"Ne cherchez pas le luxe dans les montres ou les bracelets, ne le cherchez pas dans les manoirs ou les voiliers, *le luxe c'est des rires et des amis, le luxe c'est de ne pas être malade, le luxe c'est la pluie sur le visage, le luxe c'est des câlins et des bisous*
Ne cherchez pas le luxe dans les magasins, ni dans les cadeaux, ne le cherchez pas lors des fêtes, ni lors des événements,
*Le luxe c'est que les gens vous aiment, le luxe c'est qu'ils vous respectent, le luxe c'est que vos parents vivent, le luxe c'est de pouvoir jouer avec vos petits-enfants, le luxe sont ces petites choses, qui ne s'achètent pas *"
Clint Eastwood acteur 94 ans.
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Clint Eastwood [klɪnt iːstwʊd]N 1, né le à San Francisco, est un acteur, réalisateur, compositeur et producteur de cinéma américain.
Autodidacte, il entre grâce à des amis au studio Universal où il interprète d’abord de petits rôles dans des séries B, puis l’un des rôles phares d'une longue série, Rawhide. Il est alors remarqué par Sergio Leone qui l’embauche pour la Trilogie du dollar (Pour une poignée de dollars, Et pour quelques dollars de plus et Le Bon, la Brute et le Truand). Devenu célèbre, il interprète de nombreux rôles, d’abord pour Universal, puis pour Warner Bros., notamment celui de l'inspecteur Harry dans les films de la série Dirty Harry (1971-1988). En 1968, il devient producteur avec la création de la société Malpaso et réalise son premier film en 1971, avec Un frisson dans la nuit. Il compte à son actif des films comme Impitoyable, Un monde parfait, Sur la route de Madison, Mystic River, Million Dollar Baby, Gran Torino, American Sniper ou encore Sully et La Mule.
D'abord connu pour ses rôles d'antihéros volontiers redresseur de torts et tragiques, dans des films d'action violents ou des westerns tels que L'Homme des Hautes Plaines ou encore Pale Rider, il a ensuite endossé des rôles plus touchants dans des films empreints d'un certain classicisme, influencés par le cinéma de John Ford et de Howard Hawks. Il est également connu pour ses comédies telles que Doux, dur et dingue et Ça va cogner.
Par sa longévité, sa richesse et ses nombreux succès, tant critiques que commerciaux, cette double carrière d'acteur et de réalisateur fait de Clint Eastwood une figure majeure du cinéma, tant au niveau américain qu'international. Il a été récompensé à de nombreuses reprises, remportant notamment quatre Oscars, cinq Golden Globes, trois César et la Palme d'honneur au Festival de Cannes en 2009.
Biographie
Origines
Selon Le Robert des noms propres1, le nom « Eastwood », vient du vieil anglais qui signifie « bois (wudu) de l'Est (ēast) ».
Clint Eastwood a toujours été mystérieux sur ses origines, sa vie privée et son passé. Eastwood est sélectif car il veut être celui qui sait sans divulguer. Lors d'interviews, il dévoile seulement la partie de son arbre généalogique qui met en valeur son imageN 2,L1 1. Pourtant, les origines d'Eastwood suivent de près l'histoire américaine. Ses ancêtres arrivent en Amérique du Nord au milieu du xviie siècle. Ils font partie des premiers colons à se lancer dans la conquête de l'Ouest. Sa famille se partage donc entre des membres installés à New York, dans l'Ohio, dans le Michigan, en Virginie, dans l'Illinois, en Louisiane, au Kansas, dans le Colorado, le Nevada, en Californie et enfin en AlaskaL1 2. Bien avant que Clint Eastwood naisse, sa famille est marquée par le monde du spectacle. Le premier Eastwood né en Amérique est Lewis Eastwood. Ses parents sont venus d'Angleterre ; ils sont toutefois d'origine irlandaiseL2 1,2. Bien qu'il ait déclaré à la presse être « le premier de la famille à avoir réussi »L1 3, Clint Eastwood est bien loin de la vérité : à la fin du xviiie siècle, Lewis Eastwood est devenu un entrepreneur renommé, classé cent troisième parmi les mille deux cents commissionnaires de la ville de New YorkL1 3. L'un des petits-fils de Lewis, Asa Bedesco Eastwood, l'arrière-grand-père de Clint, quitte la ville pour devenir mineur. C'est à cause de lui que le réalisateur a souvent montré, à travers ses films, une tendresse particulière à l'égard des mineurs, comme dans La Kermesse de l'Ouest (1969), L'Homme des Hautes Plaines (1973) ou encore dans Pale Rider, le cavalier solitaire (1985)L1 4. Habitué du commerce, Burr, l'un des fils d'Asa Bedesco, quitte sa famille pour travailler comme magasinier, emploi dans lequel il monte rapidement l'échelle socialeL1 5. Il épouse Jessie Anderson, une immigrante d'ÉcosseL1 5, qui lui donne deux fils, dont Clinton. Clinton se marie en 1927 avec Margaret Ruth Runner, une femme de la haute sociétéL2 1. Ils donnent naissance à un garçon qui leur dédie plus tard l'Oscar du meilleur film qu'il remporte pour ImpitoyableL1 6,3,4 :
« Cette victoire est simplement merveilleuse, je la décerne à toutes les personnes auxquelles je pourrais penser. […] Durant cette année de la femme, la plus grande femme sur la planète est ici ce soir — ma mère, RuthN 3. »
Clinton Eastwood Jr. est donc né le , au Saint Francis Memorial Hospital (en) de San Francisco. À cette époque, le nourrisson était déjà célèbre. Sa mère déclare au journal anglais News of the World : « C'était le plus gros bébé de la maternité. Il pesait 5,2 kg. Les infirmières s'amusaient beaucoup à le montrer aux autres mamans. Elles l'appelaient « Samson ». Il était tellement grandL1 7,5. » Il fut surnommé Clinton Jr. en hommage à son père, bien que son nom complet soit Clinton Elias Eastwood Jr6. Toutefois, il fut surnommé par ses parents « Sonny »N 4. Les liens familiaux sont forts chez les Eastwood, comme l'exprime Ruth lors de la naissance de son fils : « Je suis tombée amoureuse de lui dès qu'il est néL4 1 ! ». Et cet amour est largement restitué dans tous les films dans lesquels Clint Jr. est impliqué par la suiteL4 1.
Enfance
Grande Dépression
Ses différents attachés de presse ont, durant quarante ans, clamé que Clint Eastwood était originaire d'OaklandL1 8, ville ouvrière qui mettait en valeur la réussite d'Eastwood. Ce dernier a même déclaré dans une interview que s'il traitait si souvent les gens de « trous du cul » dans ses films, c'était probablement à cause de son enfance passée à OaklandL1 8. Toutefois, cette information n'est pas vraiment exacte. Dans la biographie écrite par Schickel publiée en 1996, on découvre qu'Eastwood a, en fait, grandi à PiedmontL3 1,L1 8 (cependant la petite ville résidentielle de Piedmont est totalement enclavée dans le territoire d'Oakland et peut donc être considérée comme faisant partie de l'agglomération d'Oakland). Schickel déclare que les Eastwood ont grandi dans une « modeste maison au toit couvert de bardeaux », mais il précise que « cette maison était [toutefois] située à la limite d'Oakland »L3 1. L'enfance de Clint Eastwood est marquée par la Grande Dépression et le passage au cinéma sonore. Les journaux locaux ne traitent guère de la crise. Toutefois le chômage ne cesse d'augmenter. Il atteint un taux de 28 % en Californie. Si Oakland, d'origine ouvrière, est très touchée par la Grande Dépression, Piedmont fait figure de banlieue chic où la crise n'a pas de réel impact sur la vie de tous les joursL1 8. Toutefois, les parents du jeune Eastwood quittent la région lorsque Clinton Sr. perd son emploi de commercial chez East Bay Refrigeration ProductsL1 9,7.
