« La Marche Turque » (Wolfgang Amadeus Mozart)

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Qui stoppera la marche triomphale d’Erdogan ?

Recep Tayyip Erdogan aura beaucoup à célébrer le 29 octobre, à l'occasion des 100 ans de la République turque. Conforté par l'élection présidentielle de mai dernier, son pouvoir est plus autocratique que jamais. Son ambition de transformer la république ex-laïque en parangon de l'islam politique semble irréversible. Sa volonté de remodeler la région, pour y asseoir la domination d'Ankara, progresse à pas de géant. Du Caucase à Chypre, de la Libye aux Balkans, le reis avance ses pions. Il proclame l'avènement du « siècle de la Turquie ». Son homme lige Hakan Fidan, ancien chef des services secrets devenu ministre des Affaires étrangères, l'avouait benoîtement le 8 août : la Turquie entend être « un acteur complètement indépendant, efficace et influent, qui détermine l'ordre du jour international ».

Comme souvent dans l'Histoire, les Arméniens sont les premiers à subir les conséquences du regain d'impérialisme turc. Les 120 000 habitants du Haut-Karabakh sont victimes d'un bouleversement géopolitique qui a été préparé de longue date. Depuis l'indépendance de l'Azerbaïdjan en 1991, Ankara équipe et entraîne l'armée de Bakou. Le lien a été renforcé par le partenariat stratégique bilatéral signé en 2010. Le gaz et le pétrole, exploités avec l'appui occidental, ont fait basculer l'Azerbaïdjan dans une autre dimension : son économie, de taille équivalente à celle de l'Arménie lors de la disparition de l'URSS il y a trente ans, produit désormais chaque année dix fois plus de richesses que sa voisine. Cela permet à Bakou d'entretenir un budget militaire de 2,6 milliards de dollars par an, contre quelques centaines de millions seulement pour Erevan.

Grâce à cette manne financière, au parrainage d'Erdogan, au soutien israélien (par hostilité à l'Iran), le dictateur Ilham Aliev a posé des faits accomplis de plus en plus brutaux. La guerre de 2020 l'a conduit à reprendre la majorité du territoire qui était aux mains des autorités du Haut-Karabakh. De surcroît, elle lui a permis de couper la continuité territoriale entre l'enclave et le territoire arménien souverain. Le blocus qu'il a décrété ensuite a affamé et démoralisé la population. L'attaque éclair du 19 septembre a achevé de soumettre l'entité indépendantiste. Aliev a maintenant le champ libre pour expulser la population rétive et mener un nettoyage ethnique de grande ampleur….

Luc de Barochez / Le Point

source : B.F.

photo : D.R.

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