Qui est Vramchabouh Kibarian d’Artchouguentz ?
Vramchabouh Kibarian d'Artchouguentz (arménien : Վռամշապուհ Քիպարեան « Արջուկենց »), né Nazareth Kibarian le 12 novembre 1855 ( dans le calendrier grégorien) à Şebinkarahisar (Empire ottoman) et mort le à Boulogne-Billancourt, est un archevêque arménien.
Biographie
Nazareth Kibarian naît le à Şebinkarahisar, dans l'Empire ottoman. Il est le fils de Jacques Kibarian, modeste artisan-commerçant, et est le dernier de six enfants1. Son père le confie à l’Église apostolique arménienne alors qu'il a dix ans1.
Il gravit ainsi les échelons de la hiérarchie ecclésiastique arménienne : chantre, servant puis premier diacre1. Parallèlement à ses fonctions cléricales, il devient instituteur auprès de la population arménienne locale, ayant notamment parmi ses élèves Andranik Ozanian1. À cette même période, il se marie avec Takouhie Margossian1, avec qui il a cinq enfants : trois filles (Aramanoush, Siranoush et Haiganoush) et deux fils (Haig-Aram, né en 1886, et Vagharshag, né en 1888)2.
Il est ensuite envoyé à Sébaste, où l'évêque Pierre Tahmizian l'ordonne prêtre séculier et lui donne le prénom en religion de Vramchabouh1. Il rentre ensuite dans sa ville natale, mais les quartiers arméniens de cette dernière sont détruits par un incendie en 18851. Il est alors envoyé à Constantinople et Smyrne pour lever des fonds auprès de la bourgeoisie arménienne afin de financer la reconstruction de la cathédrale endommagée1.
L'attention que portent sur lui les autorités ottomanes l'empêchent de rentrer durablement et il est obligé de s'installer à Constantinople1. Là, il est nommé curé de l'église Saint Roi du quartier de Kadıköy (Սուրբ Թագավոր եկեղեցի, Sourp Takavor yéguéghetsi) ainsi que professeur d'arménien, de catéchisme et de morale au collège Aramian1. Il parvient à faire venir sa famille dans la capitale ottomane1 mais sa femme meurt en 18942, le forçant à renvoyer ses enfants auprès de sa famille restée en province1. Son fils Vagharshag réside auprès de son oncle Sarkis, boulanger stambouliote2.
Vramchabouh Kibarian est nommé prêtre des Arméniens de Paris par Malakia Ormanian, patriarche de Constantinople1. Il prend ses fonctions dans la capitale française fin 18991. À ce poste, il joue un rôle clé dans l'édification de la cathédrale arménienne Saint-Jean-Baptiste de Paris, dont la première pierre est posée en 19021.
Au début du xxe siècle, le catholicos Mkrtich Khrimian lui décerne le titre d'archiprêtre et lui fait cadeau pour ses cinquante ans d'un bâton de primat pour le féliciter de son action3.
Pendant la Première Guerre mondiale, les Arméniens de Paris, sujets de l'Empire ottoman, alors ennemi de la France, sont à ce titre surveillés par les autorités françaises et vus avec méfiance3. Avec Archag Tchobanian, il fait tout son possible pour convaincre le Ministère des affaires étrangères que les Arméniens sont des amis de la France3. Le frère de Vramchabouh Kibarian, Hovhandjan, resté à Şebinkarahisar, est victime du génocide arménien, de même que son neveu, Vahan, mort lors des combats, ainsi que sa fille Siranoush, noyée dans l'Euphrate avec son fils Hagop2.
Le , Vramchabouh Kibarian est nommé vartabed par Yeghiché Tourian, alors présent à Paris dans le cadre de la Délégation nationale arménienne à la conférence de la paix3. Avec l'arrivée dans la capitale française des réfugiés arméniens fuyant le génocide dans les années 1920, il déploie ses efforts pour subvenir à leurs besoins3. En 1922, il est présent lors du mariage de son ancien élève Andranik Ozanian, aux côtés d'Aram Andonian, Krikor Balakian, Boghos Nubar Pacha et Archag Tchobanian.
Le , il se rend en Arménie soviétique, à Etchmiadzin, où le catholicos Georges V Soureniants l'élève au rang d'évêque3. Il se brise cependant le fémur droit lors de son séjour et reste alité pendant six mois3. Il rentre en France fin 19273.
À la fin de sa vie, Vramchabouh Kibarian est nommé archevêque3. Il meurt le à Boulogne-Billancourt4 et est enterré au cimetière du Père-Lachaise3.