Selon les divers témoignages, Clinton Sr. se met en quête de travail partout où il y en aL4 2. Il déclare ainsi à son fils : « dans la vie, on n’a rien pour rien », ce que Clint Jr. n’a jamais contestéL4 2. C'est d'ailleurs peut-être de ce nomadisme que naît la future passion d'Eastwood pour les westernsL4 3. Il n'a ni diplôme universitaire ni qualification professionnelle. Les voyant découragés, le frère de Ruth, la mère de Clint Jr., les dépanne financièrement comme il peut. Il aide par ailleurs Clinton Sr. à trouver un emploi dans une usine de réfrigérateurs à SpokaneL1 9. Ce dernier enchaîne avec un travail de pompiste sur Sunset Boulevard qu'il obtient grâce à des amis. La famille s'installe alors à Pacific Palisades, un district de Los Angeles. C'est durant cette période que Clint Jr. manque de mourir noyé à l'âge de quatre ans et qu'il assiste à la naissance de sa sœur, Jeanne. L'enfance de Clint Jr. est ainsi marquée par des déménagements incessants dûs aux changements de travail de son père ; ils vont notamment à Sacramento et ReddingL1 10. Ces voyages durent près de six ans. Cependant, Schickel déclare dans son livre sur Clint Eastwood qu'« il n'y avait jamais ni panique ni désespoir dans ces déménagements. […] Quand la famille faisait ses paquets, M. Eastwood avait toujours retrouvé un emploi. Et à aucun moment Clint ne s'est senti délaissé ou abandonné durant cette périodeL3 1. ». Au milieu des années 1930, la mère de Clint Eastwood achète la maison de sa tante à Piedmont pour une somme dérisoireL1 10. En évoquant cette période, l'acteur déclare au journal Village Voice, en 1976, que « c'était une époque merdique ». Il précise au magazine Rolling Stone : « on n'était pas itinérants. […] C'était pas Les Raisins de la colère, mais c'était pas le luxe non plus »L1 10.
De retour dans sa ville natale, Clint Eastwood rend souvent visite à sa grand-mère, Virginia May Runner, jusqu'en 1937, date à laquelle cette dernière déménage vers une zone rurale, derrière les faubourgs Est d'Oakland. Malgré son départ, Clint Eastwood ne la perd pas de vue pour autant et va chez elle de temps en temps. C'est durant ces quelques séjours que Clint Eastwood apprend à monter à cheval. Il y apprend également les valeurs du sacrifice et du devoir :
« Grand-mère a eu plus d'impact sur ce que je suis devenu que n'importe quelle théorie de l'éducation. Elle vivait seule et était très autonomeL1 11. »
Premiers pas dans le monde artistique
Il est âgé de dix ans lorsque son père trouve enfin un emploi lucratif en tant qu'assureur à la Connecticut Mutual Life Insurance Co. C'est alors que la Seconde Guerre mondiale éclate. Clinton Sr. étant mobilisable, il devient tuyauteur sur des chantiers navals. Peu de temps après, l'économie prend un nouvel essor durant la guerre, et les Eastwood en profitent. La famille achète une résidence sur la Hillside Avenue, à quelques pas de l'école de Clint Jr. L'époque de sa vie qu'il qualifiait de « merdiqueL1 10 » est terminée.
Bien qu'appartenant à une famille tournée vers la religion, Clint Jr. n'est inscrit sur aucun registre de baptême et ne va jamais à la messe. Ce manque est certainement dû aux déménagements de son enfance. Lorsque David Frost lui demande si la religion est importante pour lui, Clint Eastwood répond : « Je ne souscris à aucune religion officielle. Mais j'ai toujours accordé beaucoup d'importance à ce genre de choses […]. Surtout quand je suis dans la nature. Je crois que c’est pour ça que j’ai tourné autant de films […] dans la nature. […] Je n'ai jamais vraiment réfléchi là-dessus à haute voixL1 12. »
Clint trouve son premier travail comme caddy sur un terrain de golf. Il distribue aussi le journal Oakland Tribune, tond des pelouses et emballe les courses des clients d'une épicerie locale pour se faire de l'argent de poche. En parallèle, sa vie scolaire n'est pas très épanouie : il change près de dix fois d'établissementL1 13. Il fréquente notamment les écoles Glenview, Crocket Highlands et Frank Havens School, toutes à proximité de PiedmontL1 13. À la deuxième d'entre elles, Eastwood suit un cours de photographieN 5, ce qui se révèle être son premier contact avec le monde artistique. Plus tard, au collège, Clint Eastwood découvre la comédie. Bien qu'il soit introverti, il est choisi parmi tous les élèves de sa classe pour interpréter le rôle principal d'une pièce par son professeur d'anglais, Gertrude Falk. Désastreux au début, il prend peu à peu confiance en lui et termine la pièce avec plusieurs rires appréciateursL1 14.
Il découvre le jazz grâce à sa mère qui collectionne des disques. De son côté, son père joue de la guitare et chante dans un groupe improvisé. Clint grandit ainsi en écoutant des morceaux de jazz et de rhythm and blues. Il commence lui-même à jouer de la clarinette, puis du piano. Il finit même par prendre des coursL1 15. Cela devient par la suite une de ses passions.
La période « rebelle »
Clint entre à l'école secondaire en 1945. Il est indifférent à l'éducation et doit suivre les cours de rattrapage pour pouvoir passer en deuxième annéeL1 16. Bien élevé et socialement avantagé, Clint Eastwood devient de plus en plus un « marginal » qui cherche à se montrer rebelleL1 16. Le personnage solitaire du collège est désormais entouré de plusieurs amis. Malgré son physique sportif, Eastwood n’est pas un bon athlète et ne s'investit pas dans les équipes sportives de l'école. Il déclare à ce sujet qu'il ne s'est « jamais vraiment impliqué dans les sports d'équipe, à cause de tous les déménagements »L1 17.
Après avoir validé sa première année à l'école secondaire de Piedmont, Clint Eastwood la quitte pour l'école technique. Les raisons de ce départ sont assez floues. Certains affirment que c'est à cause des cours de théâtre que dispensait l'école technique que l'acteur changea d'établissementN 6. D'autresL3 1 avancent que c'est l'absence de familles noires ou asiatiques qui poussèrent Clint Eastwood à partir et d'autresN 7 déclarent qu'il a quitté l'école à sa demandeL1 18.
Il finit son cursus dans cette école technique. Durant cette période, il obtient sa première voiture, alors qu'il n'avait pas l'âge légal pour la conduire. L'acteur avait deux priorités dans la vie : les voitures et les filles. Il assouvit sa passion avec ses copains, entre balades en voiture et flirt à l'arrièreL1 19. On remarque d'ailleurs qu'une fois sa société de production créée, il enchaîne les films sur ces thèmes : Le Canardeur (1974), L'Épreuve de force (1977), Honkytonk Man (1982), Pink Cadillac (1989) ou encore La Relève (1990). À l'école secondaire, plutôt que de suivre des cours de théâtre, Clint assiste à des cours de mécanique et d'aéronautique. Il ne pense alors pas à son avenir, préférant vivre aux côtés de ses amis plutôt que de travailler ses leçons.
