La Transnistrie
"Chisinau accepta d’accorder une large autonomie à la région sécessionniste et de renoncer à tout rapprochement avec la Roumanie. Depuis, la Transnistrie est devenue la « république moldave du Dniestr », laquelle s’est donné les attributs d’un État indépendant, tout en revendiquant sa proximité avec Moscou. En outre, elle abrite la 14e armée russe.
Cependant, malgré une opinion publique traversée par un important sentiment pro-russe, la Moldavie a noué des relations avec l’Otan et obtenu le statut de pays candidat à l’Union européenne [UE]. …"
sources : L.Lagneau , JP D.
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La Transnistrie — du préfixe « trans », signifiant « au-delà », et de Nistru, nom roumain du fleuve Dniestr —, en forme longue la république moldave du Dniestr (en russe : Приднестровская Молдавская Республика/Pridnestrovskaia Moldavskaia Respublika ; en ukrainien : Придністровська Молдавська Республіка/Prydnistrovsʹka Moldavsʹka Respublika, en moldave/roumain : Република Молдовеняскэ Нистрянэ/Republica Moldovenească Nistreană/Republika Moldovenyaské Nistryané, abrégé en ПMP et PMH sur les cartes éditées par son gouvernement, abrégé par « RMD » en français ci-dessous), est un État autoproclamé indépendant de fait depuis la guerre de Transnistrie et l'intervention militaire russe de 1992 qui a conduit à l'établissement d'une présence militaire russe en Transnistrie de manière permanente. Le statut de la région et le retrait de l'armée russe se trouvent depuis au cœur des relations entre la Moldavie et la fédération de Russie.
La Moldavie, l’Organisation des Nations unies et la plupart de ses États membres, dont la Russie, ne reconnaissent pas cette indépendance et considèrent la Transnistrie comme une région autonome située dans les frontières internationalement reconnues de la Moldavie. Le Conseil de l'Europe considère la Transnistrie comme un territoire moldave sous occupation militaire russe 2.
Son territoire, situé sur la rive gauche du Dniestr, couvre 97 % de ce qui est, de droit, une région autonome de la Moldavie (en roumain/moldave Unitățile Teritoriale Autonome din stînga Nistrului : « Unités territoriales autonomes de la rive gauche du Dniestr », en abrégé UTAN3), ainsi que la ville et la citadelle de Bender (Tighina) situées sur la rive droite du Dniestr, qui ne font pas partie de l’UTAN. La Transnistrie recouvre presque intégralement cinq raions moldaves et la municipalité (ro) de Tiraspol. La moitié ouest de l’un de ces cinq raions, celui de Dubăsari, est toutefois sous le contrôle de l’État moldave central dont la capitale est Chișinău.
Sa capitale est Tiraspol.
En 2013, la Transnistrie n’a de relations diplomatiques qu’avec l’Abkhazie, l’Ossétie du Sud-Alanie et le Haut-Karabagh4, territoires également non reconnus par l’ONU.
Toponymie
L'adjectif « transnistriennes » — signifiant littéralement « au-delà du Dniestr », Nistru étant le nom roumain du fleuve — a été inventé par les ethnographes roumains du xixe siècle dans leurs descriptions des minorités roumanophones vivant dans les gouvernements russes de Podolie et de Kherson, où elles s'étaient installées en provenance du Boudjak et de la Dobrogée, pour fuir la double-capitation sur les chrétiens (haraç) et l'enlèvement des garçons en vue de leur enrôlement dans le corps des janissaires, pratiqués dans ces régions devenues ottomanes au xve siècle. Au début du xxe siècle, cette dénomination tombe en désuétude jusqu'en 1941, lorsque le régime pro-fasciste du maréchal Antonescu occupe la région ukrainienne située entre le Dniestr et le Boug méridional, qu’il appelle alors officiellement « Transnistrie ». Cette occupation dure trois ans, après quoi à nouveau le terme retourne à l'oubli5 pour ressurgir en 1992 lors de la guerre du Dniestr consécutive à la dislocation de l'URSS, mais cette fois avec un sens territorialement plus restreint, désignant seulement le territoire moldave situé sur la rive gauche du Dniestr, communément mentionné en français sous le nom de « Transnistrie » alors que les autorités et populations russophones contestent cette dénomination roumaine, signifiant « au-delà du Dniestr », et utilisent plutôt la dénomination russe Pridniestrovie (Приднестровье) signifiant « près du Dniestr ».
