J’ai reconnu Isabelle Sadoyan & Hermine Karagheuz dans le film » Mr Klein » produit & joué par Alain Delon
Hermine Karagheuz, née le à Paris et morte le dans cette même ville1, est une actrice, écrivaine et photographe française d'origine arménienne.
Biographie
En 1967 elle commence une carrière de comédienne dans une adaptation de Monsieur Fugue de Liliane Atlan, par Roland Monod. Elle apparait pour la première fois au cinéma dans le film de Jacques Baratier, Le Désordre à vingt ans2. Puis, près avoir tourné pour la télévision dans la dramatique Pitchi Poi ou la parole donnée, elle commence à jouer dans les films de Jacques Rivette.
Elle interprète le rôle d'Éponine dans le feuilleton Les Misérables, réalisé par Marcel Bluwal en 19723.
En 1974, elle joue au théâtre La dispute de Marivaux mis en scène par Patrice Chéreau.
En 2002 elle écrit un livre sur Roger Blin avec qui elle collabora et qui fut son compagnon : Roger Blin, une dette d'amour4.
Elle a participé par ses photographies à l'exposition Mémoires arméniennes au parc de la Villette en 20065.
lire : Hermine Karagheuz, du côté des nuages – Le journal d'Armelle Heliot (lejournaldarmelleheliot.fr)
Théâtre
Comédienne
- 1967 : Monsieur Fugue, de Liliane Atlan, mise en scène Roland Monod
- 1969 : Je ne veux pas mourir idiot, de Georges Wolinski, mise en scène Claude Confortès
- 1969 : Syllabaire pour Phèdre, de Maurice Ohana, direction Daniel Chabrun, mise en scène Roger Kahane
- 1970 : Alice dans les jardins du Luxembourg, de et mise en scène Romain Weingarten
- 1971 : Léonce et Léna, de Georg Büchner, mise en scène Marcel Bozonnet
- 1971 : La nuit des assassins, de José Triana, mise en scène Roger Blin
- 1972 : Comédie policière, de Groupe Tsé, mise en scène Alfredo Arias
- 1973 : Le creux de la vague, de et mise en scène Marc'O
- 1973 : La dispute, de Marivaux, mise en scène Patrice Chéreau
- 1974 : Par le trou de la serrure, spectacle musical, de et avec Ghédalia Tazartès
- 1975 : M'appelle Isabelle Langrenier, de Jean Louis Bauer, mise en scène Roger Blin
- 1975 : Bal perdu, spectacle musical, avec Ghédalia Tazartès
- 1976 : La Borde, spectacle musical, avec Ghédalia Tazartès
- 1976 : Sale quart d'heure pour Cool Sweety et Speedy Panik, spectacle musical, avec Annick Mével, Jean-Jacques Birgé, Francis Gorgé
- 1978 : L'Histoire du soldat, de Stravinsky, direction Diego Masson
- 1979 : Les larmes amères de Petra von Kant, de Fassbinder, mise en scène Dominique Quéhec
- 1981 : Electre, de Jean Giraudoux, mise en scène Simone Turck
- 1981 : Les leçons de bonheur, de et mise en scène Liliane Atlan
- 1982 : De quelle falaise dites-vous ?, de et mise en scène par Hermine Karagheuz
- 1983 : Les paravents, de Jean Genet, mise en scène Patrice Chéreau
- 1986 : Les élégies de Duino, de Rilke, festival d'Avignon
- 1988 : Ce que voit Fox, de James Saunders, mise en scène Laurent Terzieff
- 1989 : L'ankou, de Jean-Jacques Varoujean, mise en scène Roland Monod
- 1990 : Hanjo, un des cinq Nô modernes, de Yukio Mishima, mise en scène Béatrice Houplain
- 1992 : Eismitte, le milieu des glaces, de Catherine Zambon, mise en scène Yves Babin / Bruno Abraham Cremer
- 1995 : Médéa, de Jean Vauthier, mise en scène Christophe Rouxel