En 1948, la famille Eastwood doit à nouveau déménager, à la suite d'une promotion de Clinton Sr. Il est nommé directeur de l'une des usines de la société, à Seattle. Ses parents laissent derrière eux Clint Jr., qui termine son semestre à l'école hébergé par Harry Pendleton, l'un de ses camarades. Ainsi, à dix-neuf ans, il obtient son baccalauréat américain, malgré une scolarité dissipéeL1 20,7, et demeure encore chez son camarade quelque temps. Entouré de son groupe d'amis, il est persuadé que la vie étudiante n'a aucun attrait. Il ne voit qu'un côté positif : faire la fête. Dans cette optique, il côtoie de nombreuses discothèques chaque fin de semaine. Un soir, alors qu'il rentre chez lui en voiture, accompagné de quelques amis, ils sont contraints de s'arrêter pour ne pas percuter des chevaux qui traversent la route. L'un d'entre eux reconnaît les chevaux : « Stop ! Je sais à qui ces chevaux appartiennentL1 21. » Tous descendent alors de la voiture et ramènent les chevaux à Howard Hawks. Clint croise pour la première fois Hawks, scénariste, réalisateur et producteur de nombreux films importants dans des genres très variés. « Ce fut la seule rencontre d'Eastwood avec Howard Hawks, qui était l'un de ses réalisateurs préférés […]. Il dit considérer Hawks, de même que John Ford et Anthony Mann, comme un des hommes qui ont beaucoup influencé son propre travail » écrit Janet Maslin dans un article du New York Times en 1993L1 22. Cependant, Clint n'échange aucune parole avec Hawks lors de leur rencontre.
Début de l'âge adulte[modifier | modifier le code]
Prémices de la collaboration avec Universal[modifier | modifier le code]
Au début de l'été 1949, Clint Eastwood part rejoindre sa famille à Seattle. Malgré son manque de qualifications, il se fait embaucher dans une usine de Weyerhaeuser Company à Springfield, dans laquelle il reste un an. Il enchaîne ensuite plusieurs petits travaux : il fait l'inventaire des pièces chez Boeing, conduit un camion pour Color Shake, puis est veilleur de nuit chez Bethlehem SteelL1 23. En parallèle, il suit une formation et obtient de la Croix-Rouge le diplôme de maître-nageurL1 24. Il reçoit en même temps sa convocation au service militaireL2 2, où ce diplôme se révèle précieux. Il décide alors de poursuivre des études supérieures de musique à la Seattle University. Les étudiants ne sont pas repris, à cause de l'engagement du général Lewis B. Hershey d'envoyer 30 000 hommes en quatre-vingt-dix jours en Corée. Clint fait appel auprès du conseil de révision pour obtenir un délaiL1 24, mais on le lui refuse.
Clint arrive le 20 mars 1951 à Fort Ord, le centre de réception des appelés, où des milliers de jeunes recrues arrivent pour renforcer l'armée du général Douglas MacArthur, qui souhaite mener une offensive vers le nord de la Corée. Son diplôme de maître-nageur lui vaut de ne pas partir en Corée, mais de devenir professeur de natation au campL1 25,L2 3. Il n'est pas envoyé en Corée grâce à la qualité de ses cours pour laquelle il termine caporal, et fait même l'objet d'une citation récompensant son mériteL1 26.
En sa qualité d'enseignant militaire, il lui est nécessaire de faire preuve de sang-froid et de témoigner d'un esprit de commandement qui lui sert par la suite, quand il devient réalisateur. Clint Eastwood déclare qu'une équipe de tournage, « c'est comme un peloton. Je guide le peloton vers l'endroit où il doit allerL1 27. » Fort Ord ressemble à une vraie ville : outre la caserne, on y trouve un centre de sport, une cantine, un hôpital, des magasins, des théâtres et des cinémas. Universal Pictures semble avoir entretenu une grande relation avec Fort OrdL1 27. Les nouveaux films y sont souvent montrés avant leur sortie nationale ; leur projection bénéficie même de la présence des acteurs et réalisateurs. Clint passe ainsi ses deux années de service, sans toutefois réellement entrer en relation avec une quelconque célébrité du monde du cinéma ; il réussit pourtant à s'ouvrir les portes des studios Universal.
En 1952, Clint Eastwood peut voter pour la première fois. À l'instar de toute sa famille, il s'oriente vers le Parti républicain et vote pour Dwight D. EisenhowerL1 28,L1 29. Il est entré en contact avec Universal International durant son service militaire, mais la manière dont cela s'est déroulé est assez floue. Plusieurs théories ont été proposées, et personne ne peut dire quelle est la bonne. La première d'entre elles a été publiée dans un communiqué de presse publicitaire du groupe, le : on y apprend que Clint a été découvert par un individu en visite au Fort Ord qui a remarqué son physique avantageuxL1 30. « Clint Eastwood a été découvert par le réalisateur Arthur Lubin durant le tournage de Francis chez les wacs à Fort OrdL1 30,N 8,7. » Le communiqué de CBS lors de la sortie de Rawhide est plus complet à ce sujet : « une équipe de tournage Universal International était en train de travailler à Fort Ord, en Californie. Un audacieux assistant-réalisateur remarqua le beau jeune homme de 1,95 mètre alors qu'il s'apprêtait à faire la queue pour la cantine. Il lui dit : « quand tu auras fini, passe faire un tour sur le plateau. Je voudrais que tu rencontres notre réalisateur ». Clint s'exécuta et le réalisateur fut tellement impressionné par son physique […] qu'il lui demanda de le rappeler à Universal dès qu'il aurait terminé son serviceL1 30,N 8. La deuxième théorie au sujet de cette rencontre est légèrement différente. Publiée par Schickel dans son livre, elle met en avant Chuck Hill, une recrue de Fort Ord, qui encourage Clint à se rendre à Los Angeles. Mais Clint ne fait rien. Les deux hommes restent en contact, et Hill obtient un jour un poste à Universal où il fait entrer en cachette son ami. Il le présente à un cadreur, Irving Glassberg, qui voit en lui la future vedetteL3 1,L1 31. La troisième théorie est avancée par Earl Leaf. Ce dernier affirme que Clint restait durant des heures assis sur un tabouret en espérant se faire remarquer, à l'image de Lana Turner, découverte sur un tabouret du bistro Schwab's. Un jour, ses espoirs se réalisent lorsqu'il rencontre une jeune standardiste qui le fait entrer à UniversalL1 32. Il semble que la première théorie, bien que déformée, se rapproche le plus de la réalitéL1 32.
La chance de Clint[modifier | modifier le code]
Plus tard, Clint Eastwood quitte Seattle, où il a mis enceinte une fille dont les parents fréquentaient les siens. Ses parents, scandalisés, fournissent à Clint la somme nécessaire pour payer l'avortement de la jeune fille, malgré le fait qu'il propose de l'épouserL1 33. Il promet alors à ses parents de devenir plus sérieux. Plus tard, il explique à ses amis que cet épisode fut « dévastateur » pour lui, que cette fille reste son seul « véritable amour ». Il décide donc de partir pour la Californie et entame une relation avec Margaret Neville Johnson, surnommée « Maggie ». Elle a travaillé comme secrétaire pour Industria Americana. Il a continué à voir d'autres femmes, y compris une collègue d'une petite compagnie de théâtre à Seattle, pendant son emploi d'été à Kennydale Beach Park. Malgré les liens qui se chevauchent, il épousa Johnson lors de Noël 1953 à Pasadena ; au moment de leur mariage, l'autre petite amie d'Eastwood à Seattle était enceinte de sept mois. Cette femme non identifiée a donné naissance à Laurie Eastwood Warren Murray le 11 février 1954 et a placé l'enfant en adoption8,9. L'existence de Laurie est restée secrète jusqu'en 2018.
Le Los Angeles City College est considéré comme le meilleur établissement de la ville pour apprendre la comédie ; il a notamment formé Kim Novak, Robert Vaughn ou encore James CoburnL1 34. D'ailleurs, beaucoup de studios y envoient leurs acteurs sous contrat, pour qu'ils poursuivent leur formation. Malgré cette réputation, Clint Eastwood ne va pas dans cette université pour suivre des cours d'art dramatique, mais pour y suivre une formation commercialeL1 34. Il étudie ainsi de septembre 1953 à février 1954. Mais au printemps, Eastwood décide d'abandonner ses études : en avril, grâce à des personnes rencontrées durant son service militaire, il est embauché chez Universal, où il signe un contrat de courte duréeL1 34. Malgré la récession qui sévit aux États-Unis, Universal semble s'en sortir en produisant de nombreux films à petit budget. Clint Eastwood est donc embauché comme « inconnu pas cher »L1 35, avec un salaire de 75 $ par semaine7. À cette époque, rien n'est encore gagné pour lui, qui n'a jamais appris à jouer la comédie.
