L’autocrate qui menace l’Arménie …et la France : Le Parisien
L'autocrate qui a la France
dans le viseur
AZERBAÏDJAN | La COP29 se tient à Bakou, capitale de
l’État dirigé par Ilham Aliyev, qui lorgne l’Arménie,
bafoue les libertés… et nous cherche des noises.
trouver la cité déchue sur une
carte, il faut maintenant cher-
cher « Khankendi ». La ville a
été rebaptisée. Dans les
régions de Chouchi, Marta-
kert ou Stepanakert, le Centre
européen pour le droit et la
justice (ECLJ) alertait cet été
dans un rapport de nombreu-
ses destructions de monu-
ments du patrimoine armé-
nien dans le Haut-Karabakh.
« S’ils rentrent,
on ne restera pas »
Sur le trajet qui le ramène
chez lui depuis Goris, Arek
évoque rapidement ses filles,
Anouch et Talin. Parle un peu
de sa femme, de son travail,
puis, sur le même ton, le tren-
tenaire embraye en évoquant
la « guerre » : « Je ne connais
pas un seul homme qui n’ait
pas peur », disait-il début
octobre. L’organisation de la
COP, à Bakou, offrait alors un
bref répit. « Ils doivent donner
une bonne image. »
Lui habite le village de Tegh,
accolé à la frontière. Ici, un
point de bascule. « C’est la fin.
On est le dernier village
d’Arménie, le premier pour
l’Azerbaïdjan. » L’homme
arrête sa vieille Mercedes
pour récupérer un café froid
dans une station. Au loin, des
blindés militaires trahissent
En septembre 2023, après
de longs mois de blocus, une
attaque éclair menée par
l’Azerbaïdjan avait poussé les
séparatistes arméniens du
Haut-Karabakh à capituler.
E n q u e l q u e s j o u r s ,
les 120 000 habitants de la
province avaient dû tout quit-
ter pour se jeter sur la route
de l’exode. C’est désormais le
Syunik qui fait face aux ambi-
tions expansionnistes du
régime d’Aliev. La petite pro-
vince est prise en étau entre
l’Azerbaïdjan et son exclave
du Nakhitchevan. Elle consti-
tue ainsi le dernier rempart
entre les deux territoires
azerbaïdjanais et, in fine, avec
le puissant allié turc.
Quelques kilomètres plus
au nord de Kapan, le long de la
route M 12, un vieillard se
roule une cigarette à l’ombre
d’un figuier. « Après, c’est ter-
miné. On ne peut pas aller
plus loin. » En contrebas, dans
une sorte de cuvette monta-
gneuse, une énième base
militaire jouxte la ville de
Goris. Comme pour accen-
tuer la peine, un panneau rap-
pelle l’histoire de cette route
devenue impasse. En gros
caractères, un panneau « Ste-
panakert » indique la direc-
tion de l’ancienne capitale du
Haut-Karabakh. Mais pour
Bastien Marie
Envoyé spécial
à Goris (Arménie)
MIKHAÏL a posé son képi sur
la plage arrière de sa vieille
Lada. Il zigzague à toute vites-
se sur les routes montagneu-
ses du Syunik, région du sud
de l’Arménie voisine de l’Iran
et de l’Azerbaïdjan. Le jour se
lève et ce jeune soldat
s’apprête à regagner son régi-
ment aux abords de la ville
frontalière de Kapan. Son
assurance est vite freinée.
Peu avant d’arriver, il jette un
œil à travers la vitre passager :
« Il y en a de l’autre côté, juste
en haut des montagnes. Ils ne
feront rien, c’est ma voiture
personnelle. »
« Juste en haut », des dra-
peaux azerbaïdjanais flottent
au-dessus du petit aéroport
régional, pourtant bien armé-
nien. Des silhouettes de sol-
dats, à peine plus âgés que
Mikhaïl, se dessinent sur les
miradors. Ils ne lâchent pas
un instant la zone des yeux.
Régulièrement, des affronte-
ments sporadiques éclatent le
long de la frontière entre for-
ces arméniennes et azerbaïd-
janaises. Deux pays qui ne
sont pas en guerre. Mais pas
en paix non plus.
MENACE D’INVASIONI La grande peur
chez les Arméniens du Syunik
"On suit
attentivement
sans surréagir,
car ce serait entrer
dans leur jeu,
et ça ne le mérite pas"
Une source du gouvernement
sources : Le Parisien du mardi 12 novembre 2024 , JP D.