- 1996 : L'enterrement à Sabres, de et avec Bernard Manciet, mise en scène Hermine Karagheuz, festival d'Automne
- 1998 : Phèdre, de Jean Racine, mise en scène François Pesenti
- 2002 : Artaud-ratorio, de et mise en scène Hans Peter Litscher
- 2003 : Causerie sur le thème du traître et du héros, de et mise en scène Hans Peter Litscher
- 2013 : lectures de René Daumal et Lydie Dattas (La Nuit Spirituelle), à la MC93 de Bobigny
- 2014 : lectures de Guillaume Apollinaire, au Monte-en-l'Air, musicien Olivier Mellano
- 2016 : lectures d'Aurélia, de Nerval, à Paris et Bourges, suivies de conférences de Pacôme Thiellement
Filmographie
- 1966 : Le Désordre à vingt ans de Jacques Baratier
- 1967 : The Wednesday Play : Pitchi Poi de François Billetdoux : Rogation
- 1970 : Sortie de secours de Roger Kahane
- 1971 : Traité du rossignol de Jean Fléchet : Lela
- 1971 : Out 1 : Noli me tangere de Jacques Rivette : Marie
- 1972 : Les Misérables de Marcel Bluwal (mini série tv) : Eponine
- 1973 : Les Thibault d'Alain Boudet (mini série tv) : Alfreda
- 1975 : Qui est Alice Guy ? Alice qui ? de Nicole Lise Bernheim
- 1976 : Monsieur Klein de Joseph Losey : la jeune ouvrière
- 1976 : Duelle de Jacques Rivette : Lucie
- 1976 : Lumière de Jeanne Moreau : Camille
- 1976 : Mon cœur est rouge de Michèle Rosier : la motocycliste
- 1978 : Docteur Erika Werner de Paul Siegrist (série tv)
- 1978 : Judith Therpauve de Patrice Chéreau : Nicole
- 1979 : La Mémoire courte d'Eduardo de Gregorio : Madame Jaucourt
- 1980 : Guns de Robert Kramer : Katrin
- 1981 : Merry-Go-Round de Jacques Rivette : l'Autre
- 1982 : Deuil en vingt-quatre heures (mini série tv)
- 1982 : Électre de Bernard Maigrot (téléfilm) : Électre
- 1998 : Secret défense de Jacques Rivette : l'infirmière
- 2015 : Les Mystères de Paris : '"Out 1"' de Jacques Rivette revisité de Robert Fischer et Wilfried Reichart (documentaire) : elle-même
- 2016 : Chacun cherche son train de Fabienne Issartel
- 2016 : Nocturama de Bertrand Bonello : Patricia
Publications
- De quelle falaise ?, pièce de théâtre, présentée au festival du Marais
- La lune avait l'épaisseur d'un cil, pièce de théâtre, Lansman éditeur, diffusée sur Radio Suisse Romande, présentée au Festival de la Francophonie Limoges-Bruxelles
- L'Autre Journal, mensuel, articles et photographies
- 31/12/99 – élégie, pièce radiophonique, diffusée sur France Culture
- Roger Blin – Une dette d'amour, éditions Séguier-Archimbaud, 2002 (réédition aux éditions Ypsilon, 2021)
- HKZ, Le livre du revenir, Antoine Mouton, éditions Ypsilon, 2023
Principales expositions
- 1985 : « Ciels », photographies peintes, galerie du Jour, Agnès B.
- 1994 : « Crises de nerfs et méditations », gouache et dessins, galerie Les Cent
Enseignement
- 1997 : stage à l'ERAC, travail sur "L'échange" de Paul Claudel
- 2001-2004 : classe de Poésie et Interprétation à l'ESAD – Rimbaud, Claudel, Michaux, Platon, Shakespeare
source : wikipedia
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Monsieur Klein est un film franco–italien réalisé par Joseph Losey, sorti en 1976.
Le film a notamment été produit par Alain Delon, également acteur principal. Le scénario a initialement été écrit par Costa-Gavras1, puis achevé par Franco Solinas.