En 1950, Sophie Rosenstein a créé la Universal Talent School où l'on apprend la comédie. Chaque année, plus de soixante personnes s'y présentent, dix seulement gagnent le droit de passer une audition et deux ou trois sont retenues pour faire un essai filmé. Le premier critère de sélection, à l'époque, est le physique. En rencontrant Clint, Arthur Lubin a déclaré qu'« il était tellement grand, mince et beau »L1 36. Il lui propose immédiatement de faire un essai filmé, mais Eastwood, n'ayant aucune expérience du métier d'acteur, ne sait pas où se positionner ni ce qu'il doit faireL1 37. Malgré cet essai décevant, Lubin lui affirme qu'« il faut persévérer » et lui suggère de s'inscrire à l'école d'art dramatique du studioL1 37. C'est ainsi qu'Eastwood obtient son contrat avec la société Universal. Signé le , le contrat stipule que le studio bénéficie de ses « services exclusifs à titre d'artiste pour ce qui est du cinéma, des apparitions personnelles et des productions théâtrales, radiophoniques et télévisuelles »L1 37. Le contrat dure vingt semaines, avec un salaire de 100 $ par semaine et la possibilité d'être prolongé.
Clint se montre bon élève dès les premières semaines : s'il n'a pas toujours de bonnes notes, il est consciencieux et attentif, ce que relèvent les professeurs qui le considèrent comme l'un de leurs meilleurs élèvesL1 38. Toutefois, sa réussite se limite aux cours ; lorsque Eastwood joue, il demeure froid et rigideL1 39. D'ailleurs, lorsqu'il passe sa première audition pour jouer dans le film La police était au rendez-vous (Six Bridges to Cross) de Joseph Pevney en , il n'obtient aucun rôleL1 40. Il tente, sans succès, de jouer des scènes tirées de Brigadoon, Tessa, La Nymphe au cœur fidèle ou encore de Sept ans de réflexion pour montrer aux directeurs de casting ce qu'il vaut. Il se rabat alors sur le doublageL1 40. Il travaille ainsi sur La Révolte des Cipayes, Le Signe du païen, Le Fleuve de la dernière chance et sur Deux nigauds et les flicsL1 40.
Une carrière naissante
L'ayant remarqué à Universal lorsque Lubin travaillait sur son film Francis chez les wacs, Jack Arnold décide d'engager Eastwood pour les besoins du tournage de La Revanche de la créature. Il y joue le petit rôle d'un laborantin, Jennings, qui assiste un médecin (John Agar) qui mène des recherches sur un monstreL1 41,N 9. Durant les années 1950, il obtient plusieurs rôles, mais toutes ses apparitions sont insignifiantes pour l'intrigueL1 42. C'est alors que le jeune Eastwood et sa femme, Maggie, déménagent dans un appartement à la Villa Sands, sur Ventura Boulevard, pour être plus proches des studios UniversalL1 43. Ils y côtoient des jeunes célébrités telles que Gia Scala, Anita EkbergN 10 ou encore Lili KardellL1 43. Eastwood est alors un ami proche de Scala et de Kardell, toutes deux également comédiennes de la Talent School. La période rebelle est oubliée, Clint essaye désormais de réussir sa vie.
Clint Eastwood apparaît à l'écran moins souvent que ses collègues de la Talent School. On le voit dans quelques films, mais sa présence est à peine remarquable. On le retrouve dans Ne dites jamais adieu, Brisants humains ou encore dans Les Piliers du ciel et La corde est prêteL1 44. Il participe, sans être toutefois crédité, aux films Le Cavalier au masque, El Tigre, La Danseuse et le Milliardaire (Ain't Misbehavin'), Les Forbans, L'Enfer des hommes, La Jungle des hommes, Coup de fouet en retour (Backlash) et Benny GoodmanL1 45. Si Universal l'utilise, Clint en tire profit et observe durant son apprentissage toutes les étapes de la fabrication d'un film.
En , son contrat avec Universal est sur le point d'expirer. Eastwood est persuadé que la société le renouvellera. Aussi, en rentrant de deux semaines de vacances qui lui avaient été accordées avec sa femme, il est face à une désillusion : son contrat et celui de deux autres personnes n'ont pas été reconduitsL1 46. Cet échec renforce sa détermination à continuer sa carrière dans le cinéma. Son amitié avec Lubin demeure inchangée : celui-ci l'invite souvent à dîner ou à voyager en sa compagnie, lui offre des costumes ou lui prête de l'argent. Le réalisateur étant homosexuel, certains pensent même qu'Eastwood l'est égalementL1 46. Sa femme, jalouse de cette relation, demande à Clint de ne plus jamais revoir Lubin. Toutefois, les deux hommes restent en contact. Lubin offre à Eastwood le plus grand rôle de sa carrière à l'époque, et sa première apparition au générique : celui d'un officier qui recrute pour la brigade des Rough Riders dans La VRP de choc (First Traveling Saleslady)L1 47.
Il enchaîne avec un petit rôle, toujours pour Lubin, comme pilote dans Escapade au Japon (Escapade in Japan) et des apparitions à la télévision. Eastwood essaie en vain d'obtenir un contrat avec la Warner Bros., avec la Paramount Pictures ou encore avec la 20th Century FoxL1 48. C'est en 1959 qu'il réussit enfin à obtenir un grand rôle, dans la série télévisée Maverick. Il interprète le rôle d'un méchant qui essaye d'épouser une fille riche pour son argentL1 48. Toutefois, il est loin de s'épanouir grâce à son travail ; c'est Maggie Johnson, sa femme, qui, grâce à son emploi comme mannequin, permet à la famille de subvenir à ses besoins.
Il obtient en revanche une place dans C'est la guerre (Lafayette Escadrille) de William A. Wellman et un rôle, bien plus important que le précédent, dans Ambush at Cimarron Pass, western réalisé par Jodie Copelan. Il y incarne un soldat sudiste qui explore la frontière à la recherche de trafiquants d'armes. Considérant Ambush at Cimarron Pass comme la « pire étape de sa carrière »L1 49, et abattu par le manque de succès, il est prêt à abandonner le cinémaL1 50. Lorsqu'il assiste à une projection du film avec sa femme, il lui déclare : « Je vais arrêter. Il faut vraiment que j'arrête. Il faut que je retourne à l'école. Je dois commencer à faire quelque chose de ma vieL1 50 ». Après avoir été brièvement sous contrat avec la Marsh Agency, il trouve un nouvel agentL1 51, Bill ShiffrinL1 50.
Universal et United Artists
Un succès imminent
Shiffrin remarque la carrure d'Eastwood et l'estime parfait pour un casting dont il a entendu parlerL1 52. Ce casting est organisé par CBS Corporation pour les besoins d'un feuilleton, un western diffusé en épisodes d'une heure. En entrant dans les locaux de la société, un cadre du nom de Robert Sparks le remarque et lui demande : « Combien mesurez-vous ? ». À quoi Eastwood répond « 1,95 mètre »L1 53. Le cadre l'invite alors à le suivre dans son bureau. Eastwood y rencontre pour la première fois Charles Marquis Warren, le producteur de la sérieL1 53. Le lendemain, son agent lui annonce qu'il doit passer des essais, consistant à lire un monologue d'Henry Fonda issu de L'Étrange Incident. Clint pense avoir raté sa prestation, mais Shiffrin le contacte une semaine plus tard pour lui annoncer qu'il a obtenu le rôleL1 54. Il incarne un cow-boy nommé Rowdy dans une série ayant pour thème la transhumanceL1 55. Si le tournage débute bel et bien10, sa programmation reste un temps incertaine, à tel point que Clint craint de voir sa carrière compromiseL1 56. Un télégramme reçu à la fin de l'année annonce cependant la diffusion imminente de Rawhide et la reprise du tournage dès le mois suivantL1 56.
