Politis magazine de la gauche antilibérale, fondateur de l’association Attac-France
Politis est un hebdomadaire français d'actualités. Fondé en 1988 par Bernard Langlois et d'autres journalistes parmi lesquels Jean-Paul Besset, Michel Naudy, Rémy Galland, ce journal traite de l'actualité politique et sociale et se réclame de la gauche antilibérale et écologiste1. Il est membre fondateur de l'association Attac-France.
Historique
En gestation dès le début de l'année 1987, une équipe de journalistes (Raja Nasrallah, Rémy Galland, Jean-Paul Besset, Michel Naudy, etc.) autour de Bernard Langlois fonde Politis, Le Citoyen. Son premier numéro paraît le . Sa une proclame « La France manque d'immigrés ». Dans le courant de l'année 1988, d'autres journalistes rejoignent l'équipe, parmi lesquels Fabrice Nicolino, dès janvier, Paul Moreira, Jean-Michel Aphatie, Ahmed Boubaker. Dans les années 1990, le journal connaît plusieurs arrêts et dépôts de bilan2.
En , Politis inaugure une nouvelle formule qui sera modifiée légèrement en . Cette dernière subit un changement graphique à partir du numéro du 3. À nouveau, Politis change la maquette de l'hebdomadaire à partir du ainsi que sa plateforme Internet.
Depuis 2004, Politis édite deux hors-série par an, consacrés au commerce équitable et bio, à l'économie sociale et solidaire, et à l'écologie et l'environnement4. Lors de l'été 2009, Politis passe au papier labellisé PEFC conformément à ses engagements écologiques et environnementaux5.
En , le nouveau site Internet (V2) du journal voit le jour6. La version actuelle (V3), qui héberge sous sa bannière les blogs de la rédaction et ses invités, est apparue en .
À la fin du mois de , Bernard Langlois cesse la parution de son Bloc-notes dans Politis et met un terme à sa collaboration avec l'hebdomadaire dont il fut le fondateur7.
En , Pouria Amirshahi est nommé président et directeur de publication.
Ligne éditoriale
Politis est un journal d'opinion à l'« engagement humaniste, social et écologiste » selon son directeur de la publication Denis Sieffert8, une ligne résumée par Libération comme étant « rose-rouge-verte » 2. Le journal se dit attaché à la « défense des services publics et des biens communs de la société » et refuse le « marché omnipotent où tout s'achète et tout se vend » ainsi que l'idéologie du choc des civilisations9. Il est considéré comme l’hebdomadaire de la gauche antilibérale10.
Membre fondateur d'Attac, Politis combat pour une Europe sociale. Le journal fait campagne pour le « Non » lors du référendum de mai 2005 relatif au Traité établissant une Constitution pour l'Europe. Dans la lignée, Politis soutient les initiatives pour des candidatures unitaires de la gauche antilibérale lors de l'élection présidentielle de 2007. Une partie de la rédaction du journal – notamment Bernard Langlois11 – soutiendra la candidature de José Bové à cette élection présidentielle. Pour les élections européennes de 2009, Politis lance un appel à la constitution de listes unitaires « pour une autre Europe »12.
Le , Politis lance dans ses colonnes un appel pour « l'Alternative à gauche»13. Denis Sieffert assume le « rôle particulier » – « qui n'est pas dans [la] vocation première, mais n’est nullement contradictoire avec [le] combat » – de Politis pour cet appel dont l'objectif est la création d'un cadre permanent d'action et de réflexion pour l'ensemble des courants politiques de la gauche sociale et écologiste14.
Politis ouvre ses colonnes à plusieurs sensibilités de la gauche de la gauche : gauche du PS, Ligue communiste révolutionnaire (LCR), Les Verts, PCF, Attac, MRC, le MARS, Les Alternatifs, etc. Les pages « Résistances » du journal se font l'écho des combats de la gauche antilibérale et son site Internet propose un « Agenda militant »15.
Politis crée dès 1989 l'une des premières rubriques Écologie de la presse française, et développe des thèmes écologiques – déchets, eau, zones humides, forêts -. Jean-Paul Besset et Fabrice Nicolino sont les deux responsables de cette évolution[réf. nécessaire]. Le journal se fait ensuite le porte voix de l'écologie politique. Refusant « l'idée d'une écologie abâtardie »9, le journal soutient en 1994 le virage à gauche des Verts qui se démarque alors de la logique « ni droite, ni gauche » qui était la sienne lors de sa fondation.
L'hebdomadaire lance depuis 2009 des campagnes d'abonnement double engagement afin d'aider des associations à mener leur action (Droit au logement en 2009, la Cimade en 2010)[réf. nécessaire].
Enfin, le journal organise des colloques comme celui de sur le thème Science et démocratie avec Geneviève Azam, Benjamin Dessus ou Jacques Testart16[source insuffisante].
Situation financière
Politis, Le Citoyen est né d'un appel public à l'épargne portant sur 6 millions de francs à souscrire par actions nominatives de 500 francs. Les premières difficultés du journal sont dues à sa sous-capitalisation. Dès 1988, c'est la générosité de Pierre Bergé qui lui permet de continuer d'exister17.