Synopsis
C'est l'hiver à Paris, sous l'Occupation. Dans un hôpital, une femme nue et d’âge mûr subit passivement une humiliante visite médicale qui met en évidence ses racines sémites. Le rapport sera envoyé à la préfecture de police, ce qui n'augure rien de bon car les Juifs sont persécutés. En retrouvant son époux, qui s'est prêté à un examen analogue, elle affirme que tout s'est bien passéa.
Indifférent à ce climat oppressant, le marchand d'art Robert Klein vit luxueusement dans un hôtel particulier au no 136 de la rue du Bac, avec sa maîtresse Jeanine. Dans une salle des ventes, il suit la mise aux enchères d'une tapisserie truffée de symboles occultes représentant un vautour. Il déconseille à une amie de l'acheter, pressentant qu'elle « porte malheur »b. Il achète aussi sans le moindre scrupule, à des Juifs aux abois pressés de fuir la France, des objets qu'ils cèdent à vil prix au terme d'âpres tractations. Il reconduit l'un d'eux sur le seuil, après lui avoir payé trois cents louis d'or — soit la moitié de sa valeur — le Portrait d'un gentilhomme hollandais peint par Adriaen van Ostade2 (voir infra). En prenant congé, il découvre dans son courrier glissé sous la porte un exemplaire des Informations juives. Il comprend alors qu'un homonymec, abonné à ce journal destinés aux israélites, lui a fait endosser son identité (voir infra). Or les membres de la communauté juive sont fichés en raison de leur prétendue origine raciale. Par une sorte de prémonition funeste, son client lui souhaite « bonne chance à vous, Monsieur Klein ».
En cherchant à prouver qu'il n'est pas Juif, Robert Klein s'englue peu à peu dans un piège quasi kafkaïen. Il ne fait qu'attirer l'attention des autorités, muée en suspicion puis, bien vite, en conviction. Pour obtenir des certificats de catholicité, il rend visite à son père, qui vit à Strasbourg. Devenu infirme, celui-ci affirme avec emportement que, depuis Louis XIV, la famille Klein est française et catholique, avant de lui apprendre qu'il existe une branche hollandaise sur laquelle il refuse de s'étendre. Menant sa propre enquête, Robert remonte la piste de son homonyme, dont il découvre l'adresse inscrite sous la sienne, en grattant au rasoir la bande de routage des Informations juives. Insaisissable, cet homme mystérieux change régulièrement de domicile ; il entretient des liaisons féminines, entre autres avec une aristocrate évanescente et une compagne énigmatique prénommée « Isabelle », « Kathy » ou « Françoise », danseuse de revue puis ouvrière d'usine ; il roule en side-car et possède un berger allemand. Les recherches de l'affairiste le conduisent tour à tour : dans un logement sordide situé rue des Abbesses, qu'il visite à plusieurs reprises au prétexte de le louer pour un ami et dont il relève le numéro de téléphone ; dans un laboratoire photographique, où il obtient un cliché de l'homme à la moto avec son chien ; au château d'Ivry-la-Bataille (en fait le château d'Esclimont) habité par une fantomatique famille d'aristocrates ; dans les coulisses d'un cabaret donnant un spectacle antisémite3, qu'il quitte précipitamment sur les instances de Jeanine, offusquéed (sur la scène, une affiche du film de propagande nazie Le Juif Süss fait partie du décor — voir infra) ; des ateliers de la place Balard… Il découvre que l'autre Klein, un résistant, joue de leur homonymie pour agir clandestinement. L'inconnu semble avoir été victime d'un attentat relaté par la presse. Robert se précipite à la morgue pour examiner le corps.