Eric Fleming interprète le premier rôle de Rawhide, ce qui n'empêche pas Eastwood de se considérer comme la vedette ; il en parle comme de « ma série » à ses amisL1 57. Les deux acteurs, lors du premier jour de tournage, en Arizona, en viennent même aux mains. Toutefois, Eastwood, en public, marque toujours un certain respect pour Fleming et se rapproche, tout au long du tournage, d'un certain nombre d'artistes comme Charles Marquis Warren et Paul BrinegarL1 58. Si le rôle d'Eastwood, qui incarne l'homme fougueux sans grande expérience, est d'abord secondaire à celui de Fleming, dans la peau d'un grand frère compatissant, le personnage incarné par Fleming perd progressivement en importance au profit de celui d'Eastwood. Cette évolution se ressent surtout lors du premier épisode de la deuxième saison présenté par Rowdy, qui déclare : « je suis Rowdy Yates, bouvier de cette bande… »L1 59.
Si Fleming demeure la star de la série, Eastwood monte dans l'estime du public, et son nom commence à être connuL1 60. Son salaire s'élève désormais à 750 $ par épisodeL1 61, lui permettant de quitter la Villa Sands pour une maison à Sherman OaksL1 62. Il incarne pour l'Amérique le fils idéal, le « petit »L1 60, ce qui ne plaît pas trop à Eastwood. En effet, Rowdy incarne le « jeunot », l'adolescent, alors que Clint va avoir trente ans en 1960 ; d'ailleurs, le nom « Rowdy » peut se traduire par une personne turbulente, chahuteuse11. Clint le surnomme « le Crétin des plaines »L1 60,12. Son salaire lui permet d'investir : il achète nombre de voituresL1 61 et de propriétésL1 63, telles que « Mal Paso » et une autre près de Monterey. Grâce à Rawhide, Clint Eastwood réalise sa première interview en 1959 :
« Il faut toujours se vendre. Il faut vanter partout les mérites de ce produit que l'on est. Il faut croire en soi de la même façon qu'un VRP croit en son aspirateur. C'est difficile, mais si vous ne le faites pas, personne ne peut savoir ce que vous valez. À Hollywood, on ne peut se permettre d'être humble que quand on est déjà devenu une starL1 63. »
En plus de son jeu d'acteur, le producteur de la série demande à Clint Eastwood de jouer de la guitare et d'interpréter A Drover's Life ; et, dans un autre épisode, de monter sur les planches d'un saloon et de chanter Beyond the SunL1 64. Si le jazz avait bercé son enfanceL1 15, c'est désormais la country qui l'intéresse. Il lance ainsi sa carrière musicale. En 1959, Clint enregistre son premier album sous le label Cameo qu'il intitule Cowboy FavoritesL1 65. Toutefois, le succès de l'album est très limitéL1 65. Il s'essaie à plusieurs autres reprises dans la musique, mais ses tentatives sont relativement mal accueillies.
En 1959, pendant la deuxième saison de Rawhide, Eastwood entame une liaison avec la cascadeuse Roxanne Tunis. Le 17 juin 1964, elle donne naissance à leur fille : Kimber Eastwood. L'existence de l'enfant est restée secrète jusqu'en 1989. Roxanne Tunis est décédée à 93 ans en 202313,14.
De Rawhide au Western spaghetti
Dès la troisième saison de Rawhide, les journaux de Hollywood soulignent à quel point Eastwood est l'atout de la sérieL1 66. Cependant, depuis la signature du contrat, CBS empêche l'acteur d'accepter une quelconque apparition dans une autre production. Dans une interview publiée à l'époque dans le Hollywood Reporter, Clint déclare : « Je me prépare à me faire renvoyer, ce qui signifie que je ne pourrai plus travailler ici, mais j'ai reçu des propositions de Londres et de Rome pour des films qui devraient me rapporter plus d'argent en une année que ce que j'ai touché pour Rawhide en trois ansL1 66. » Toutefois, selon l'agent de l'acteur, Ruth Marsh, Eastwood mentait. Il n'avait reçu aucune proposition, et son interview n'avait qu'un but : une augmentation de salaireL1 66. Les seules propositions qu'il reçoit à l'époque se limitent à de courtes apparitions dans des programmes télévisésL1 66.
En 1964, confronté au déclin de Rawhide, Fleming se voit proposer un rôle dans un western italien tourné en Espagne : The Magnificent Stranger. L'acteur, qui a d'autres ambitions, rejette cependant l'offre et, par le biais de Irving L. Leonard, passe la proposition à ClintL1 67. Au début, Eastwood manifeste son désintérêt pour ce qu'il considère comme un petit rôle dans un western étranger et refuse de lire le scénarioL1 68. Encouragé par Irving, il s'exécute néanmoins et remarque une « intrigue intelligemment construite », ainsi qu'une similitude avec Le Garde du corps d'Akira KurosawaL1 69. Eastwood se décide finalement à postuler pour le rôle de l'homme sans nomL1 70. Les producteurs, qui ne connaissent pas Clint Eastwood, sollicitent l'avis de Richard Harrison, un acteur américain installé en Italie et qui avait lui-même refusé le rôle : il leur confirme qu'Eastwood serait un interprète convaincant15. Eastwood est finalement embauché pour tenir le rôle principal de Pour une poignée de dollars et signe le contrat pour 15 000 $L1 70,N 11,L2 4. À la fin du tournage, durant le montage, le réalisateur Sergio Leone ne sait pas encore ce que va donner le film et ne se fait aucune illusion sur le rendu finalL1 71.
Tandis que la septième saison de Rawhide est diffusée, en 1965, Leone termine le montage de son film. Lorsqu'il montre le résultat final à ses associés, l'un d'eux, Duccio Tessari, lui déclare qu'il s'agit d'un « très bon film »L1 72. Ce dernier connaît pourtant un démarrage compliqué. Lorsque Leone se rend au marché du film de Sorrente, aucun grand distributeur ne veut prendre de risque pour un western réalisé par un inconnuL1 73. Pour une poignée de dollars n'est finalement projeté que dans une seule salle ; après deux très mauvais jours, il fait salle pleine. En Italie, le film rapporte 3 000 000 000 de liresN 12. Les critiques, italienne comme américaine, sont très élogieuses et le western est vu comme le succès inattendu de l'annéeL1 73. Eastwood devient alors une véritable star en Italie16.
« L'Homme sans nom »
Article détaillé : L'Homme sans nom.
Fort de son succès, Leone propose à Eastwood un rôle dans une suite de son film. Le budget alloué augmente largement. Leone engage Luciano Vincenzoni pour l'écriture du scénario. Le titre choisi est Et pour quelques dollars de plus (Per qualche dollaro in più). Au même moment, Sophia Loren vient de proclamer Eastwood « la plus grande star masculine d'Italie »L1 74. Si le premier volet a consolidé l'image d'Eastwood en Amérique, ce deuxième lui donne une certaine notoriété mondiale, puisque le film est distribué à l'étranger sur décision de la United ArtistsL1 75. Leone et Eastwood poursuivent ensuite leur collaboration avec Le Bon, la Brute et le Truand. Entretemps, Dino De Laurentiis engage Clint pour un petit rôle dans un film à sketchs, Les Sorcières (Le Streghe), sous la direction de Vittorio De SicaL1 76. Durant le tournage de Le Bon, la Brute et le Truand, Eastwood gagne en assurance. Il s'affirme au sein de l'équipe de tournage et parle même de se mettre prochainement à son compte pour tourner ses propres films, en tant que producteur ou réalisateurL1 77. Pourtant, sa collaboration avec Leone est des plus fructueuses : Le Bon, la Brute et le Truand est le volet le plus rémunérateur de la trilogie, rapportant 8 000 000 $ en coûts de locationL1 78,17.
