Renforcer la sécurité, préparer la paix
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Le débrief d'API
N°19
18 avril 2024
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L’insécurité régionale augmente autour du Caucase du sud et les autoritarismes progressent. Le risque d’embrasement du Moyen-Orient, dans l’élargissement possible de la guerre Israël-Hamas, porte avec lui celui d’une déstabilisation aux frontières de l’Arménie. Le territoire de l’Arménie est vulnérable en de multiples points où il est occupé par les forces armées azerbaïdjanaises. La guerre de la Russie contre l’Ukraine se poursuit avec acharnement. Une autre partition est jouée par la Russie, celle de la guerre hybride, contre une partie de ses anciennes colonies qui affirmeraient -un peu trop au gout de l’ex-centre impérial- leur droit de faire leurs propres choix : Moldavie, Géorgie, Arménie. L’environnement géopolitique et les polarisations internationales mettent les acquis démocratiques encore fragiles en péril. Ceci est d’autant plus vrai pour l’Arménie, contre qui les autoritarismes régionaux s’allient pour créer des problèmes de sécurité existentiels et durables. Contre les prédations exercées par les voisins puissants et autoritaires, la mobilisation des sociétés locales est vitale à la démocratisation et plus largement à la résistance. Vitale, mais insuffisante sans une vraie solidarité internationale des valeurs.
En vous souhaitant une bonne lecture.
Taline Papazian
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Géopolitique 
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1. Freedom House: les petites démocraties ne survivront pas seules
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Le contexte
Le rapport "Nations in Transit 2024" publié par Freedom House sur l’année 2023 dresse un tableau alarmant de l'état de la démocratisation en Eurasie, de plus en plus dominé par des forces autocratiques. L'étude met en évidence une polarisation accrue entre les démocraties libérales et les régimes autoritaires, avec des implications profondes pour la sécurité régionale et l'intégrité des systèmes démocratiques à travers le continent. En resserrant la focale sur le Caucase du sud, on se souvient de la gageure que représente la consolidation de la démocratie pour les deux petits pays voisins que sont la Géorgie et l’Arménie, entourés de régimes autoritaires, voire autocratiques. En dépit des précautions à prendre vis-à-vis des rapports de ces grandes ONG américaines, ces derniers livrent des tendances intéressantes. Ce qui est décrit pour l’Arménie dans ce rapport rejoint par ailleurs ce qui était déjà constaté par les défenseurs des droits locaux depuis 2022 ainsi que par des observateurs attentifs.
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L'analyse
L'Arménie, située dans une région stratégique au carrefour de l'Europe et de l'Asie, subit les conséquences directes de l'autoritarisme croissant de ses voisins, notamment la Russie et l'Azerbaïdjan. La Russie est en guerre ouverte (Ukraine) ou hybride (Moldavie, Arménie) avec un certain nombre de pays de l’ancien espace soviétique. La pression exercée constamment par l’Azerbaïdjan sur l’Arménie depuis la fin de la guerre des 44 jours en 2020 a fait de la sécurité la préoccupation première de la société arménienne. La situation sécuritaire et l’environnement régional exacerbent les défis en termes de consolidation des acquis démocratiques. Face au recul de la démocratie, Freedom House appelle à une stratégie cohérente de soutien des démocraties fragiles, mais clées comme l’Arménie. Le rapport "Nations in Transit 2024" vient démontrer que le soutien à des nations comme l'Arménie est une question à la fois de solidarité et de nécessité stratégique pour maintenir l'équilibre et la paix dans une région en constante évolution. Défendre des valeurs partagées fait partie de l’intérêt des États démocratiques.
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Culture 
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2. "La guerre de l’intérieur" des Ukrainiens, par Tigran Paskevichyan
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Le contexte
Le dernier documentaire du journaliste et réalisateur indépendant Tigran Paskevichyan (Versus Studio, Factum NGO, Aliq Media) éclaire non ceux qui portent les armes, mais ceux qui, tous les jours, à l’arrière, tissent les fils essentiels du soutien et de la solidarité avec les combattants. Présenté en avant-première le 27 mars 2024, “La guerre de l’intérieur" nous invite dans l'intimité des mobilisés de l’arrière en Ukraine. Ce documentaire, plongeant au cœur de la longue guerre, mais loin des premières lignes, met la lumière sur ces visages méconnus généralement féminins, mères ou épouses de soldats, qui contribuent à l’effort de tout un peuple par le dévouement et l’entraide.
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L'analyse
Des images et des récits qui convoquent bien des souvenirs récents pour les Arméniens aussi. L’engagement sociétal dans la guerre des 44 jours en 2020, et depuis dans cette forme de guerre larvée, mais venant frapper épisodiquement, est comparable. L’ampleur et la durée de la guerre de la Russie contre l’Ukraine amènent néanmoins une qualité différente à l’organisation de la mobilisation sociale ukrainienne, supérieure. Si l’Ukraine et l’Arménie ont été largement séparées par la géopolitique – hâtivement lue par certains, manipulée par d’autres -, leurs expériences de la guerre depuis 2014, et a fortiori depuis 2022, ont largement de quoi rapprocher. Hommage de Paskiévichyan à la solidarité résistante et enseignements de la mobilisation d’une société dans une guerre longue.
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