La police poursuit le marchand d'art. Ses biens sont saisis. Par un étrange hasard, il recueille devant un kiosque à journaux un berger allemand abandonné. Craignant pour son sort, il cherche à gagner la Méditerranée par Marseille. Il est muni de faux papiers procurés par Pierre, un ami avocat qui l'a aussi aidé à vendre son hôtel particulier non sans s'enrichir à cette occasion d'un demi-million de francs. Dans le train, il s'adresse à une femme assise en face de lui. Il la prend pour Françoise, alias Kathy ou Isabelle, mais elle se nomme Nathalie. Elle connaît Robert (le résistant), qui en fait n'a jamais quitté son logement de Montmartre, aidé de la concierge éprise de lui. Il rebrousse aussitôt chemin, souhaitant plus que jamais rencontrer celui dont il est victime mais qui le fascine. Il le joint au téléphone. Arrivé au rendez-vous, il assiste, embusqué, à son arrestation déclenchée par Pierre pour le protéger. Le lendemain il est appréhendé à son tour, pendant une rafle évoquant celle du « Vél d'Hiv ». L'acte de baptême catholique d'une grand-mère, enfin arrivé d'Alger, peut le sauver in extremis. Parmi d'autres noms à consonance juive, les haut-parleurs du stade, temporairement converti en camp de transit, appellent « Robert Klein ». Un homme vu de dos lève le bras puis disparaît dans un souterrain. Une foule l'entraîne vers un quai de gare. L'affairiste lui emboîte le pas, en affirmant à Pierre qu'il va revenir. Déportés conjointement, les deux Robert Klein ne se seront jamais rencontrés. Dans le wagon qui les conduit vers une mort probable, derrière le marchand d'art sans scrupule apparaît le visage grave de l'homme qui lui avait cédé le tableau de van Ostade. Leur tractation du début résonne de nouveau.
Fiche technique
Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données d'Unifrance.
- Titre original : Monsieur Klein
- Titre italien : Mr Klein
- Réalisation : Joseph Losey
- Assistants à la réalisation : Philippe Monnier, Rémy Duchemin
- Scénario : Franco Solinas, Costa-Gavras1 (non crédité)
- Collaboration au scénario : Fernando Morandi
- Production : Raymond Danon, Alain Delon, Robert Kuperberg, Jean-Pierre Labrande, Norbert Saada
- Sociétés de production : Lira Films, Adel Productions, Mondial Televisione Film
- Directrice de production : Ludmilla Goulian
- Musique : Egisto Macchi (en) et Pierre Porte
- Costumes : Annalisa Nasalli-Rocca, Colette Baudot
- Casting : Margot Capelier
- Photographie : Gerry Fisher
- Cadre : Richard Andry, Pierre-William Glenn, Jean-Francis Gondre
- Montage : Marie Castro-Vasquez, Henri Lanoë, Michèle Neny
- Son : Maurice Dagonneau, Jean Labussière
- Voix radio de Jean Hérold-Paquis : Jean Topart
- Décors : Alexandre Trauner
- Ensemblier : Pierre Lefait
- Pays de production : France, Italie
- Langue de tournage : français
- Format : couleur –1,66:1 – son Mono – 35 mm
- Genre : drame
- Durée : 117 min
- Dates de sortie :
- France : (première mondiale au Festival de Cannes 1976 où le film repart bredouille avant d'être présenté en copie restaurée en 2019, lors de la remise d'une Palme d'or d'honneur à Delon)4
- Italie :
- France :
Distribution
- Alain Delon : Robert Klein
- Louis Seigner : le père de Robert
- Michel Lonsdale : Pierre, ami de Robert
- Francine Bergé : Nicole, l'épouse de Pierre éprise de Robert
- Juliet Berto : Jeanine, la maîtresse de Robert
- Isabelle Sadoyan : la patiente de l'examen médical
- Jacques Maury : le médecin
- Jean Bouise : le vendeur du tableau d'Adriaen van Ostade
- Roland Bertin : le responsable du journal Informations juives
- Michel Aumont : le fonctionnaire de la préfecture de police
- Jeanne Moreau : Florence
- Massimo Girotti : Charles, l'époux de Florence
- Suzanne Flon : la concierge de la rue des Abbesses
- Fred Personne : le commissaire de police
- Pierre Vernier : un policier
- Étienne Chicot : un policier
- Philippe Brizard : un policier
- Pierre Frag : Georges
- Gérard Jugnot : le photographe
- Bernard-Pierre Donnadieu
- Maurice Vallier
- Elisabeth Kaza
- Carole Lange
Production
Scénario et réalisateur
À la recherche d'un sujet sur l'Occupation, Franco Solinas et Costa-Gavras le trouvent grâce à l'un des témoignages les plus remarqués du documentaire Le Chagrin et la Pitié de Marcel Ophüls : un commerçant clermontois du nom de Marius Klein avait écrit, au cours de la guerre, une annonce dans un journal local pour faire savoir que son nom n'est pas juif et qu'il est de confession catholique1,5.