Toutefois, le succès de la trilogie est surtout européen. Aux États-Unis, elle est quelque peu critiquée et Eastwood a du mal à se faire embaucherL1 79. Les attachés de presse de la United Artists déclarent que « les producteurs américains faisaient désormais la queue pour s'offrir les services de Clint », mais c'est loin d'être le casL1 79. On lui propose un jour Pendez-les haut et court (Hang 'Em High), écrit par Mel Goldberg et Leonard Freeman. Il se montre réticent mais, face à une forte insistance de Leonard Irving, finit par accepter. Le film est une coproduction d'United Artists et Malpaso, société créée par Eastwood lui-mêmeL1 80. Il est le principal actionnaire de la firme et a, par ce biais, un certain contrôle sur les films dans lesquels il apparaît : choix du script, des principaux acteurs et du réalisateur. C'est ainsi que Ted Post, un vieil ami de Clint, assure la réalisation de Pendez-les haut et courtL1 81. »
Ce dernier film est le quatrième western dans lequel Eastwood apparaît. Cependant, c'est le premier à être véritablement apprécié par la critiqueL1 82. Le New York Post déclare qu'il s'agit d'un « western de qualité, plein de courage, de périls et de passion »L1 82. Le film est également une réussite au box-office : lors de son premier jour, en , le film rapporte 5 241 $, ce qui se révèle être la meilleure première de toute l'histoire d'United Artists à l'époque, y compris les James BondL1 82. En deux semaines, le film est déjà rentable pour les sociétés de productionL1 82. Variety rapporte qu'United Artists considère le succès du film comme une juste récompense pour ses trois ans de collaboration avec EastwoodL1 82. Le magazine rajoute ensuite que le nom d'Eastwood est désormais synonyme de succès au box-office.
En dépit de ces succès, United Artists est à l'époque une « petite » société, et les productions ne s'y enchaînent pas comme à Universal. Eastwood, qu'aucune clause d'exclusivité ne lie à UAL1 83, signe un nouveau contrat avec Universal, avec un salaire à plus du double de celui d'UA. Ce dernier lui assure le premier rôle dans le prochain long métrage de Don Siegel, Un shérif à New YorkL1 83. Clint désire incarner un « connard héroïque », selon ses mots, cherchant à se distinguer de ses précédents rôlesL1 84.
Clint, col bleu : un nouveau genre
Le , quelques mois avant la sortie du film Un shérif à New York, Maggie Johnson accouche de leur premier enfant : Kyle Eastwood. Cela faisait plusieurs années que Maggie souhaitait avoir un enfant, sans jamais y parvenirL1 85. Si Clint se dit très fier de ce nouveau venuL1 86, ses obligations professionnelles ne lui permettent pas d'en profiter longtemps, ce dont son épouse a l'occasion de se plaindreL1 87. Cette période de sa vie est sans doute la plus active. Il accepte de tourner dans le film Quand les aigles attaquent de Brian G. Hutton malgré un salaire plus bas qu'à l'accoutumée. Ce film lui permet d'affirmer sa position en Europe et de changer de genreL1 86,N 13. Par la suite, il accepte un rôle dans La Kermesse de l'Ouest (1969), un nouveau film qui se démarque de tous les autres puisqu'il s'agit d'un film musical. C'est une adaptation d'un spectacle de Broadway sur la ruée vers l'or. Le rôle d'Eastwood a été spécialement créé pour l'acteur, car absent du script originalL1 88.
Fin 1969, Leonard Irving, le président de la Malpaso et conseiller financier d'Eastwood, meurt. Cet événement a un effet néfaste sur l'acteur. Leonard est remplacé chez Malpaso par Bob Daley, un vieil ami de Clint, et Roy Kaufman devient son conseiller financierL1 89. Durant cette période, l'acteur se lasse d'Universal qui ne lui propose que des films dont le script est platN 14. Par ailleurs, le contrat signé entre la Malpaso et Universal stipule qu'en cas de désaccord majeur entre les deux sociétés, Universal a le dernier mot. Eastwood n'aime pas ce sentiment d'emprisonnement. Le premier différend entre les deux sociétés survient avec leur coproduction de 1970 : Sierra torride. Personne ne se met d'accord sur le scriptL3 2. Le contrat a été signé avant le succès de Pendez-les haut et court et Un shérif à New York, et Eastwood ne peut plus revenir en arrière. Lors de la signature, il devait donner la réplique à Elizabeth Taylor, mais c'est Shirley MacLaine qui est finalement retenue. Taylor souhaitait tourner en Espagne, ce qu'approuvaient Eastwood et Siegel, mais pas UniversalL1 90. Finalement, la critique est moins généreuse avec ce film. Le meilleur commentaire paraît dans le New York Times : « il est néanmoins bon, et il reste dans la mémoire »L1 91. Sierra Torride fait tout de même partie du classement des mille meilleurs films de tous les temps, publié dans le The New York Times Guide to the Best 1000 Movies Ever Made18.
Ensuite, Eastwood ne dispose que de quelques mois pour profiter de son fils avant de repartir sur le tournage de De l'or pour les braves, qui se révèle exténuant pour lui. C'est le dernier contrat qu'il passe hors MalpasoL1 92. Il enchaîne avec Les Proies, réalisé par Don Siegel durant l'hiver 1969L1 93. Eastwood incarne un jeune soldat nommé McB qui se réfugie dans un pensionnat de filles, qu'il charme une à une en leur racontant des mensonges. Un critique parisien, Pierre Rissient, propose d'organiser la première du film au Festival de Cannes 1971. Mais Hollywood étant peu à l'aise à Cannes à l'époque, Universal refuse cette offre, bien qu'Eastwood la trouve génialeL1 94. À la fin de sa distribution aux États-Unis, le film ne fait pas de bénéfice, rapportant à peine 1 000 000 $L1 94. Rissient, toujours enthousiasmé par Les Proies, s'arrange cependant pour que des critiques français le voient avant sa sortieL1 95. Après la première à Paris, Paris Match en publie une critique élogieuse, le trouvant « étrange et violent, comme les nouvelles d'Ambrose Bierce »L1 96.
Débuts comme réalisateur
En 1970, Eastwood perd son père, Clinton Eastwood, qui meurt d'une crise cardiaqueL1 97. Il abandonne durant plusieurs semaines son projet suivant, Un frisson dans la nuitL1 98. Quand il revient, Eastwood ne boit plus d'alcool fort et fait davantage attention à sa santé. Voici les propos de Fritz Manes sur cette époque de sa vie :
« Il a été complètement dévasté par la mort de son père, et ce parce que c'était la seule mauvaise chose qui lui était jamais arrivée dans la vie. Jusqu'ici les problèmes qui survenaient étaient toujours réglés à la fin de la journée. Il n'arrivait pas à comprendre ce qui lui arrivait. Il l'a pris comme une affaire personnelle — comme si on lui avait fait quelque chose, à lui, personnellement. Il a mis beaucoup de temps à s'en remettre, et Bon Dieu, il a bien failli s'effondrerL1 98. »
Un frisson dans la nuit, le dernier projet qu'ait conclu Leonard Irving avant de mourir, est le premier film d'Eastwood en tant que réalisateur ; il y joue également le rôle principal. Ce film lui permet d'aborder le thème du jazz, et d'explorer une nouvelle fois la psychose sexuelle, après Les Proies qui met en scène un soldat qui devient l’objet du désir de plusieurs femmes, ce qui lui permet de survivre avant de succomberL1 98. La mort de son père a un impact sur le style visuel du film, très sombre et mélancoliqueL1 99. Rissient, qui est devenu représentant européen de l'acteur, organise une projection du film et la première rétrospective de l'œuvre d'Eastwood au Festival du film de San Francisco en 197119,L1 100. Cette première apparition dans un festival n'est pas une réussite : Eastwood n'est en particulier pas très apprécié des féministes, mais cela n'empêche pas le film d'être accueilli chaleureusement lors de sa sortie en sallesL1 100.
