« L’héritage d’une vie » d’Edmond Yanékian
Famille © Edmond Yanekian
Vous avez publié
récemment Arménie –
L’héritage d’une vie,
qu’est-ce qui a motivé
l’écriture de ce livre ?
Je suis engagé dans des
associations depuis 1967
et j’avais envie de partager
mon expérience. J’ai fait
beaucoup de rencontres
intéressantes durant toutes
ces années, notamment
des Arméniens qui ont
participé à la Résistance
et j’ai ressenti le besoin de
transmettre cette mémoire.
Je décris mon parcours
personnel, mais à travers
l’histoire de l’Arménie et de
sa diaspora en France.
Que représente pour vous
la panthéonisation de
Missak Manouchian ?
C’était vraiment un
moment très émouvant
et important. D’ailleurs,
plusieurs associations
dans lesquelles je me suis
investi sont issues de la
Résistance. Par exemple, le
Front National d’Arménie
créé pendant la guerre est
devenu en 1949 l’UCFAF*,
association dont je suis
actuellement le président.
C’est donc une filiation
fondamentale et j’ai tenu à
rendre hommage dans le
livre au groupe Manouchian,
mais également à d’autres
résistants.
À partir de votre
expérience d’enfant de
réfugiés, quelle est votre
vision d’une intégration
réussie ?
Je trouve très positif d’avoir
une double culture. Je suis
contre l’idée d’assimilation,
qui représente une perte
de soi-même, même si
je trouve normal que les
nouvelles générations
n’aient pas le même rapport
à leur culture d’origine. En
fait, je pense que l’apport
d’autres cultures est une
vraie richesse pour la France
et qu’on peut vivre sa
culture d’origine et s’intégrer
totalement à son nouveau
pays.
Est-ce que vous trouvez
que la mémoire du peuple
arménien et notamment du
génocide se transmet aux
nouvelles générations ?
Oui, je trouve que les
journées de commémoration
du génocide arménien
le 24 avril permettent de
maintenir la mémoire de ces
événements. Mon livre est
l’histoire d’une communauté
liée à un génocide et bien
qu’il s’adresse en priorité
aux Arméniens, dans les
rencontres organisées
autour du livre, je note la
présence de beaucoup de
participants non arméniens,
très intéressés par cette
histoire et qui viennent
discuter avec moi.
L’écriture semble être un
aspect important dans
votre vie, avez-vous des
projets en cours ?
Effectivement, même si
je suis issu de la classe
ouvrière, mon implication
depuis tout jeune dans des
associations m’a plongé
dans une vie de partage, et
l’écriture en fait partie. J’ai
notamment écrit des articles
pour différents journaux
ainsi que des discours. Et
j’ai justement un projet pour
un nouveau livre qui serait
une compilation de ces
articles et discours, mais
aussi d’inédits de discours
d’anciens résistants.
L’écriture est aussi une
manière de rendre tout ce
que j’ai reçu dans ma vie
associative.
*Union Culturelle Française
des Arméniens de France
Entretien réalisé le 09.09.2024