Il faut attendre le 10 octobre 1958 pour qu’arrive la reconnaissance de l’homme de scène, sous la plume de Claude Sarraute.
L’article est titré : « Qui est Aznavour ? » Elle répond à la question dès l’introduction : « Aznavour, c’est ce qu’il y a eu de plus important depuis la guerre, la dernière, dans le domaine de la chanson. A l’exception de Brassens, évidemment. »
Et, plus loin : « Pour la plupart de nos moins de vingt ans, il joue le rôle d’écrivain public. Leurs mots d’amour, c’est à lui qu’ils les empruntent, à lui dont la sensibilité et l’imagination collent en tout point avec celle de sa génération. Quand il leur dit de sa voix émue, enrouée, une voix de tous les jours : Viens au creux de mon épaule, Ma main a besoin de ta main ou Je t’aime comme ça, les fillettes ravies croient entendre chuchoter leurs amoureux. »
C’est bien le chanteur qu’encense cette fois Claude Sarraute, l’artiste qui se présente sous les feux de la rampe « en petit costume d’alpaga, le teint blême, l’œil cerné, le genou moins tremblant qu’autrefois ».
« On l’acclame, on lui tend les bras,. Lui salue bien bas avec le sourire las d’un enfant du siècle… des “juke-box”.
Allez l’écouter. »…
source : Le Monde, JP D.
photo: Roger Kasparian