Smyrne (Izmir en Turquie)
« Il était une fois Smyrne » ou l’identité d’une ville
(nous avons affiché complet avec 170 personnes en avril)
nous vous proposons une nouvelle date en mai :
Jeudi 11 mai 2023 à 18h30
Maison de l’International
1 rue Hector Berlioz – Grenoble
Entrée libre, places limitées.
Pas de réservation – Venez tôt !
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« Il était une fois Smyrne »
ou l’identité d’une ville
Scénario et mise en scène de Catherine Pounardjian
participation de 14 artistes
à l’occasion du centenaire de La Grande Catastrophe d’Asie Mineure de 1922.
Production : Arménie Échange et Promotion – Création 2023
Deux événements : Spectacle et Exposition
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1 – Spectacle
avec la présence de Emmanuel Carroz,
adjoint à la Ville de Grenoble
Ce récit culturel et historique illustré de documents d'archives, de musiques, de danses et de chants grecs, turcs, arméniens, vous emmènera à Smyrne, l’actuelle Izmir en Turquie. Les événements de septembre 1922 ont touché principalement Grecs et Arméniens à la fin de l’Empire ottoman, et ont fait des milliers de morts. Le chemin de l’exil s’est ouvert pour les rescapés. Nous vous emmènerons au cœur de nos familles…
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2 – Exposition
Du 04 mai au 26 mai 2023, salle Agora
Composée de deux volets distincts, cette exposition vous fera découvrir d’une part la vie intramuros de la ville de Smyrne et de ce qui fut La Perle du Levant jusqu'en août 1922, et d’autre part les événements de septembre 1922 qui, en un mois, ont anéanti cette ville portuaire, cosmopolite, unique en son genre.
La réalisation de cette double création est le fruit d’un travail collectif mené dans le cadre des activités de Arménie Echange et Promotion.
Le spectacle et l’exposition sont amenés à tourner dans différentes villes,
ensemble ou indépendamment.
Pour toute demande, nous contacter : catherine.aep@gmail.com
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Nous vous emmènerons au cœur de nos mémoires familiales où les langues turque, grecque, arménienne et française se mêlent…
Si vous ne souhaitez plus recevoir d’information de notre association, répondre à ce mail en écrivant STOP.
Bien cordialement à toutes et à tous. A bientôt.
Smyrne en héritage : une rétrospective en couleur et en musique.
La ville fut l’une des plus importantes « échelles du Levant », mot qui provient du génois scala signifiant « escale ». Dans ces « échelles », des Occidentaux catholiques, notamment italiens et français, s’installèrent, protégés par les « capitulations »7: on les y appelait les « Francs » ("Frenkler", en turc) ou les "Levantins" ("Levantenler", en turc) et leur prestige était tel, que par conversion ou mariage des familles grecques ou arméniennes s’y intégrèrent, à l’exemple de la famille Balladur. Au point qu’au xixe siècle, Smyrne est appelée un « petit Paris » et que le port de Smyrne était réputé pour son caractère cosmopolite8.
Le peintre Alexandre-Gabriel Decamps fut l'un des principaux artistes des scènes orientalistes, bien qu'il n'ait visité qu'une seule fois le Moyen-Orient, en 1828. Dans La Patrouille turque, neuf hommes d'une patrouille à pied accompagnent Cadji-Bey, le chef de la police, lors de sa tournée9.
- Peintures du xixe siècle
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La Patrouille turque
Alexandre-Gabriel Decamps, vers 1830
Wallace Collection -
Le Mouillage de Smyrne
Alexandre-Gabriel Decamps, vers 1847 vers
Wallace Collection -
Smyrne, Bournabat
Camille Corot, 1873
Collection particulière, vente 1992.
Le nouveau port (1870) est construit par l’entreprise Dussaud et les deux premières lignes de chemin de fer relient Smyrne à Kassaba et à Aïdin en 1856. Tout cela concourt à projeter la ville dans l’ère moderne, mais avec un paradoxe qui pèsera lourd en 1922 : alors qu’elle est une ville de l’Empire ottoman, les Turcs, majoritaires dans l'agglomération mais pauvres et exerçant les professions les plus pénibles, y sont relégués dans les villages de la périphérie et le quartier aux ruelles étroites et tortueuses de Kadifekale, tandis que les « Francs » et les Grecs, riches commerçants pour la plupart, occupent le front de mer et le centre-ville de style européen : le Konak10.
Articles détaillés : Occupation de Smyrne par la Grèce et Incendie de Smyrne.
Incendie de Smyrne (14 septembre 1922).
Incendie de Smyrne ; au premier plan le croiseur américain Litchfield.
