructueux28.
Entrée des rebelles à Damas
Sur la place principale de Jaramana, les manifestants ont démonté une statue[Quand ?] de Hafez el-Assad. Dans la soirée, les forces pro-gouvernementales se seraient retirées de plusieurs banlieues où des manifestations de grande ampleur ont éclaté28.
Selon certaines informations[Par qui ?], de hauts responsables[Lesquels ?] du régime d'Assad à Damas auraient engagé des négociations avec les forces de l'opposition concernant d'éventuelles défections. Ces développements ont coïncidé avec le démenti des responsables iraniens[Lesquels ?] concernant les informations suggérant qu'Assad avait fui le pays, bien que des sources[Lesquelles ?] aient indiqué que le lieu où il se trouvait à Damas restait inconnu. Après l'entrée des forces de l'opposition, la garde présidentielle d'Assad n'a plus été déployée à sa résidence habituelle. En début de soirée, les forces rebelles n'ont trouvé aucun renseignement fiable sur la localisation d'al-Assad et ont tenté de le retrouver28.
Le 8 décembre, Hayat Tahrir al-Cham a annoncé sur son compte Twitter/X officiel qu'il avait libéré la population carcérale de la prison de Sednaya, l'un des plus grands centres de détention de Syrie, situé dans la périphérie de Damas. L'organisation a considéré cette libération comme une victoire symbolique et stratégique pour ses forces face aux violations des droits de l'homme commises par le passé, et comme un signe de la fin des injustices du régime Assad29.
L'entrée de l'opposition à Damas s'est faite avec une résistance minimale en raison de la faiblesse des forces encore fidèles au régime dans certains quartiers de la ville et de la dissolution rapide de leurs positions défensives, ce qui a permis aux rebelles de prendre plusieurs quartiers. L'Observatoire syrien des droits de l'homme a confirmé que les forces de l'opposition ont réussi à s'emparer de plusieurs installations stratégiques à Damas, notamment du bâtiment de la Télévision Arabe Syrienne, le média d'État, et de l'aéroport international. Elles ont également pris le contrôle des principales voies de communication et des quartiers importants de Damas, notamment celui de Mazzeh30,31.
Exil de la famille Assad
Aux premières heures du 8 décembre, le président Assad quitte Damas à bord d'un avion pour une destination inconnue, alors que les conditions de sécurité se détériorent rapidement dans la capitale, selon deux hauts responsables de l'armée syrienne. Dans le même temps, des habitants signalent avoir entendu le cri de Allahu Akbar (« Dieu est grand ») et des tirs nourris à travers Damas29,32. De hauts responsables militaires ont confirmé plus tard le départ d'Assad de l'aéroport international de Damas, après quoi les troupes gouvernementales qui s'y trouvaient ont abandonné leurs positions. Rami Abdel Rahman (de l'Observatoire syrien des droits de l'homme) confirme que Bachar al-Assad a « quitté la Syrie via l'aéroport international de Damas »33,34.
La première dame Asma al-Assad s'était installée en Russie avec les trois enfants du couple environ une semaine avant que les forces de l'opposition ne commencent leur avancée vers Damas. Des rapports simultanés indiquent que des membres de la famille élargie d'Assad, y compris des proches de la lignée de sa sœur, se sont réfugiés aux Émirats arabes unis. Dans les jours précédant l'avancée de l'opposition, des responsables égyptiens et jordaniens auraient exhorté Bachar al-Assad à quitter le pays et à former un gouvernement en exil, bien que le ministère égyptien des Affaires étrangères et l'Ambassade de Jordanie aient nié avoir agi ainsi35,36.
Après le départ des membres de la famille Assad, des vidéos montrant des groupes de personnes à l'intérieur de la résidence abandonnée de Bachar al-Assad à al-Maliki ont circulé en ligne37.
Le 8 décembre 2024 en soirée, l'agence de presse russe Interfax annonce que « le président syrien Assad est arrivé à Moscou. La Russie leur a accordé [à lui et à sa famille] l’asile pour des raisons humanitaires », ce que confirme l'agence d'État russe Tass38.
Transition politique
Article détaillé : Gouvernement de transition syrien.
Le chef du Hayat Tahrir al-Cham, Abou Mohammed al-Joulani, a déclaré sur Telegram que les institutions publiques syriennes ne seraient pas immédiatement remises à ses forces militaires, mais seraient plutôt temporairement détenues par le Premier ministre syrien Mohammad Ghazi al-Jalali jusqu'à ce que la transition politique complète soit achevée. Al-Jalali a annoncé dans une vidéo sur les réseaux sociaux qu'il prévoyait de rester à Damas et de coopérer avec le peuple syrien, tout en exprimant l'espoir que la Syrie pourrait devenir « un pays normal » et commencer à s'engager dans la diplomatie avec d'autres nations32.