Au début de l'année 1990, un montage financier associant la MACIF, le promoteur Pellerin et l’entreprise Spie Batignolles ne verra finalement pas le jour par suite de la publication en juin dans Politis d'un article de Fabrice Nicolino intitulé « Brioude, une bombe au cœur de la ville ? ». Cette enquête dénonçant la manipulation de produits chimiques dans la ville d'Auvergne par un laboratoire de solvants industriels, la Speichim, appartenant à Spie Batignolles, les investisseurs abandonnèrent ce projet18.
L'hebdomadaire continue à être confronté à une situation financière délicate. Le capital du journal s'ouvre à Thierry Wilhelm (1998) puis au Monde diplomatique (2000)19. Ce dernier possède 34 % du capital, lui apportant également une aide technique et administrative. Politis est alors édité par SAS Politis, une société par actions simplifiée au capital de 300 000 euros. Ses principaux actionnaires sont l'Association pour la défense de la pluralité de la presse, Doxa SAS et Le Monde diplomatique.
Le , le journal a été placé en redressement judiciaire. Thierry Wilhelm, l’actionnaire pressenti pour la mise en place du plan de reprise s'étant désisté le , le personnel de Politis lance un appel pour récolter un million d'euros afin de sauver l'hebdomadaire20. Denis Sieffert affirme que cette crise est due aux « négligences répétées » en matière de gestion et l' « absentéisme chronique » du directeur général de l'époque, Jean-Pierre Beauvais19. En filigrane, cette crise révèle aussi les tensions entre une rédaction soucieuse de son indépendance éditoriale et une équipe dirigeante autour de Beauvais qui prend fait et cause pour le président d'Attac, Jacques Nikonoff21.
L'association « Pour Politis » s'est créée afin de sauver le journal22. L'association compte 1 500 lecteurs adhérents23. Elle a permis de recueillir 941 000 € auprès de lecteurs et ainsi de sauver le journal24. Le tribunal de commerce de Paris a jugé le que le plan de reprise déposé par le personnel de l'hebdomadaire était viable25.
Le journal est désormais édité par la SAS Politis, une société par actions simplifiée au capital de 446 000 euros], de 375 238 euros en (selon l’ours du n.1539 du au ). Parmi ses actionnaires, on retrouve l'association « Pour Politis » (65 % du capital), ainsi que Christophe Kantcheff, Denis Sieffert, Pascal Boniface, Laurent Chemla, Valentin Lacambre et Jean-Louis Gueydon de Dives.
En 2014, l'hebdomadaire et l'association Pour Politis lance une campagne d'abonnements afin de pérenniser le journal. Avec un déficit de 99 000 euros pour l'année 2013 « presque entièrement imputable à la vente au numéro, alors que les abonnements se maintiennent et que les abonnements web, encore marginaux, progressent doucement »26, Politis affirme avoir besoin de 800 nouveaux abonnés pour ne pas connaître une nouvelle crise. L'hebdomadaire lance une campagne d'appel à dons à partir de la fin afin de garantir la survie et l'indépendance de Politis qui est soutenue par de nombreuses personnalités politiques, intellectuelles ou culturelles[réf. nécessaire].
Audience et diffusion
Pendant longtemps, le journal ne réussit pas à élargir le petit cercle de lecteurs fidèles composé principalement de militants et de sympathisants de la mouvance écolo ou de la gauche du Parti socialiste, chevènementistes, communistes… Les abonnements ne dépassent pas alors les 10 000 exemplaires (1999), les ventes en kiosques restant marginales2.
En 2013, le tirage de Politis est de 30 000 exemplaires en moyenne, celle des deux hors-série annuel de 30 000 exemplaires. La diffusion payante de l'hebdomadaire est d'environ 15 000 exemplaires, ce qui comprend les 11 000 abonnés et les 4 000 ventes en kiosque. Fin 2017, Politis revendique une diffusion d'environ 20 000 exemplaires par numéro27 et compte 10 500 abonnés et 400 abonnés web28.
En 2013, le site Internet de l'hebdomadaire et les blogs génèrent chaque mois 250 000 visiteurs uniques soit 9 400 visiteurs par jour.
À partir du , Politis suspend « temporairement » sa diffusion en kiosque à l'exception de ses hors séries et de ses numéros d'été et de fin d'année, « un choix subi en raison des coûts […] devenus exorbitants »29.
Les rubriques de Politis
- Éditorial par Denis Sieffert.
- La semaine : plusieurs pages consacrées à l'actualité. Elles démarrent par une double page de brèves avec le dessin d'Aurel et la photo de la semaine.
- Nouvelle rubrique Clivage : deux regards contradictoires sur une actualité qui suscite la polémique.
- L'économie à contre-courant : un économiste analyse une information économique de la semaine écoulée.
- Le geste utile : une demi-page tenue par les journalistes de la rédaction pour soutenir une démarche respectueuse de l'environnement et du développement durable.
- Dossier de 5 à 6 pages (avec analyse, décryptages, entretiens et tribunes).
- Culture : 4 pages dédiées (cinéma, littérature, bande dessinée, musique, théâtre, photo)
- « À flux détendu » par Christophe Kantcheff.
- Idées : réflexions autour d'un thème d'actualité ou d'un ouvrage récent. Il y a également la publication de tribunes libres d'acteurs politiques, sociaux ou militants.
- Politis propose également « L’essai de la semaine ».
- De bonne humeur : billet de Sébastien Fontenelle au ton satirique. Le thème est lié à l'actualité de la semaine.
- Digression : une page confiée à un écrivain, un historien, un scientifique, sous forme de journal de bord.