Attribuée à la Grèce après la Première Guerre mondiale lors du traité de Sèvres (non reconnu par le gouvernement d'Ankara), Smyrne est occupée par l’armée grecque à partir du . En ce jour, plus de deux mille soldats turcs11 sont tués à Smyrne et dans les environs. Après la débâcle grecque à l’, la ville est libérée par les forces du gournement d'Ankara dirigées par Atatürk le , marquant la fin de la guerre d'indépendance turque.
Dans les dernières semaines de la guerre, les civils Grecs ottomans de Ionie, et plus largement d’Anatolie, craignant les représailles turques à la suite des nombreux massacres perpétrés par les troupes grecques envers les populations turques, affluent en masse à Smyrne : ils sont plus de 200 000 le lorsque les troupes d'occupation quittent la ville. Il ne reste plus alors dans le port que des navires étrangers (anglais, français, italiens et américains) qui reçoivent en priorité leurs propres ressortissants et repoussent les barques des civils grecs ou arméniens qui tentent de les aborder. Les noyades se multiplient tandis que les premières troupes turques réinvestissent le le konak, après avoir été acclamées en libératrices en périphérie de la ville et à Kadifekale. Les exactions commencent : jusqu'au , la ville est livrée aux pillages, à la vindicte populaire et aux exécutions sommaires contre les populations grecque et arménienne accusés de collusion avec l'occupant. Le métropolite de Smyrne, Chrysostomos, qui avait refusé de s’embarquer avec les derniers officiels grecs, est lynché sur la grande place, au vu des sentinelles françaises du consulat qui ont ordre de ne pas intervenir pour préserver la sécurité des ressortissants français. Les tentatives du consul américain Horton pour organiser l’évacuation sont désavouées par son gouvernement.
Le , un incendie éclate dans le quartier arménien. Il s’étend rapidement à tout le konak, alors que de nombreux biens se trouvaient toujours abandonnés sur place. En une semaine, il détruit presque tout le konak et y fait près de 2 000 morts12,11,13. L’origine de ce désastre est fortement disputée : les Grecs et les Arméniens en imputent la responsabilité aux pillards, tandis que les Turcs accusent les chrétiens de s’être livrés à une politique de terre brûlée pour empêcher que leurs biens n’échoient aux troupes kémalistes. Mais les témoignages, notamment celui de George Horton, affirment que le quartier arménien était gardé par les troupes kémalistes qui y interdisaient la libre circulation.
En partie grâce à la dénonciation du consul Horton de l’indifférence internationale, la flotte grecque est autorisée le à revenir à Izmir : elle évacue jusqu’au 180 000 réfugiés, prélude de l’échange de populations musulmanes et chrétiennes qui a lieu entre la Turquie et la Grèce l’année suivante, selon les dispositions du traité de Lausanne (1923). Dans son ouvrage paru en 1926, The Blight of Asia, Horton accuse l’armée turque d’avoir sciemment provoqué la destruction de Smyrne pour rendre impossibles tout …
out retour ou indemnisation des réfugiés expulsés14.
La reconstruction d'Izmir
Gratte-ciel dans le quartier Bayraklı.
La ville, où seuls les quartiers musulmans furent épargnés par l’incendie, ce qui semble confirmer le témoignage de Horton15 sera progressivement reconstruite d’après les plans de l’urbaniste René Danger16. La ville accueille tous les ans dans la première semaine de septembre, depuis 1936, la Foire internationale pour laquelle a été aménagé un grand parc au centre de la ville : le Kültürpark.
Après la Seconde Guerre mondiale, Izmir connait un boom démographique en partie dû à l’exode rural depuis les provinces orientales. Le projet d’extension de Le Corbusier, invité par la municipalité en 1939 puis en 1948, n’est pas réalisé. La ville présente cependant un aspect très moderne, que seuls viennent atténuer les quartiers du port (le konak, ancien quartier « franc ») et les pentes de la citadelle de Kadifekale.
Devenue entièrement turque, Izmir a conservé sa tradition de ville ouverte sur l’Occident. Il reste à Izmir des traces et des liens de la présence d’une communauté francophone, dont une église catholique et le lycée catholique Saint-Joseph, établi par les Frères des écoles chrétiennes en 1880, qui poursuit sa mission, bénéficiant du label LabelFrancÉducation.
En 2020, la ville a été endommagée par le séisme de 2020 en mer Égée, qui a été l'événement sismique le plus meurtrier de cette année-là. 117 personnes sont mortes et 1 034 autres ont été blessées en Turquie, toutes sauf une originaires de la ville d'Izmir17.