Cérémonie en hommage à Roustam RAZA, le garde du corps de l’empereur Napoléon 1er
à Dourdan, cérémonie en hommage à Roustame RAZA, le mamelouk arménien de Napoléon 1er )
Roustam Raza (arménien : Ռուստամ Ռազա, géorgien : როსტომ რაზა Roustam Raza) ou Roustan, né vers 1781 à Tiflis, en Kartl-Kakhétie (actuelle Tbilissi, en Géorgie) et mort le à Dourdan, en France1, est le mamelouk de Napoléon Ier.
Biographie
Roustam Raza est issu d'une famille arménienne2. Selon ses Mémoires, son père Hovnan était un négociant originaire d'Aperkan en Arménie (probablement Askeran, localité du Karabagh) et sa mère Boudji Vari était une arménienne de Tiflis.
Enfant, dans le contexte de guerre que connurent les khanats de Gandja et du Karabagh dans les années 1780, il est enlevé, vendu et revendu plusieurs fois comme esclave, notamment par des Lezghiens. À l'âge de quinze ans, il est acheté à Constantinople par Salah Bey, bey de Constantine. Celui-ci le ramène en Égypte, l'affranchit et l'intègre dans son corps de cavalerie de mamelouks, constitué d'esclaves militaires affranchis.
À sa mort, en 1798, il passe au service du cheikh Khalil El Bekri au Caire, dignitaire local qui a pris le parti du général Napoléon Bonaparte lors de la campagne d'Égypte. Peu avant le retour en France de ce dernier, en , Roustam postule pour passer à son service et est accepté.
Dès lors, sa vie bascule : il va suivre comme son ombre le premier Consul, puis l'Empereur, à travers toute l'Europe, pendant quinze années. Il participe à sa toilette et à son repas, entretient ses armes. Il fait aussi fonction de garde du corps, dormant toujours dans la chambre voisine de son maître, voire en travers de sa porte à certaines périodes. Caracolant en tête des cortèges de parade en costume oriental (notamment lors du Sacre en 1804), il rappelle par sa seule présence que Bonaparte fut le conquérant de l'Égypte.
Le , au retour de la campagne d'Austerlitz, Roustam épouse à Paris Alexandrine Douville, de Dourdan, fille du premier valet de chambre de l'impératrice Joséphine. L'Empereur a donné son accord et payé la noce.
Il est en Pologne, l'année suivante, lorsqu'il apprend la naissance de son fils Achille. Celui-ci décèdera au cours de sa jeunesse. Il eut également une fille, qui épousa un huissier parisien, Armand Bonnard3.
Roustam est l'un des rares personnages du Premier Empire à avoir participé à toutes les campagnes, d'Espagne en Russie. Il est présent sur d'innombrables peintures du xixe siècle, le plus souvent aux côtés de son illustre maître
En 1814, après l'abdication de l'Empereur et la tentative de suicide au poison de ce dernier, Roustam refuse de le suivre à l’île d’Elbe, effrayé à l'idée de pouvoir être accusé de tentative d'assassinat pour le compte de l'Angleterre. Accusé d’ingratitude par les journaux, il répondit que des raisons particulières l’avaient empêché d’accompagner son bienfaiteur dans sa retraite, et il assura qu’il n’avait jamais reçu d’argent pour cela, comme le bruit en avait couru. Sa répugnance à quitter sa femme et ses enfants, et à renoncer à une existence heureuse et tranquille pour se lancer dans une carrière aventureuse, se joignait à la crainte de retomber dans l’esclavage. Lors des Cent-Jours, l'année suivante, il se propose de nouveau pour le service de l'Empereur, mais celui-ci, qui n'a pas compris son départ l'année précédente, le fait enfermer à Vincennes, le remplaçant par le mamelouk Ali. Il ne recouvra la liberté que pour être exilé à vingt lieues de Paris.
Il se retira à Dreux, où sa sœur vivait, mais il ne résida que peu de mois, s’efforçant vainement d’y garder l’incognito. Il obtint sous la Seconde Restauration, un bureau de loterie qu’il revendit quelque temps après. Il parvint à se créer cinq à six mille francs de rentes, et mena alors avec son épouse une vie paisible de petits rentiers à Paris.
Dans un voyage qu’il fit à Londres, Roustam se prêta complaisamment à satisfaire la curiosité de la haute noblesse, et se donna souvent en spectacle, vêtu d’habillements somptueux.
Ses beaux-parents, d'abord retirés dans le village de Saint-Martin-de-Bréthencourt, emménagent en 1827 à Dourdan, rue d'Étampes. Alexandrine, désirant se rapprocher d'eux, obtiendra à l'avènement de Louis-Philippe Ier un emploi à la poste de cette ville. Le couple loue alors, à partir de 1834, un des appartements de la maison du docteur Hippolyte Diard (adjoint au maire). Cette maison existe toujours. C'est là que Roustam Raza s'éteint le « âgé de soixante-quatre ans » selon l'acte de décès. Sa tombe est encore visible au cimetière de la ville.
Une croix de pierre (khatchkar en arménien) a été érigée par l'ANACRA (Association Nationale des Anciens Combattants et Résistants Arméniens) au cimetière de Dourdan.
L’ANACRA (Association nationale des anciens combattants et résistants arméniens) et la mairie de Dourdan ont procédé samedi 26 novembre à l’inauguration d’un Khatchkar dédié à la mémoire de Roustam Raza, un Arménien de l’Empire ottoman à la destinée extraordinaire, vendu 7 fois comme esclave avant de devenir le mamelouk de Napoléon qu’il a loyalement servi pendant 15 ans. Cette cérémonie, qui a rassemblé plus d’une centaine de personnes, a été marquée par les prises de paroles d’Antoine Bagdikian (discours ci-dessous), de Maryvonne Boquet, maire de la ville, et de S.E Viguen Tchitechian, ambassadeur d’Arménie en France. La pierre a été bénie par Monseigneur Vahan Hovanessian, Primat du Diocèse arménien de France, en présence d’un représentant de M.Todeschini, ministre des anciens Combattants, et d’Ara Toranian, coprésident du CCAF.
Antoine Bagdikian , l'ancien pdt de l'ANACRA
Roustam Raza a laissé des Souvenirs écrits, retrouvés et publiés un demi-siècle plus tard par Paul Cottin. De peu d'intérêt sur le plan diplomatique ou militaire, ils sont toutefois riches d'anecdotes sur les comportements de l'entourage de Napoléon.
Il a un fils, Achille, né pendant la campagne de Prusse, et une fille3.
Sa veuve meurt à Versailles le . Elle repose avec son époux au cimetière de Dourdan3.
Iconographie