1 Nouvel Hay Magazine

Hier , aujourd’hui , et demain

Hier, les souvenirs des défunts c'étaient des photos, des enregistrements audio ou vidéo, et des objets.

Aujourd'hui, des entreprises innovent.

Forever Voice recrée des voix à partir d'enregistrements vocaux des défunts, & permet des conversations post-mortem.

Project Elysium utilise la réalité virtuelle pour des rencontres numériques avec des êtres chers disparus.

HereAfter AI  offre une expérience d'échange avec des chatbots alimentés par des souvenirs et des histoires des défunts, offrant une continuité de conversation.

 La série "Upload" (2020) c'était un futur où la mort n'est pas une fin mais un transfert. Les individus peuvent "s'uploader" ( transférer son corps et sa conscience) dans une après-vie numérique accessible aux vivants via réalité virtuelle. Cette série de science-fiction nous transportait dans une réalité alternative où le concept de mort est flou et malléable.

Les avancées technologiques dépassent la fiction et les exemples de créations mettant en scène nos défunts se multiplient.

En juin dernier, une nouvelle œuvre des Beatles a été créée grâce à l'intelligence artificielle, pour l’utilisation de la voix de John Lennon. Dans son émission "Hôtel du temps", Thierry Ardisson interviewait des personnalités décédées grâce à la technologie. Mais Dalida et Coluche n’ont pas séduit, l’émission s’est arrêtée après deux épisodes.

Cette possibilité s’étend au grand public : en Corée, grâce à  la réalité virtuelle, une mère endeuillée a eu l’occasion de dire adieu à sa fille décédée grâce à la reproduction de sa présence sous la forme d’un avatar numérique. Au Japon, l'innovation technologique permet de "dîner" avec un proche décédé grâce à la réalité augmentée. Ces rappels numériques vivants dépassent la simple mémoire pour proposer des interactions nouvelles.

Tous ces "progrès" posent des dilemmes éthiques , des questions relatives au consentement, à la véracité et à la finitude de la vie.

L'aspect commercial de la douleur : La mort est une expérience universelle, et le désir de se reconnecter, même de manière artificielle, avec un être cher disparu est irrésistible. Si certaines entreprises opèrent avec compassion et empathie, d'autres pourraient voir une opportunité lucrative d'exploiter le chagrin des individus. Fournir un service précieux ou profiter de la vulnérabilité des personnes endeuillées ?

Dilemmes éthiques & question fondamentale : quel impact ces technologies ont-elles sur la santé mentale des vivants et sur le processus naturel de deuil ?

Le deuil,  choc, déni, colère, résignation et acceptation, est un parcours émotionnel nécessaire pour guider l'individu à travers la douleur de la perte et vers la guérison. Les interactions artificielles peuvent entraver cette progression, avec un lien de dépendance où le survivant s'accroche à une représentation numérique & n'accepte pas  la réalité de la mort.

Cette "renaissance numérique" peut brouiller la réalité et le souvenir.

Des psychologues mettent en garde contre les risques de dépendance à ces outils qui retarderait la résolution du deuil ou la ferait régresser.

L'hyperattachement à une version numérisée d'un être cher pourrait isoler, conduire à une détresse prolongée ou une incapacité à vivre dans le présent.

Le survivant pourrait rester bloqué dans une phase particulière du deuil :  le déni.

Cette stagnation aurait des effets sur sa santé mentale, empêchant la personne de vivre sa vie, d'établir de nouvelles relations ou de se souvenir de la personne décédée avec sérénité et acceptation.

Les descendants pourraient être submergés par des souvenirs et des interactions numériques avec des ancêtres qu'ils n'ont pas connus. 

La technologie offre des possibilités de consolation, mais remplacera-t-elle les mécanismes naturels et nécessaires de guérison : le temps et l'aide humaine.

Demain l'intelligence artificielle et les technologies numériques offriront des moyens innovants de se souvenir et d'honorer nos morts .

La cryogénisatioon (déjà plus de 500 cryogénisés aux USA et plus de 1000 sur une liste d'attente)  ouvre des perspectives effrayantes pour certains , extraordinaires pour d'autres .

 

English : 

Yesterday, the memories of the deceased were photos, audio or video recordings, and objects.

Today, companies innovate.

Forever Voice recreates voices from voice recordings of the deceased, & enables post-mortem conversations.

Project Elysium uses virtual reality for digital encounters with departed loved ones.

HereAfter AI provides an exchange experience with chatbots powered by memories and stories of the deceased, providing conversational continuity.

  The "Upload" series (2020) was a future where death is not an end but a transfer. Individuals can "upload" (transfer their body and consciousness) into a digital afterlife accessible to the living via virtual reality. This sci-fi series transported us to an alternate reality where the concept of death is fuzzy and malleable.

Technological advances go beyond fiction and examples of creations featuring our deceased are multiplying.

Last June, a new work by the Beatles was created thanks to artificial intelligence, for the use of the voice of John Lennon. In his program "Hôtel du temps", Thierry Ardisson interviewed personalities who died thanks to technology. But Dalida and Coluche did not seduce, the show stopped after two episodes.

This possibility extends to the general public: in Korea, thanks to virtual reality, a bereaved mother had the opportunity to say goodbye to her deceased daughter thanks to the reproduction of her presence in the form of a digital avatar. In Japan, technological innovation makes it possible to "dinner" with a deceased loved one thanks to augmented reality. These living digital reminders go beyond simple memory to offer new interactions.

All of this "progress" poses ethical dilemmas, questions about consent, truthfulness, and the finitude of life.

The Business Side of Pain: Death is a universal experience, and the desire to reconnect, even artificially, with a departed loved one is irresistible. While some companies operate with compassion and empathy, others could see a lucrative opportunity to harness the grief of individuals. Providing a valuable service or taking advantage of the vulnerability of the bereaved?

Ethical dilemmas & fundamental question: what impact do these technologies have on the mental health of the living and on the natural process of mourning?
Grief, shock, denial, anger, resignation and acceptance, is an emotional journey necessary to guide the individual through the pain of loss and towards healing. Artificial interactions can hinder this progression, with a dependency where the survivor clings to a digital representation & does not accept the reality of death.

This "digital renaissance" can blur reality and memory.

Psychologists warn against the risks of addiction to these tools which would delay the resolution of mourning or cause it to regress.

Hyperattachment to a digitized version of a loved one could lead to isolation, prolonged distress, or an inability to live in the present.

The survivor may remain stuck in a particular phase of grief: denial.

This stagnation would have effects on their mental health, preventing the person from living their life, establishing new relationships or remembering the deceased person with serenity and acceptance.

Descendants may be overwhelmed with memories and digital interactions with ancestors they did not know.

Technology offers possibilities of consolation, but will it replace the natural and necessary mechanisms of healing: time and human help.

Tomorrow artificial intelligence and digital technologies will offer innovative ways to remember and honor our dead.

Cryogenics (already more than 500 cryogenic patients in the USA and more than 1000 on a waiting list) opens up frightening prospects for some, extraordinary for others.

 

 

 

 

 

 

 

sources : Challenges , NHM / Cryo

photo : D.R.