Renforcer la sécurité, préparer la paix
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Le débrief hebdo d'API
N°14
17 janvier 2024
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« Je ne peux vous promettre que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur », disait Churchill au Parlement britannique, en mai 1940, au moment de prendre les rênes du gouvernement en guerre. Nous serions tentés de dire que nous avons donné plus que notre part en sang et en larmes ; et c’est vrai. Mais qu’en est-il du labeur et de la sueur ? 2024 apportera peut-être un traité de paix, ou plutôt, de normalisation et de non-agression à l’Arménie : nous le souhaitons de tout cœur. Armenia Peace Initiative poursuivra son travail pour que la part du labeur fasse reculer, à notre modeste mesure, celle du sang et des larmes. C’est ce que nous nous engageons à faire, avec votre aide. Bonne année à tous.
Taline Papazian
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Géopolitique
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1. Pas de paix dans un jeu à somme nulle
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Le contexte
Le 10 janvier 2024, Ilham Aliyev a donné une « conférence de presse » – faute d’un autre terme pour décrire l’exercice- à six chaînes de télévision nationales dont les représentants ont fait religieusement cercle autour de lui pendant deux heures. Faire le catalogue des passages agressifs et belliqueux est inutile. L’Arménie a formulé deux lignes rouges en 2021. Premièrement, un passage entre l’Azerbaïdjan et le Nakhitchevan devra respecter les lois de la République d’Arménie sur la portion passant par son territoire. Deuxièmement, un traité de paix devra poser les grands principes de la délimitation des frontières. Le Premier ministre arménien a réagi le 13 janvier en qualifiant ces propos d’ « atteinte sérieuse au processus de paix ». Aucune nouveauté dans le discours d’Aliyev qui, campé dans son personnage de grand chef victorieux, a offert à son public la mise en bouche de sa campagne présidentielle, lancée le 15 janvier.
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L'analyse
Aliyev tente de faire reculer l’Arménie sur ses deux lignes rouges. Concernant la première, il veut monnayer le « corridor » du Zanguezour avec la Russie. Concernant la seconde, il cherche à tenir l’Arménie au bout du fusil, même après signature d’un éventuel traité, utilisant la guerre comme un instrument de préservation du régime. Il oublie cependant qu’à moyen terme, la stabilité économique et les conditions sociales de la population azerbaïdjanaises sont fragiles. Aborder les négociations comme un jeu à somme nulle hypothèque non seulement le résultat des négociations, mais l’avenir de toute la région. L’Arménie et l’Azerbaïdjan partagent, quoiqu’à un degré inégal aujourd’hui, la nécessité de circonscrire l’influence de la Russie sur leur politique étrangère. Au-delà de la Russie, le risque de jouer le rôle de proxy dans les grandes guerres qui secouent la planète est réel, et plus prononcé pour un Etat dictatorial aux institutions faibles que pour un pays en voie de démocratisation.
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2. L’œil du cartographe sur les prétentions territoriales azerbaïdjanaises
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Le contexte
L’œil de Rouben Galitchyan, cartographe, est précieux pour remettre quelques faits à leur place. Né en Iran, en 1938, Galitchyan a passé une partie de sa vie à Londres. Il est l’auteur de plusieurs atlas historiques des Arméniens par les cartes. Son approche historiographique critique des nationalismes au Caucase du Sud via la cartographie et sa connaissance des cartes conservées aux Archives nationales méritent d’être connues d’un plus grand public. Résumé des principaux éléments de l’interview qu’il a donnée à la télévision publique arménienne le 15 janvier 2024.
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L'analyse
Tandis que l’Azerbaïdjan accumule les déclarations créant la confusion sur les frontières de l’Arménie, il est utile de rappeler que les changements frontaliers et les modifications territoriales ont été très fréquents pendant la période soviétique, et à double sens. Ces décisions répondaient à des exigences particulières de l’administration soviétique, et nullement aux besoins ou aux réalités des peuples, qui se trouvaient souvent les premières perdantes de ces changements. La machine de propagande azerbaïdjanaise est en train de créer un doute permanent sur la légitimité du territoire de l’Arménie. Les Arméniens ont tout à fait de quoi répondre aux prétentions azerbaïdjanaises et doivent le faire dans l’intérêt même du processus de négociations.
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3. L’ellipse des vœux du Saint Siège fait mal
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Le contexte
Alors que depuis quelques années, des vœux de Nouvel An sont diffusés par le chef de l’Église apostolique arménienne, le Catholicos Karekin II, à la télévision publique arménienne, cette année seul le discours du Premier ministre aura été diffusé dans la soirée du 31 décembre. Désaccord sur la grille horaire des programmes ou mauvaise intention de la part de la direction de la chaîne ? La polémique en elle-même est peu intéressante, mais en dit long sur la fracture entre autorité traditionnelle incarnée par l’Église apostolique et l’autorité de l’État.
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L'analyse
C’est une tradition non écrite qui a été rompue cette année. La séquence télévisuelle de la soirée du Nouvel An fait suivre chaque année les vœux du Catholicos de tous les Arméniens par ceux du chef de l’État -auparavant le Président, depuis 2018, le Premier ministre. Ce 31 décembre, les Arméniens ont célébré le Nouvel An sans la bénédiction et les paroles de réconfort de leur chef spirituel, dont ils avaient besoin plus que jamais, car H1, la grande chaîne publique, a décidé d’en changer l’horaire à la dernière minute. Le public a senti cette privation et nombreux ont été ceux qui sur les réseaux sociaux, ont diffusé le message filmé mis en ligne par Etchmiadzine.
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