Un monument rendant hommage aux participants de « l’opération Némésis » a été inauguré à Erevan. Ce monument a généré une vive réaction de la Turquie qui en a condamné l’érection. Des menaces ont été proférées, suivies de l’interdiction faite aux avions arméniens de survoler le ciel de la Turquie. Cette dernière ayant également exigé du gouvernement arménien son démantèlement.
Le gouvernement décline toute responsabilité, affirmant qu’il s’agit là d’une initiative de la Mairie d’Erevan, dont chacun sait pourtant que le Conseil Municipal est constitué d’une large majorité de membres du « Parti Contrat Civil » du Premier Ministre, tout en se demandant si cette initiative, que le chef de gouvernement n’approuve pas, ne nuirait pas à la démarche d’intensification des « relations amicales » engagées par Pachinian. On croit rêver !
L’émission « Cartes Sur Table » du vendredi 13 mai, présentée par Mariette Gharapetian, traitera de l’histoire du commando qui a pourchassé et exécuté les auteurs du Génocide des Arméniens à travers toute l’Europe dans le cadre de « l’Opération Némésis ». Elle rappellera le processus qui a amené à la construction du monument et son incidence sur les relations arméno-turque. Pour ce faire elle aura comme invités Artashes Shahbazyan, rédacteur en chef de Troshak, organe de la FRA, Abraham Gasparyan, analyste politique et professeur d'université à Erevan et Keram Manoukian, député du groupe Haïastan et membre de la FRA Dachnaktsoutioun.
L’émission « Cartes Sur Table », est à suivre en direct à 10 h 15 sur les ondes d’Ayp fm, 99.5, ainsi qu’en vidéo sur notre site radio-aypfm.com et sur « notre live Facebook et YouTube », mais également sur notre-application-smartphones.
Le programme sera immédiatement disponible en podcast sur notre site internet, et rediffusé à l’antenne, dimanche à 9h15.
Rediffusion
dimanche 14 mai 2023
à 9h15
En plus,
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Cette recherche de justice et de vengeance par les victimes d'un génocide a parfois été mise en relation avec la traque des nazis initiée par le Mossad à partir de la fondation de l'État d'Israël2,3,5.
L'événement le plus marquant de l'opération est l'assassinat de Talaat Pacha à Berlin, où le principal organisateur du génocide trouve la mort6.
Après demande expresse de la FRA, Armen Garo, Aaron Sachaklian et Shahan Natali fondent une cellule secrète destinée à l'assassinat des condamnés à mort2. Au total, huit hauts responsables turcs ou azerbaïdjanais (et trois « traîtres » arméniens) sont tombés sous les balles de sept « justiciers »8.
La vengeance exercée lors de cette opération se situe à deux niveaux ; il s'agit de venger le génocide en exécutant les responsables les plus importants mais il s'agit aussi pour la Fédération révolutionnaire arménienne de se venger des Jeunes-Turcs, avec qui elle avait été alliée et en très bons termes jusqu'au génocide3. Pour beaucoup de dirigeants de la FRA, le génocide était perçu comme une trahison des Jeunes-Turcs, dont ils avaient partagé les combats et qu'ils avaient même soutenu lors de la Révolution de 19089. Il s'agit ainsi aussi d'une opération cathartique pour la FRA, qui voulait "expier ses fautes" et l'erreur qu'avait été le soutien aux Jeunes-Turcs contre Abdulhamid II.
Le , assisté de deux complices, Soghomon Tehlirian a ainsi executé Talaat Pacha en pleine rue à Berlin. Ministre de l'Intérieur puis grand vizir de l'Empire ottoman durant le génocide, Talaat Pacha s'y était installé après avoir fui la Turquie au moment de la chute du régime Jeune-Turc. Soghomon Tehlirian est arrêté par la police allemande immédiatement après l'assassinat de Talaat Pacha, mais acquitté par un tribunal berlinois trois mois plus tard6.
Bande dessinée librement inspirée de l'opération Némésis.
Paolo Cossi, Jean-Blaise Djian, Jan Varoujan, Mission Spéciale – Némésis (BD)10, éd. Sigest, 2014.
Olivier Delorme, Tigrane l'Arménien, H&O, 2018 (roman qui mêle à une intrigue contemporaine le génocide arménien et l'opération Némésis).
Notes et références
↑ Yves Ternon, « Impunité, vengeance et négation. Le génocide arménien devant les tribunaux et les instances internationales », Le Monde Juif, vol. 156, no 1, , p. 32–56 (ISSN0026-9425, lire en ligne [archive], consulté le )
Archavir Chiragian, La dette de sang. Un Arménien traque les responsables du génocide (1921), précédé de « Le temps des assassins » par Gérard Chaliand, éd. Ramsay, 1982, rééd. aux éd. Complexe, 1984
Jacques Derogy, Opération Némésis, Fayard, 1986. Réédité dans l'anthologie Fragments d'Arménie, éd. Omnibus, 2007 (p. 473-723)
Yves Ternon, La cause arménienne, Le Seuil, 1983 (récit de l'opération Némésis p. 113-117)