La Turquie est un exportateur toujours plus notable d’équipements militaires.
Les pays africains sont les principaux acheteurs de drones turcs, les appareils de combat Bayraktar TB2 , les appareils Anka, Karayel et Aksungur, à l’instar de la Libye [ 5 ], de la Tunisie [ 6 ], du Maroc [ 7 ], du Niger [ 8 ], du Nigeria [ 9 ], de l’Ethiopie [ 10 ], du Mali [ 11 ], du Burkina Faso [ 12 ], du Tchad [ 13 ], de Djibouti [ 14 ], de l’Angola [ 15 ] ,de la Somalie [ 16 ].
Le Rwanda, réfléchit à en acquérir également [ 17 ].
Si les drones sont l’un des exemples de la prospérité croissante des industries de défense turques en Afrique, il y a aussi la vente de plusieurs autres types de matériels, comme les véhicules blindés (notamment ceux de l’industriel Katmerciler [ 19 ]) ou les avions d’entraînement et de combat (tels que le Hürkuş-C, idéal pour l’entraînement mais capable également de mener des opérations mineures de combat en décollant depuis des pistes improvisées, un atout de taille pour les campagnes de contre-insurrection en Afrique [ 20 ]).
Un des acteurs-clés du déploiement militaire et sécuritaire turc à travers le monde, et en Afrique, est la discrète entreprise de sécurité privée SADAT [ 47 ].
Fondée en 2012 par le général de brigade à la retraite Adnan Tanriverdi et aujourd’hui dirigée par son fils Melih Tanriverdi [ 48 ], la société propose de nombreux services dans le domaine sécuritaire : formation d’unités de l’armée ou de la police (sauts en parachute, gestion d’une prise d’otage, assaut en milieu urbain, etc.), déploiement de solutions logistiques à des fins militaires/policières, mise à disposition d’armements, …
Particulièrement proche de l’AKP [ 49 ] et des milieux islamiques – Adnan Tanriverdi avait été mis à la retraite d’office en 1996 lors d’une purge anti-islamique dans les rangs de l’armée [ 50 ] -, SADAT porte un agenda politico-religieux qu’elle ne dissimule pas, affichant sur son site Internet vouloir « assister les pays musulmans afin de les aider à jouer leur rôle face aux superpuissances mondiales » [ 51 ]. Adnan Tanriverdi, propulsé au rang de conseiller de Recep Tayyip Erdoğan à la suite de la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016, sera d’ailleurs invité à démissionner en janvier 2020 après avoir déclaré vouloir « préparer l’arrivée du Mahdi » [ 52 ] grâce à ses actions [ 53 ]. Il avait déjà, en plusieurs occasions, soumis l’idée (auprès du chef d’état-major turc [ 54 ], auprès de l’Organisation de la coopération islamique [ 55 ] …) que SADAT pourrait mettre ses services à disposition des pays musulmans afin de les aider à former une « armée de l’islam ».
Depuis, à l’instar du groupe paramilitaire russe Wagner, SADAT est présente partout où la politique étrangère turque développe un intérêt et a ainsi eu pour mission, dès ses débuts, de former et encadrer une majeure partie des effectifs de « l’Armée nationale syrienne », ces supplétifs syriens agissant comme des mercenaires au profit de la Turquie dans le nord de la Syrie. Si plusieurs bataillons de ces derniers auraient ainsi été envoyés par la Turquie sous l’égide de SADAT [ 56 ] combattre au profit de l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabagh en 2020 [ 57 ], la société turque aurait également envoyé des combattants libyens [ 58 ].
3n comptant les plus de 2000 soldats turcs déployés en Afrique (environ une centaine en Libye et 2000 en Somalie [ 74 ]) et, surtout, les plus de 4 000 mercenaires syriens (environ 3 000 en Libye [ 75 ] et plus d’un millier au Niger [ 76 ]), Ankara peut compter sur une force de plus de 6 000 hommes sur le continent africain, répartis dans trois pays. C’est le triple des forces dont dispose la France .
sources : JP D. les clés du Moyen Orient,