La même année, Current Biography estime les recettes totales des films d'Eastwood sur le marché mondial à environ 200 000 000 $, tandis que Life consacre Eastwood « star du cinéma la plus populaire du monde »L1 101. À cette époque, Eastwood n'a plus de projet de films, jusqu'à ce que Jenning Langs lui présente le script de L'Inspecteur HarryL1 102. C'est l'histoire de Harry Callahan, un policier de San Francisco déterminé à arrêter un meurtrier psychotique par tous les moyens. Frank Sinatra, un temps pressenti pour interpréter le rôle principal, laisse finalement sa place à EastwoodL1 103.
Le tournage s'avère difficile au début. Il comprend de nombreuses cascades périlleuses, complexes à mettre en placeL1 103. Par ailleurs, Siegel, grippé, doit s'absenter plusieurs jours du tournage : Eastwood décide de prendre sa place pour diriger le film lui-même durant son absence. L'Inspecteur Harry est clairement opposé à l'avertissement Miranda qui vise à informer un suspect de ses droits constitutionnels avant un interrogatoireL1 104,21.
Harry Callahan symbolise pour l'Amérique un nouvel essor, un renouveauL1 105 : à l'époque, alors que la police est contestée et que la guerre du Viêt Nam risque d'être une défaite, il incarne le héros dont les Américains ont besoin. En décembre 1971, le film sort en salle (début 1972 en France). Il se hisse très rapidement en tête du box-office, pour finalement rapporter en fin d'exploitation plus de 53 000 000 $L1 106. Grâce à ce film, Eastwood devient la célébrité d'Hollywood la plus lucrativeL1 106. Malgré quelques mauvaises critiques, il est généralement très bien accueilli. Au moment de la sortie de L'Inspecteur Harry, Richard Nixon annonce au peuple américain qu'il compte se présenter une nouvelle fois aux élections présidentielles. Eastwood déclare qu'il soutient Nixon, et est invité à plusieurs repas officielsL1 107. C'est ainsi qu'il se voit offrir un mandat de six ans au National Council of the ArtsL1 108, un organisme consultatif sur les subventions fédérales à apporter aux initiatives artistiques, bien que le nom de Cesar Romero ait d'abord été avancé. À son nouveau poste, Eastwood privilégie les petits artistes américains, notamment ceux du milieu du jazz. Néanmoins, selon les archives du conseil, il ne participe pas souvent aux réunions organiséesL1 109 : il n'assiste qu'à cinq des vingt-cinq réunions entre 1972 et 1976L1 110. C'est en raison de ce manque d'assiduité qu'on demande à Eastwood de démissionner avant le terme de son mandatL1 110. Son film suivant, Joe Kidd (1972), relève du même style que les précédents : un homme solitaire tente de faire la loi. L'histoire originelle s'inspire de la vie d'un leader passionné de la lutte pour la terre, Reies Lopez Tijerina, mais Elmore Leonard l'a sensiblement modifiée pour que le personnage d'Eastwood devienne le hérosL1 111.
Clint Eastwood décide de passer pour la deuxième fois derrière la caméra avec L'Homme des Hautes Plaines. C'est le premier western qu'il tourne lui-mêmeL1 112. Ce film est très proche, par l'intrigue et la mise en scène, de ceux tournés avec Sergio Leone : un étranger arrive dans une ville et il est engagé pour la protéger de trois méchantsL1 113. Dans la scène finale, Eastwood fait un clin d'œil à trois de ses principales collaborations : alors qu'il part à cheval, on voit, gravés sur des pierres tombales, les noms de Don Siegel, Sergio Leone et de Brian G. Hutton. Eastwood déclare à la presse qu'il « enterre [ses] réalisateurs »L1 113. Cette même année 1972, sa femme donne naissance à leur deuxième enfant : Alison Eastwood. Eastwood fait figure de mari modèle depuis bien des années, mais ses conquêtes ne passent plus inaperçues aux yeux de la presseL1 114.
Premières années de collaboration avec Warner Bros
Premiers films chez Warner Bros.
Juste avant la sortie en salles de son dernier film, Eastwood contacte Elmore Leonard pour lui demander s'il a un nouveau script en tête, quelque chose de similaire à l'Inspecteur HarryL1 115. Leonard lui propose un script dans lequel un cultivateur d'artichauts qui vit à Castroville refuse de céder face à une association de malfaiteurs qui veut lui extorquer de l'argentL1 116. Eastwood refuse ce projet, surtout parce que Castroville est bien trop proche de Carmel où il vitL1 116. Elmore Leonard parle toutefois d'une suite de L'Inspecteur Harry à Clint qui met tout en œuvre pour voir le projet écloreL1 116. Entre-temps, Jo Heims lui propose un tout autre rôle : celui d'un agent immobilier propulsé dans une relation avec une fille « libérée »L1 116. Il accepte de le mettre en scène et Breezy est tourné en 1973. Le film ne rencontre ni le succès critique, ni le succès commercialL1 117.
Dans le même temps, la Warner annonce qu'Eastwood doit reprendre le costume de L'Inspecteur Harry pour une suiteL1 118. Dans Magnum Force, son titre définitif, Harry gagne en charme, et il a désormais une relation avec une femme. Ce deuxième film comporte une intrigue plus simplisteL1 118. Durant le tournage, Eastwood, également producteur du film, s'oppose souvent au réalisateur, Ted Post, car il veut économiser le budgetL1 119. Lors de sa sortie en salle, le film est dénigré par les critiquesL2 5, mais réalise un meilleur score au box-office que L'inspecteur Harry, rassemblant en fin d'exploitation plus de 39 000 000 $.
Stan Kamen propose ensuite à Eastwood un nouveau script : Le Canardeur. C'est l'histoire d'un braqueur de banques, vétéran de la guerre de Corée, qui cherche à garder une longueur d'avance sur les membres de son groupe. Il se lie d'amitié avec un autre homme, surnommé « Pied de biche », durant un voyage. Ensemble, ils vont récupérer l'argent qu'a déjà caché le braqueur avant que quelqu'un ne s'en empare. Kamen refuse de vendre le projet si son auteur, Michael Cimino, n'en est pas le réalisateurL1 120. Eastwood accepte de rencontrer Cimino, qui n'est autre que le scénariste de Magnum Force, et ils s'entendent sur le projet. La Warner refuse au dernier moment de le produire, le trouvant trop atypique pour EastwoodL1 121, mais la United Artists reprend l'affaire. Clint n'apprécie pas beaucoup ce film parce que Jeff Bridges lui vole la vedetteL1 122 ; d'ailleurs, Bridges est nommé pour un Oscar et pas Eastwood.
Eastwood tourne ensuite, en tant que réalisateur et acteur, La Sanction, une adaptation du roman de Trevanian The Eiger Sanction, qui met en scène un universitaire spécialiste en histoire de l'art à qui l'on demande de reprendre du service en tant que tueur à gages, son ancien métier, pour exécuter une dernière mission en échange du tableau d'un grand artisteN 15. Le tournage a lieu dans les Alpes suisses, sur le site du mont Eiger, ainsi qu'à Monument Valley au niveau du Totem Pole22,N 16. Les conditions sont extrêmes et l'impatience d'Eastwood met en danger plusieurs techniciensN 17,L1 123. Lors de sa sortie, le film est boudé aussi bien par la critique, qui le qualifie par exemple de « farce grotesque »L1 124, que par le publicL1 124.
Prémices d'une longue collaboration
Frank Wells, le vice-président de la Warner Brothers, apprécie beaucoup Eastwood. Sa société détient par ailleurs tous les droits sur la saga de l'Inspecteur Harry. Clint Eastwood, à cette époque, est déçu de son film précédent, qui n'a pas marché, alors qu'il misait beaucoup dessusL1 124. Wells le persuade alors de signer avec la Warner, en , un contrat très avantageux. Le studio s'engage à tirer un grand nombre de copies des films d'Eastwood, et à les accompagner de campagnes publicitaires sans précédent. De plus, Eastwood peut enfin se prononcer sur la stratégie publicitaire à adopter, et sa société, Malpaso, gagne en importanceL1 125,L2 6.