Réactions
En Syrie
Au sein des forces d'opposition
Le président de la Coalition nationale syrienne, Hadi al-Bahra, a annoncé dimanche la chute de Bachar Al-Assad.
Hayat Tahrir al-Cham, la principale force d'opposition impliquée dans l'éviction d'Assad, a déclaré la Syrie « libérée » après le départ d'Assad. Le groupe a publié des proclamations sur les réseaux sociaux annonçant la fin de ce qu'il a appelé une « ère sombre » et a promis une « nouvelle Syrie » où « tout le monde vit en paix et où la justice prévaut ». Ces déclarations s'adressaient spécifiquement aux personnes déplacées et aux anciens prisonniers politiques, et les invitaient à revenir32.
Au sein de la population
Damas a été le théâtre de célébrations publiques, notamment sur la symbolique place des Omeyyades, le traditionnel centre de l'autorité gouvernementale où se trouvent le ministère de la Défense et le quartier général des forces armées syriennes. Des civils se sont rassemblés autour d'équipements militaires abandonnés, et les images diffusées sur les réseaux sociaux montrent les célébrations accompagnées de musique et de manifestations publiques. Les responsables du ministère de la Défense auraient évacué les locaux au cours de ces événements32.
Hors de Syrie
L’avancée rapide des forces d’opposition a focalisé l'attention internationale. Aux États-Unis, les responsables de l’administration Biden ont rapidement envisagé la possibilité de l'effondrement total du régime d’Assad. En Turquie, le Président Recep Tayyip Erdoğan a exprimé son espoir de paix et de stabilité en Syrie après treize ans de conflit. En Israël, l'armée surveille étroitement la situation, notamment en ce qui concerne les réactions iraniennes, tout en soutenant les forces des Nations Unies dans la lutte contre les groupes armés28.
Le chef de la diplomatie qatarie, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman Al Thani, a critiqué le manque d'action d'Assad sur les questions sociétales, économiques et politiques pendant les périodes de réduction des combats tout au long de la guerre. Dans ses remarques sur l’état du gouvernement syrien, Al Thani a souligné l’importance d’établir un nouveau processus politique et de s’engager dans la diplomatie avec le nouveau gouvernement syrien39. Le président français Emmanuel Macron, quant à lui, a salué la chute de « l'État de la barbarie » en Syrie sur Twitter40.
Au Liban où sont réfugiés de très nombreux Syriens, des centaines de personnes ont célébré la chute de Damas à Tripoli et au Akkar, dans le nord du pays, et à Bar Elias, des villes majoritairement peuplées de musulmans sunnites opposés au Hezbollah et au régime d'Assad41. Le bureau du parti Baas syrien à Halba a été pris d'assaut et un portrait d'Assad a été jeté et piétiné42.
Analyse des causes de la chute du régime
Passivité des alliés du régime syrien
Natasha Hall, chercheuse principale au sein du programme Moyen-Orient du Centre d'études stratégiques et internationales, a attribué l'effondrement du régime à l'affaiblissement des alliés traditionnels d'Assad, la Russie se concentrant sur sa guerre en Ukraine et l'Iran étant confronté à des défis régionaux32. Ses alliés ont également « compté les uns sur les autres » en sous-estimant leurs faiblesses respectives43. La Russie a notamment sous-estimé l'affaiblissement du Hezbollah après l'invasion israélienne du Liban en 2024, et l'Iran affaibli par les sanctions internationales et les coups portés par Israël43. Tandis que l'armée russe n'avait en novembre 2024 plus que dix avions de combats stationnés en Syrie contre une quarantaine au maximum de son intervention militaire dans ce pays44.
Selon Carole André-Dessornes, géopolitologue, et chercheuse associée à la Fondation pour la recherche stratégique, le régime syrien a payé un excès de confiance dans son lien qu'il a cru indéfectible avec la Russie45. Alors que Vladimir Poutine est pragmatique : son soutien va aux dirigeants qui lui permettraient de maintenir ses intérêts45. Lorsqu'il a senti que Assad était trop faible pour lui être encore utile, il l'a lâché45.