En évoquant le sort réservé aux Juifs sous l'Occupation, Joseph Losey intègre des éléments historiques à une œuvre artistique, voire métaphysique. Plusieurs critiques ont mis en évidence la parenté du film avec les écrits de Franz Kafka — notamment La Métamorphose, nouvelle qui narre la transformation cauchemardesque d'un homme en cloporte[réf. souhaitée].
Auteur du premier scénario avec Franco Solinas, Costa-Gavras souhaite tourner le film avec Jean-Paul Belmondo. Mais un conflit entre producteurs et une blessure de Belmondo entraînent l'annulation du projet. Alain Delon manifeste son intérêt pour le rôle principal. Costa-Gavras préfère se retirer. Delon tient à produire lui-même le film et convainc Joseph Losey, avec qui il a tourné L'Assassinat de Trotsky en 19721, d'en assurer la réalisation. Losey retravaille le scénario avec Solinas pour le rendre plus dense. Il y introduit diverses modifications6 et ajoute la séquence du spectacle antisémite.
Bande originale
- L'Internationale (Pierre Degeyter, Eugène Pottier)
- Kindertotenlieder – Nun Will Die Sonn' So Hell Aufgehn (Gustav Mahler)
- Premier rendez-vous (René Sylviano, Louis Poterat)
- Du darfst mir nie mehr rote Rosen schenken (Michael Jary, Bruno Balz)
- Tching kong (de Paul Misraki, joué par l'orchestre de Ray Ventura)
- Venez donc chez moi je vous invite (de Paul Misraki, joué par l'orchestre de Ray Ventura)
- Je ne sais pas si je l’aime (Paul Misraki, André Hornez)
Distinctions
- Césars 1977 :
- César du meilleur film
- César du meilleur réalisateur pour Joseph Losey
- César du meilleur décor pour Alexandre Trauner
- nomination au César du meilleur acteur pour Alain Delon
- nomination au César de la meilleure photographie pour Gerry Fisher
- nomination au César du meilleur montage pour Henri Lanoë
- nomination au César du meilleur son pour Jean Labussière
Analyse
Identité juive
Pour les nazis et le régime de Vichy, Robert Klein est Juif car il répond aux critères des lois de Nuremberg et de la loi française qui s'en inspire. Rien ne permet d'affirmer qu’il n’a pas de sang juif ; ce qu'il apprend de son père, à propos de la branche familiale hollandaise, peut même le faire penser. En tout cas, il finit par s’identifier à son homonyme juif. Le métissage (ou « Mischling », c'est-à-dire « mélange ») est illustré par l’appel, au « Vél d’Hiv », d'une liste de noms séfarades qui commence par « Mahmoud Hamchari »7 .
Harry Baur, qui avait incarné de nombreux Juifs ou des personnages en rapport avec le judaïsme, fut dénoncé par la rumeur antisémite. Ainsi que Robert Klein, il fut considéré comme Juif. Arrêté par la Gestapo et torturé, il prouva qu’il n’était pas Juif. Libéré, il mourut six mois plus tard des suites de ces mauvais traitements en détention.
Tableau d'Adriaen van Ostade
Robert Klein acquiert, pour la moitié de sa valeur, une toile datant de l'âge d'or de la peinture néerlandaise. Due au grand maître Adriaen van Ostade, elle s'intitule Portrait d'un gentilhomme ; en fait, elle représente un médecin qui examine le contenu d'un urinal.