En forme longue, le gouvernement de Tiraspol utilise un nom différent dans chacune de ses trois langues officielles (russe, ukrainien et « moldave »). La dénomination moldave : Република Молдовеняскэ Нистрянэ en caractères roumains cyrilliques est la même qu'en caractères latins (roumain : Republica Moldovenească Nistreană, soit littéralement « République moldave nistréenne »), tandis qu'en russe : Приднестровская Молдавская Республика et ukrainien : Придністровська Молдавська Республіка elle comporte le préfixe При (pri) dont la traduction française, en toponymie, donne « lez », « lès » ou « auprès de ». La forme longue slave serait donc « république moldave près du Dniestr ».
La nuance est importante car Transnistrie, « au-delà du Dniestr », sous-entend la reconnaissance de l’UTAN n’incluant que la rive gauche du fleuve, alors que Приднестровье, translittéré Pridnestrovie ou Pridniestrovie, « près du Dniestr », sous-entend la reconnaissance de la RMD incluant des territoires sur les deux rives du fleuve6. On trouve quelquefois en français les transcriptions « Cisdniestrie », « Pridniestrie »7 ou encore « Transdniestrie », barbarisme qui mélange les dénominations roumaine et russe8.
Géographie
Étendue
La superficie de la Transnistrie n’est pas la même selon que l’on se réfère :
- à la situation de jure selon l’accord signé en 2003 par Dmitri Kozak, envoyé du président russe Vladimir Poutine, selon la loi de juillet 2005 et selon les accords de 2008 qui reconnaissent l'« Unité territoriale autonome de la rive gauche du Dniestr » (UTAN) ayant une large autonomie, dont le territoire est défini avec le raion de Dubăsari entier, mais sans la ville de Bender (Tighina) et sans les territoires voisins situés rive droite du Dniestr9 ;
- à la situation de facto (mais que la Transnistrie considère comme étant la seule de jure10), que ni le Kremlin ni la Moldavie, ni l’Organisation des Nations unies ne reconnaissent, et qui maintient sous contrôle de la RMD la ville de Bender (Tighina) et les territoires adjacents de la rive droite du Dniestr, mais ne comprend pas l’ensemble du raion de Dubăsari puisque, dans ce raïon, les communes de Cocieri, Molovata Nouă, Corjova, Coșnița, Pîrîta et Doroțca ont choisi de se placer sous l’autorité internationalement reconnue du gouvernement moldave.
Bien que les deux gouvernements, moldave et transnistrien, ne se reconnaissent pas mutuellement, la circulation des habitants locaux est possible, mais ralentie et coûteuse en raison des points de contrôle de la RMD où tout ce qui n’est pas sous sa supervision est inspecté et taxé.
Le territoire de 4 163 km2 contrôlé de facto par le gouvernement de Tiraspol a une superficie équivalente à celle du département français des Pyrénées-Orientales ou de la province belge de Luxembourg, mais s’étire, tel un Chili miniature, entre le fleuve Dniestr et la frontière moldavo-ukrainienne.
Le point culminant de la Transnistrie (273,9 m) se situe sur les hauteurs de la commune de Plopi (« les peupliers » en moldave, en russe : Плоть).
Régions administratives
La république moldave du Dniestr est subdivisée en cinq raïons (arrondissements) et deux municipalités non rattachées (dont l’une, Tighina, ne fait pas partie des « Unités territoriales autonomes » internationalement reconnues) — les noms russes et leur translittération latine sont indiqués entre parenthèses — :
- raions :
- Camenca (Кáменка : Kamenka),
- Dubăsari (Дубосса́ры : Doubossary),
- Grigoriopol (Григориóполь : Grigoriopol'),
- Rîbniţa (Рыбница : Rybnitsa),
- Slobozia (Слободзeя : Slobodzeïa) ;
- municipalités non rattachées :
Politique et administration
Situation politique
Articles détaillés : Constitution de Transnistrie et Droit transnistrien.
Article connexe : Ministère de la Sécurité d'État transnistrien.
