L’Ukraine coûte cher : jusqu’à quand le Congrès US va-t-il financer Zelensky?
Voici la situation dans laquelle se trouve l’Ukraine actuellement. Certes, plusieurs pays européens, dont le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, continuent, vaille que vaille, à soutenir les forces ukrainiennes. Des coalitions « capacitaires » ont été mises en place au sein du « Groupe de contact sur la défense de l’Ukraine ». En outre, des initiatives ont été lancées par la Commission européenne et l’Otan afin de leur fournir des munitions, notamment d’artillerie… mais elles tardent à produire leurs effets. Enfin, le 1er février prochain, les vingt-sept membres de l’Union européenne devront trouver un accord sur un fonds spécial de 50 milliards d’euros pour Kiev… Ce qui, pour le moment, n’est pas acquis.
De leur côté, les États-Unis ont épuisé les fonds disponibles qui, jusqu’alors, leur permettaient de fournir une aide militaire à l’Ukraine. Une enveloppe de 61 milliards de dollars est bien sur la table… Mais son déblocage n’a pas encore été approuvé par le Congrès, où républicains et démocrates n’ont nullement l’intention de se faire des cadeaux, année électorale oblige. Cette semaine, la Maison Blanche a exhorté les sénateurs à trouver un accord.
« Les Ukrainiens s’apprêtent à vivre des mois critiques, alors qu’ils sont en plein dans l’hiver et que le printemps approche. Et les Russes n’ont montré aucune intention de relâcher leurs attaques de drones et de missiles », a prévenu John Kirby, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale.
Pour le moment, les États-Unis ne peuvent pas livrer les munitions et les systèmes d’armes dont l’Ukraine a besoin. Pire encore : il ne leur est pas non plus possible d’assurer le maintien en condition opérationnelle [MCO] des nombreux équipements déjà fournis, comme les lance-roquettes multiples M142 HIMARS, batterie de défense aérienne Patriot, les blindés Bradley et les chars Abrams.
En effet, livrer des équipements est une chose… Mais encore faut-il pouvoir les entretenir et les réparer. Or, faute de fonds disponibles, le Pentagone n’est actuellement pas en mesure de fournir les pièces détachées nécessaires, ni même d’assister les maintenanciers ukrainiens
« Le manque persistant de financement nous a obligés à suspendre les prélèvements dans nos stocks, étant donné les implications pour notre propre état de préparation militaire. Et ceci, bien sûr, nous empêche de répondre aux besoins les plus urgents de l’Ukraine sur le champ de bataille, notamment en matière d’artillerie, d’armes antichar et d’intercepteurs de défense aérienne », a expliqué le général Pat Ryder, le porte-parole du Pentagone, le 23 janvier.
« Sans financement supplémentaire, nous ne sommes pas en mesure […] d’aider les Ukrainiens à maintenir les systèmes que nous leur avons déjà fournis », a-t-il ajouté. « C’est pourquoi, encore une fois, nous continuerons à travailler en étroite collaboration avec le Congrès afin d’obtenir un financement supplémentaire dès que possible », a-t-il conclu.
Ce problème vient s’ajouter à celui récemment évoqué par un député allemand concernant le maintien en condition opérationnelle [MCO] des Leopard 2 livrés à Kiev, faute de pièces détachées disponibles. En outre, il est apparu que « les techniciens ukrainiens n’avaient pas été suffisamment formés pour assurer l’entretien de premier niveau » de ces chars.
Par ailleurs, et c’est ce qui explique les avertissements lancés par plusieurs responsables politiques et militaires durant ces dernières semaines, le général Martin Herem, le commandant des forces armées estoniennes, a confié à l’agence Bloomberg que l’Otan avait « considérablement sous-estimé la capacité de la Russie à reconstituer ses forces et ses stocks de munitions ».
« Contrairement aux estimations antérieures, la Russie peut désormais produire plusieurs millions d’obus d’artillerie par an et recruter des centaines de milliers de soldats. […] Beaucoup de gens pensaient qu’ils ne pouvaient pas aller plus loin. Aujourd’hui, les faits nous disent le contraire »,…
sources : JP D., Laurent Lagneau
photo :D.R.