Très vite, Robert Klein s'attache à l'œuvre au point que, plus tard, il en refusera farouchement la saisie, revendiquant l'objet comme « personnel ». Cette toile, il l'a achetée à un Juif menacé par les lois d'exclusion qui visent ses coreligionnaires. Or elle partage la même origine géographique que la branche présumée juive de la famille Klein, dont Robert apprend l'existence peu après, en sondant son père âgé. Le tableau a été peint au XVIIe siècle dans les Provinces-Unies, alors terre d'asile pour ceux que les États européens persécutaient en raison de leurs convictions religieuses — donc antithèse du régime vichyste. Il représente un médecin, profession traditionnellement exercée par nombre d'intellectuels juifs. En ouvrant la conscience de Robert Klein à une réalité qui jusqu'alors lui avait échappé, la toile de van Ostade déclenche chez lui un irrépressible besoin de quête identitairee.
Tableau de Marc Chagall
Au début du film, alors que des policiers attendent Robert Klein pour l'interroger tandis qu'un couple danse sur l’air « Tching-Kong » entendu au phonographe8, on aperçoit au mur une copie de la toile de Marc Chagall Le Violoniste vert9. À première vue identique à l’original, elle présente en fait de nombreuses différences, notamment dans certains détails entourant le musicien. Peint par un artiste juif, le tableau semble faire écho à celui de van Ostade que vient d'acquérir Robert, et dont le souvenir résonnera à la fin du film.
Film Le Juif Süss
Bien que Losey n'en ait rien affirmé, le spectacle antisémite donné au cabaret évoque certains aspects du film de propagande nazie Le Juif Süss tourné en 1940.
Une affiche de ce film se trouve sur la scène du cabaret. Là s'arrête la ressemblance. Mais Losey pourrait s'être inspiré du film allemand sur deux points : le thème même du spectacle et l'un de ses accessoires. Dans le film Le Juif Süss, les notables refusent au duc de Würtemberg de financer un opéra, un corps de ballet et une garde. Süss avance l'argent nécessaire ; feignant adroitement de s'indigner, il affirme au duc : « Je ne comprends pas que l'on puisse vous refuser cela10. » Par ailleurs, dans l'une des dernières séquences du film de 1940, le duc déclare à Süss : « Vous avez un masque d’hypocrite, vous devriez enlever votre masque. » Or dans le film de Losey, à la fin de la représentation, l'acteur grimé en Juif ôte ostensiblement un nez postiche proéminent.
Film La Mort aux trousses
Le thème du double développé dans Monsieur Klein rappelle le film La Mort aux trousses sorti en 1959. « Il s’agit en quelque sorte du cousin sombre, voire nihiliste de La Mort aux trousses d'Alfred Hitchcock, une chasse à l’homme par procuration dépourvue de toute frivolité ou suspense enjoués11. » Roger Thornhill est confondu avec son double George Kaplan. Or, bien que cela ne soit pas précisé dans le film, « Kaplan » est un nom juif ashkénaze. Comme Robert Klein, George Kaplan se manifeste de façon diverse et invisible, le service de renseignement américain ayant créé un personnage fantôme. On observe en outre que les patronymes « Kaplan » et « Klein » partagent les mêmes lettres initiale (K), médiane (L) et finale (N).
Erreurs ou anachronismes
Losey a choisi de ne pas tourner une reconstitution historique de l'Occupation. Pour cette raison, la présence allemande est délibérément réduite, voire occultée. Néanmoins, l'ambiance de Paris sous l'Occupation est soigneusement reconstituée, et il s'agit du premier film français évoquant la rafle du Vél d'Hiv et le rôle majeur de la police française dans la collaboration avec les Allemands.