L’indépendance de l'entité autoproclamée de Transnistrie n’est reconnue que par trois autres entités, l’Ossétie du Sud-Alanie, l’Abkhazie et le Haut-Karabagh. La Transnistrie, qui reste officiellement moldave, n'est donc pas un État en droit international, mais cette situation empêche la Moldavie d’exercer sa souveraineté et son autorité sur cette région, qui inclut une grande partie de son industrie.
La république moldave (autoproclamée) du Dniestr (en abrégé RMD) possède sa propre Constitution, son drapeau, son hymne, son président, son Parlement (Conseil suprême), son gouvernement, son armée, sa monnaie (le rouble RMD ou souvoriki) et utilise l’alphabet cyrillique, y compris pour la langue roumaine, jadis appelée « moldave » en Moldavie (voir système moldave officiel de translittération des caractères cyrilliques). Sa sécurité est garantie par la présence de troupes russes11.
Bien que n'étant plus économiquement communiste, le gouvernement ayant procédé à une libéralisation progressive de l'économie à partir de 1992, la RMD a conservé les symboles soviétiques, notamment dans son drapeau et ses armoiries. Les dirigeants de la Transnistrie indiquent clairement leur fidélité à leur passé soviétique et n'en être jamais officiellement sortis : le régime du Parti patriotique de Transnistrie (parti unique) y perdure et les médias, sous contrôle gouvernemental, présentent souvent le pays, en russe, comme le dernier bastion de l'Union soviétique, alors qu'en anglais c'est plutôt un pays favorable aux investissements étrangers qui est mis en avant12.
Chaque fois que le gouvernement moldave (quelle qu'en soit la couleur politique, même communiste) a tenté des rapprochements avec la Roumanie et l'Union européenne, celui de la RMD a répliqué en manifestant sa volonté d'indépendance ou de rattachement à la fédération de Russie. Le 13, la RMD a organisé un référendum sur son avenir. Le 6e congrès extraordinaire des représentants au Soviet (ou Conseil) suprême, présidé par Evgueni Chevtchouk, a proposé aux électeurs le choix entre l'indépendance et le rattachement à la Russie (le choix d'un accord avec la Moldavie, comme celui conclu par les séparatistes de Gagaouzie, n'était pas proposé). Chevtchouk a aussi demandé que la Russie et l'Ukraine reconnaissent officiellement les résultats du référendum et que des observateurs internationaux supervisent ce référendum. Le vote a mobilisé 78,6 % des électeurs, qui ont approuvé à 97,1 % le rattachement à la Russie. Les observateurs de la CEI ont déclaré que le référendum s'est déroulé de manière libre et démocratique, alors que ceux de l'Union européenne et de l'OSCE ont refusé de reconnaître les résultats en raison de l'absence de l'option moldave, d'irrégularités et du manque d'indépendance des médias14.
En , Evgueni Chevtchouk, ex-président du Soviet suprême et réputé libéral, est élu président face à Anatoli Kaminski, président du Parlement et réputé soutenu par Moscou15. Le fondateur de la RMD Igor Smirnov, candidat à sa propre succession, est éliminé dès le premier tour. Ces résultats traduisent à ce moment l'aspiration des électeurs à une ouverture plus large du pays vers l'extérieur et à une moindre dépendance vis-à-vis de la Russie16. Mais le , soit deux jours après le référendum de 2014 en Crimée portant sur le rattachement de cette république à la Russie (96,77 % des votants s'étant prononcés en faveur de ce choix), le gouvernement de la RMD présidé par le même Evgueni Chevtchouk déclare vouloir rejoindre à son tour la fédération de Russie17.
Reconnaissance internationale
Le pays est reconnu par trois entités autoproclamées non reconnues internationalement :
Symboles nationaux
Articles détaillés : Drapeau de la Transnistrie et Armoiries de la Transnistrie.
Le drapeau et les armoiries du pays sont une reprise du drapeau et du sceau de l'État de la République socialiste soviétique moldave (qui a cessé d’exister en 1991) avec la préservation de la symbolique socialiste soviétique. Depuis 2017, l'État arbore un second drapeau officiel : le tricolore russe aux proportions modifiées.
source : wikipedia
photo: D.R.