Leur première collaboration, dont Malpaso fournit le projet, est Josey Wales hors-la-loi. Eastwood engage Philip Kaufman pour l'écriture du scénario et la réalisation, mais celui-ci est renvoyé au bout de quelques jours23,L1 126. Les deux hommes ont des avis très divergents et la méthode de prise de vues de Kaufman ne convient pas à l'acteur. Eastwood prend dès lors les commandes de la réalisation. Cette affaire fait beaucoup de bruit en Amérique, et mécontente la Directors Guild of AmericaL1 126 qui édicte une règle, baptisée la « règle Eastwood », pour punir ce genre d'actions24. Finalement, à sa sortie, le film est apprécié par la critique. Il est aujourd'hui considéré comme « l'une de ses œuvres les plus profondes, les plus personnelles »L1 127. Cette bonne réception est en partie due à l'ampleur de la campagne publicitaire et aux invitations luxueuses offertes aux critiquesL1 128.
Gail Morgan Hickman et S. W. Schurt, deux anciens élèves de l'école secondaire d'Oakland et grands admirateurs d'Eastwood, lui proposent un script de cent dix pages de leur invention. La Warner considère que l'intrigue a un bon potentiel, mais que le scénario nécessite une réécriture. Alors, Eastwood renvoie le texte aux deux jeunes, qui passent beaucoup de temps à retravailler leur histoire, pour finalement rendre un travail plus mauvaisL1 129. Avec cette perte de temps, Eastwood perd son statut de numéro un au box-office, et en même temps six mois de production qui lui coûtent cher. Le script devient la nouvelle suite des aventures de Harry Callahan, cette fois opposé à un groupe de terroristesL1 129. Eastwood engage Stirling Silliphant, qui vient de terminer une collaboration avec Don Siegel, pour adapter le scénario. La proposition majeure qu'il fait est d'associer Callahan avec une femme et son histoire s'intitule L'inspecteur ne renonce jamais, titre du nouvel épisode de la saga. Par ailleurs, si Eastwood est pressenti pour la réalisation, c'est James Fargo, à la surprise générale, qui occupe finalement le posteL1 130. En fin de compte, le film est un grand succès, avec une recette de 46 236 000 $ aux États-Unis. Le côté féministe d'Eastwood est très apprécié, même s'il est élu « pire acteur de l'année » par Harvard LampoonL1 131. Il s'agit du plus grand succès, à l'époque, de l'acteur.
Années Locke
Cela fait plusieurs mois, depuis Josey Wales hors-la-loi, qu'Eastwood a une relation avec l'actrice mariée Sondra LockeL1 132. Née en 1944, elle avait épousé Gordon Leigh Anderson à 23 ans en 1967 et resterait légalement mariée avec lui jusqu'à sa mort à 74 ans en 201825,26. En parallèle, il se penche sur son prochain film : L'Épreuve de force, pour lequel il cherche une actrice devant interpréter un personnage lié à la mafia. La Warner pense d'abord à Barbra Streisand, une valeur sûre compte tenu du coût du scénarioL1 133. Toutefois, Eastwood voit mieux Sondra Locke dans le rôle, ce que les deux scénaristes approuvent quand ils découvrent un aspect fragile mêlé au côté dur de sa personnalitéL1 134. Avec ce film, Eastwood reprend le poste de réalisateur. Comme à son habitude, le tournage s'effectue très rapidement, Eastwood préférant la spontanéité de la première prise. Plusieurs critiques lui reprochent d'avoir trop mis l'accent sur les scènes de violenceL1 135. Selon d'autres, comme Arthur Kinght dans le Hollywood Reporter, c'est le jeu de Sondra Locke qui relève le film, lequel figure parmi les dix plus grands succès de l'année 1977.
La fin du tournage de L'Épreuve de force marque le déménagement de Sondra Locke à Sherman Oaks (Los Angeles) pour se rapprocher d'Eastwood. Ils font ensemble la couverture du magazine People, pour leur deuxième collaboration. Eastwood y porte un regard ambigu sur Locke, et il la surnomme « princesse »L1 136. C'est ainsi que Maggie Johnson, l'épouse d'Eastwood, apprend sa relation avec l'actrice mariée. Elle appelle donc un avocat. La famille Eastwood effectue un dernier voyage à Hawaï, durant lequel Maggie Johnson espère sauver son couple. À son retour, l'acteur annonce à Locke que sa femme compte demander une séparation légale, et non un divorceL1 137. Cela faisait déjà une dizaine d'années que le couple allait mal, mais Maggie Johnson espérait se tromper quant à son mariL1 138.
Un jour, Locke convainc son compagnon de tourner une comédie, Doux, Dur et Dingue, ce qui marque un brusque changement de cap dans la carrière de l'acteur et réalisateur. Les producteurs de Malpaso et de Warner sont d'ailleurs dubitatifs quant à cette idée, mais acceptent tout de même de financer le projetL1 139. Locke fait à nouveau partie de la distribution. La promotion est assurée par la sortie, peu avant la distribution du film, de la bande originale qui figure parmi les meilleures ventes country de l'annéeL1 140. Le film sort finalement fin 1978 dans 1 246 salles en même temps. La critique n'apprécie pas ce nouveau film, alors que le public lui réserve un excellent accueil. La Warner, et Eastwood, battent leur record au box-office en enregistrant une recette totale de 85 196 485 $, rien qu'en Amérique.
Pendant la distribution de Doux, Dur et Dingue, Johnson et Eastwood débattent du partage des biens de l'acteur. Dans un premier temps, il doit trouver une nouvelle maison, laissant l'ancienne à sa femme. Il en achète une à Shasta en Californie, qu'il partage avec sa compagne, LockeL1 141. Malgré ce rapprochement, le film suivant d'Eastwood ne comporte pas de rôle pour elle. L'Évadé d'Alcatraz possède une distribution composée quasi exclusivement d'hommes, qui jouent les détenus de la fameuse prison d'Alcatraz. L'histoire se fonde sur l'évasion de trois prisonniers qui a eu lieu en 1962. Eastwood a déjà tourné dans cette ancienne prison pour L'Inspecteur ne renonce jamais. Il accepte le rôle à condition que Malpaso en soit la compagnie productrice. Don Siegel, le réalisateur, qui désire également produire le film, double le salaire de l'acteur et achète le script pour être pleinement propriétaire du projet. Les deux hommes se fâchent quelque peu parce que Siegel décide de présenter le film à Paramount Pictures plutôt qu'à Warner, le studio qui produisait Eastwood jusque-làL1 142. Dans un premier temps, Siegel se met en quête d'un autre acteur pour le rôle principal, bien que Paramount ait réellement envie de voir Eastwood jouer dans son film, le débauchant ainsi de Warner. Siegel ravale sa fierté et prend rendez-vous avec Eastwood. À la fin de l'entrevue, les deux hommes sont à nouveau amis, et se lancent dans leur cinquième collaborationL1 143.
Ce film est le premier de la collaboration d'Eastwood et de Siegel dont le montage s'effectue sans ce dernier. Eastwood assiste donc à toute la post-productionL1 144. La conclusion contraste avec beaucoup des films d'Eastwood puisque peu de personnes sont tuées. À sa sortie, en , le film est très bien accueilli par la critique : on parle de « grâce et sérénité cinématographique » et de « cinéma cristallin »L1 144. Il réunit pour la dernière fois les noms de Siegel et Eastwood au générique, le premier semblant dégoûté de ce que le second est devenuL1 144. Cela n'empêche pas L'Évadé d'Alcatraz d'être un succès au box-office, moindre cependant que les précédents films d'Eastwood.
Années 1…
source : wikipedia
photo : Description
Español: Matt Damon, Clint Eastwood y Bryce Dallas Howard en el Festival de Cine de Nueva York 2010.
Date 2 December 2009, 01:55:18
Source Flickr
Author Raffi Asdourian