Le film comporte plusieurs anomalies :
- le logo « SNCF », qu'on aperçoit sur les trains de la gare d'Ivry-la-Bataille puis de la gare de Lyon, fut utilisé du au 12 ;
- Robert Klein rencontre son père infirme à Strasbourg. Or entre 1940 et 1945, l'Alsace — tout comme le département de la Moselle — fut de nouveau annexée au Reich allemand. En 1942, elle n'est donc plus accessible depuis Paris13 ;
- la rafle du « Vél d’Hiv » s'est déroulée pendant la canicule des 16 et . Dans le film, elle a lieu en plein hiver, par un froid glacial. Quelques jours plus tôt, la neige recouvre le parc du château d'Ivry-la-Bataille. Alors qu'il attend son homonyme rue des Abbesses, de la vapeur d'eau s'échappe de la bouche de Robert Klein. Sur le trajet des autobus conduisant au vélodrome, les arbres sont dépourvus de feuilles, les Parisiens portent des vêtements chauds et on entrevoit, à la devanture d'une boutique, l'inscription « Les tickets de janvier seront honorés » 14. Cette modification chronologique pourrait traduire le refus de Losey de réaliser un film didactique à valeur de simple documentaire ;
- construit en 1900 et démoli en 1959, le « Vélodrome d'Hiver » était un bâtiment fermé et non ouvert. En fait, la scène fut tournée au vélodrome Jacques-Anquetil du bois de Vincennes. À aucun moment, le scénario ne précise qu'il s'agit du « Vél d’Hiv ». Mais implicitement suggéré, le lieu ne peut historiquement qu'être celui-ci15. En outre, on ne pouvait pas embarquer dans des trains depuis le « Vél d’Hiv », éloigné de toute gare. Sachant la culture historique de Losey, il pourrait s'agir d'un choix délibéré visant à accentuer le caractère accablant de la séquence finale ;
- Robert Klein est censé résider au 136 rue du Bac (Paris 7e). En réalité, c'est au no 108 de cette même rue (actuellement une voie privée) que se trouve l'entrée conduisant à l'hôtel particulier de Klein ;
- l'acte de baptême de sa grand-mère, née à Alger, est le seul document officiel qui manque à Robert Klein pour prouver sa non-judéité. Or le statut des Juifs du 2 juin 1941 prévoit que, pour être considéré comme tel, il faut avoir au moins trois grands-parents juifs (art. 1). Son avocat doit logiquement connaître cette loi. Malgré tout, la police saisit les biens de Robert Klein et finit par l'arrêter.
Notes et références
Notes
- ↑ Le film s'ouvre sur le mensonge au sein d'un couple, dicté par l'angoisse.
- ↑ C'est la première séquence du film. Oiseau de mauvais augure, le vautour annonce la férocité déployée par l'aigle hitlérien contre les Juifs et les résistants, tout comme la rapacité ambiante — celle de Robert Klein, qui acquiert à bas prix des biens israélites, mais aussi celle de son ami Pierre, qui s'octroie un demi-million de francs en vendant son hôtel particulier pour l'aider à fuir. Il ouvre aussi le chapitre d'un bestiaire qui marque le film (le concert du château d'Ivry-la-Bataille, dont les membres sont qualifiés par Robert de « zoo musical » ; le berger allemand, trait d'union entre les deux homonymes, qui semble rappeler que « L'homme est un loup pour l'homme »).
- ↑ Le film exploite ce thème du double et du reflet, mis en évidence dans plusieurs séquences. Visitant l'appartement miteux de Pigalle, Robert Klein se dévisage dans la glace du lavabo. Au restaurant où un inconnu le demande avant de disparaître, les murs sont revêtus de miroirs où le regard semble se perdre. Dans le train pour Marseille, la passagère qui fait face à Robert est montrée dans un miroir sous le porte-bagages.
- ↑ Jeanine pourrait incarner une majorité des Français d'alors, que les lois anti-juives ont choqués et définitivement éloignés du pouvoir vichyste.
- ↑ Une certaine ressemblance vestimentaire apparaît entre le gentilhomme hollandais, vêtu de noir et portant un grand chapeau, et Robert Klein, habillé de costumes sombres et coiffé d'un borsalino.
Références
- ↑ Revenir plus haut en :a b c et d Samuel Blumenfeld, « Monsieur Klein, un double ambigu [archive] », sur Le Monde, (consulté le ).