Situation de l'armée syrienne
L'effondrement du régime syrien est le résultat d’une juxtaposition d’éléments, résultant notamment de plus de douze ans de guerre civile qui a décimé l’armée syrienne45. Les soldats composant cette dernière, sous-payés et craignant les représailles lorsqu'ils ont vu se profiler une probable défaite, ont majoritairement renoncé à se battre, voire pour certain décidé de vendre leurs armes aux rebelles45. Constatant que par ailleurs, les rebelles syriens ne se livraient pas à des exactions sur les populations des zones conquises, les soldats du régime ont été plus enclins à accepter de déposer les armes44.
Ainsi, selon le chercheur Scott Lucas, spécialiste du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord à l’université de Birmingham, l'offensive rebelle qui avait au départ des objectifs modestes au nord du pays, a décidé de pousser son avantage face à la quasi-absence de résistance43. La bataille de Homs aura été la seule dans laquelle il y a eu des combats intenses43, mais le Hezbollah étant absent du front, l'armée syrienne n'a pas pu tenir seule44.
Lorsque Bachar el-Assad a compris qu'il ne serait pas soutenu par ses alliés extérieurs, il a quitté le pays en avion ce qui a provoqué, une reddition massive de ses soldats43. Dans une situation similaire à la prise éclaire de Kaboul par les talibans en 202146, le départ du président syrien (à l'instar de celui du président afghan Ashraf Ghani) a accéléré la chute de la capitale aux mains des rebelles islamistes43.
Situation économique et politique de la Syrie
Selon Natasha Hall, les conditions économiques difficiles en Syrie, avec environ 90 % de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté et de nombreux habitants vivant dans des camps de déplacés, ont contribué à l'érosion du soutien au régime32.
Jérôme Drevon, analyste senior de l'International Crisis Group, a fait remarquer qu'il serait « extrêmement difficile » pour l'opposition syrienne de décider d'un nouveau système de gouvernement en Syrie étant donné la diversité de la coalition rebelle, notant que si « certains groupes sont plus structurés, plus organisés », d'autres sont « des entités plus locales »47.
Soutien de la Turquie aux rebelles syriens
Dans les jours qui suivent la chute de Damas, l’ampleur du rôle joué par la Turquie fait débat, mais son appui à des groupes rebelles qui lui sont largement subordonnés ne fait aucun doute48. La question que se posent les analystes portent sur les intentions du président turc Recep Tayyip Erdoğan : souhaitait il affaiblir le régime syrien pour le pousser à négocier, ou a-t-il souhaité son renversement 48?
Il est néanmoins clair, selon Ömer Özkizilcik, analyste de politique étrangère basé à Ankara, qu'« après le peuple syrien, le plus grand gagnant [à la chute du régime syrien] est la Turquie »48. D’une part, ce bouleversement offre au président turc l'occasion de régler la question trois millions de réfugiés syriens exilés en Turquie depuis le début de la guerre civile syrienne48. D’autre part, elle lui permet de poursuivre ses ambitions géopolitiques dans le Nord-Est syrien, sous contrôle notamment de la milice kurde des YPG, considérée comme une extension du PKK considéré comme terroriste par Ankara48.
Interventions militaires israéliennes en Syrie
Dès le début de l'offensive lancée par les rebelles syriens dans le nord-ouest du pays, de nombreuses voix dans la région considèrent que la chute du régime Assad fait partie d’un plan israélien, alors que les responsables de l’État hébreu se félicitent du coup porté à l’« axe de la résistance » mené par Téhéran49. Une accusation notamment appuyée par le fait que la chute du régime intervient une dizaine de jours seulement après l’accord de cessez-le-feu conclu entre Israël et le Hezbollah, et les accusations de Benyamin Netanyahou à l’encontre du président syrien, de permettre aux milices pro-iraniennes de menacer Israël depuis la Syrie49. Le soir même, le groupe jihadiste HTC et des factions rebelles lançaient leur grande offensive49.
Si ces accusations de complicité israélienne ne sont que des hypothèses puisque rien ne permet de prouver que la chute du régime Assad était un objectif pour Tel-Aviv, il est indéniable que les multiples coups portés par l'armée israélienne aux alliés du régime syrien ont contribué à son affaiblissement49. Le bénéfice à long terme retiré par Israël à ce changement de régime est toutefois incertain49. Si le clan Assad a toujours été un ennemi déclaré de l’État hébreu, ce dernier trouve désormais face à une force inconnue, considérée par beaucoup comme islamiste49. À court terme, ce bouleversement donne néanmoins à l'armée israélienne une fenêtre d'opportunité pour frapper le territoire syrien et détruire les sites où sont stockés des armes chimiques et des missiles à longue portée49.
Notes et références
Notes
Références
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