- ↑ Le tableau du film — une petite toile sur châssis haute d'une trentaine de centimètres — semble une copie inspirée d'une œuvre d'Adriaen van Ostade conservée au Petit Palais à Paris. Cette composition représente un homme assez âgé coiffé d'un chapeau noir, assis près d'un grand livre ouvert où sont gravées des plantes. Le médecin examine attentivement le contenu d'un urinal, qu'il tient de la main gauche. La toile s'intitule Analysis (L'Analyse) [archive].
- ↑ Cinepsy, publié le 28 février 2013 par Pascal Laëthier. À propos de la scène du cabaret dans « Monsieur Klein », Losey affirme que son problème « était de présenter un spectacle antisémite qui ne serait pas pris pour argent comptant par les antisémites d’aujourd’hui ». Pour créer un sentiment d'étrangeté, Losey fait jouer la veuve par un homme travesti. En « voix off », une femme chante lentement le premier des cinq Kindertotenlieder de Gustav Mahler, « Nun will die Sonn' so hell aufgehn » (« Maintenant le soleil va se lever, si brillant »). Le personnage du Juif cupide présente un aspect caricatural, à la fois mutique et grotesque. La laideur de l’antisémitisme a pour effet que le pire antisémite ne voudrait pas s’y identifier. Losey filme la salle, détaille les visages et les regards des spectateurs. Bref, il tient à distance les éléments de la représentation. Il ajoute : « C’est une scène-clé du film, en ce qu’elle a des rapports avec la visite médicale de la Juive au début et avec tout le processus de la bureaucratie qui s’enchaîne… ».
- ↑ « Alain Delon : un monstre sacré et un rôle culte dans « Mr. Klein » [archive] », sur timesofisrael.com,
- ↑ Charles Dantzig et Samuel Blumenfeld, « M. Klein ou l’Enfer de la curiosité [archive] », sur radiofrance.fr, .
- ↑ Michel Ciment, Le livre de Losey – Entretiens avec le cinéaste – Édition définitive, Paris, Stock, , 487 p. (ISBN 2-85956-465-9), p. 384-398.
- ↑ Blog « Timesofisrael » [archive].
- ↑ Cineclap. La chanson « Tching-Kong » jouée au phonographe [archive].
- ↑ rafael, « Chagall – Le violoniste vert [archive] », sur LANKAART (consulté le )
- ↑ Cineclap : Spectacle antisémite avec l’affiche du film « Le Juif Süss » dans le décor sur scène [archive].
- ↑ Parallèle entre « Monsieur Klein » et « La Mort aux trousses » [archive].
- ↑ « Nos logos vous font remonter le temps [archive] », sur sncf.com (consulté le ).
- ↑ Mireille Biret, « La Seconde Guerre mondiale : L'Alsace pendant l'annexion (1940-1944) [archive] », sur Canopé (consulté le ).
- ↑ « 16 juillet 1942 : La rafle du Vél d'Hiv [archive] », sur herodote.net (consulté le ).
- ↑ « 16 juillet 1942 : Vélodrome d'Hiver [archive] », sur Mémorial de Yad Vashem (consulté le ).
Annexes
Bibliographie
- Denitza Bantcheva, « L'assassinat de Trotski, Monsieur Klein : une vision de l'Histoire », CinémAction, Télérama / Éditions Charles Corlet, no 96 « L'Univers de Joseph Losey », , p. 148-156 (ISBN 978-2-85480-991-6, ISSN 0243-4504).
- Martine Chard-Hutchinson, « M. Klein de Joseph Losey : le visage de l'Autre », CinémAction, Télérama / Éditions Charles Corlet, no 96, « L'Univers de Joseph Losey », , p. 157-163 (ISBN 978-2-85480-991-6, ISSN 0243-4504).
- (en) Ann Marie Condron, « Personal Identity, Power, and Contested Space in Joseph Losey's Monsieur Klein », dans Wendy Everett et Axel Goodbody (dir.), Revisiting Space : Space and Place in European Cinema, Berne, Peter Lang, coll. « New Studies in European Cinema », , 385 p. (ISBN 978-3-0391-0264-8), p. 171-186.
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source : wikipedia
photo : Roger Kasparian