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ARMENIE
Le maire de Lyon à Tsitsernakaberd
Nor Haratch – 11 avril 2023
Le 10 avril, la délégation conduite par le maire de Lyon, Grégory Doucet, a visité le Mémorial du génocide arménien, accompagné du maire adjoint d’Erevan, Suren Grigorian. Le directeur du Musée-Institut du Génocide, Haroutiun Maroutian, a accueilli les invités et a présenté l’histoire de la création du complexe commémoratif.
Il a également évoqué les récits des trois croix de pierre placées à Tsitsernakaberd à la mémoire des Arméniens victimes des massacres organisés par le gouvernement azerbaïdjanais dans les villes de Soumgaït, Kirovapat (Gandzak), Bakou en Azerbaïdjan à la fin du siècle dernier, et les histoires des cinq combattants de la liberté tombés pendant la guerre d’Artsakh et qui ont été enterrés en face du Mur du deuil, soulignant le lien entre ces massacres et le génocide arménien.
Grégory Doucet a déposé une gerbe devant le Mémorial et le feu éternel commémorant les victimes du génocide arménien, observant une minute de silence en l’honneur des martyrs du génocide.
Ensuite, la délégation de la Municipalité de Lyon s’est rendue au Musée du Génocide où elle a visité les expositions permanentes et temporaires.
A la fin de la visite, les invités ont planté un arbre dans le parc du Mémorial.
Le même jour, le maire de Lyon a rendu hommage aux martyrs des guerres d’Artsakh dans le panthéon militaire « Yerablour ».
La délégation lyonnaise est en visite officielle à Erevan du 8 au 14 avril.
Coopération Lyon – Erevan
Armenews – 10 avril 2023
La délégation dirigée par le maire de Lyon Grégory Doucet a été accueillie à la mairie d'Erevan le 10 avril.
Le maire intérimaire d'Erevan Levon Hovhannisyan, le maire adjoint Tigran Avinyan, le maire adjoint Suren Grigoryan, le chef du groupe "Mon pas" du conseil municipal d'Erevan Armen Galjyan, le chef du groupe "Arménie prospère" Mikayel Manrikyan et le chef du groupe "Luys" Davit Khajakyan ont participé à la réunion en format élargi.
Le maire par intérim Levon Hovhannisyan a remercié M. Doucet d'avoir accepté l'invitation à effectuer une visite officielle à Erevan. M. Hovhannisyan a déclaré que la visite de M. Doucet permettra d'intensifier le développement du partenariat entre les deux villes et la mise en œuvre de programmes conjoints.
"Les relations arméno-françaises sont au plus haut niveau. Nous attachons une grande importance à nos relations collégiales et amicales avec Lyon, et je pense que nous pouvons déjà commencer à travailler sur le prochain accord triennal et avoir un partenariat concret dans les domaines du transport, de la gestion du trafic et du développement urbain, ainsi que dans la culture, le tourisme, l'éducation et d'autres secteurs", a déclaré M. Hovhannisyan.
L'adjoint au maire, Tigran Avinyan, a mis l'accent sur les liens d'amitié entre les deux pays et les deux villes et a souligné la mise en œuvre de deux projets qui seront d'une importance capitale dans la perspective d'un partenariat entre Erevan et Lyon.
"L'accumulation des meilleures expériences est une formidable opportunité pour développer une génération compétitive. Les jeunes sont notre avenir et nos futurs managers, c'est pourquoi j'attache une grande importance aux programmes d'échanges de jeunes. La société Yerevan Project et la mairie de Lyon ont développé le projet de reconstruction de Kond. Aujourd'hui, nous avons l'opportunité de réaliser ce projet, en préservant la couleur du centre historique et en le reconstruisant", a déclaré M. Avinyan.
M. Doucet a remercié pour l'invitation et l'accueil chaleureux et a déclaré que Lyon attachait une importance particulière à l'amélioration de ses relations avec Erevan. Il s'est dit convaincu que sa visite contribuerait à définir les priorités et les étapes à suivre pour avancer.
"Une ville saine, une vie prospère et une économie responsable, tels sont les défis importants que nos villes doivent relever. Je suis sûr que nous serons en mesure de réaliser ces projets décrits dans le cercle de partenariat entre Erevan et Lyon en unissant nos efforts. C'est ma première visite à Erevan et je suis heureux de participer au renforcement et au développement des liens entre les deux villes", a déclaré le maire de Lyon.
Les deux parties ont également échangé sur le développement du prochain Programme de partenariat de trois ans.
Des Azerbaïdjanais infiltrés dans le village de Bnounis (Sisian)
Nor Haratch – 10 avril 2023
Les habitants du village de Bnounis à Sisian vivent dans la peur. La raison en est que récemment vers l’aube, des personnes masquées en tenue militaire ont frappé à la porte d’une mère vivant avec ses enfants mineurs.
Lorsque la dame a ouvert la porte et a demandé qui ils étaient et ce qu’ils voulaient, ils ne se sont pas présentés, ils n’ont même pas prononcé un seul mot pour qu’elle puisse savoir s’il s’agit des Arméniens ou non. Terrorisée, elle réussit à peine à refermer la porte sur eux. Les inconnus sont repartis.
Armen Hakobjanian, maire de Sisian, a dit au média “Azatutyun” que deux Azerbaïdjanais sont entrés dans le village de Bnounis. L’un a déjà été arrêté, l’autre n’a pas encore été retrouvé et les recherches se poursuivent. Selon le maire, ils se trouvaient initialement à Bnounis, puis les habitants ont aperçu l’un d’eux dans l’une des rues du village d’Achotavan. D’ailleurs, les villageois affirment qu’ils n’étaient pas deux, mais trois personnes.
Jusqu’à présent, on ne sait pas comment ils ont pénétré aux intérieurs de l’Arménie, car les communes Bnounis et Achotavan sont assez éloignées des positions azerbaïdjanaises.
Il y a un autre phénomène mystérieux. L’Azerbaïdjanais arrêté ne portait pas d’uniforme militaire, mais il était en tenue civile.
Plus tard, le ministère arménien de la Défense a confirmé que dans la nuit du 9 au 10 avril, entre 1 et 2 heures du matin, un soldat de l’armée azerbaïdjanaise avait été découvert et arrêté sur le territoire arménien. Selon le ministère, l’Azerbaïdjanais arrêté a déclaré qu’il y avait un autre soldat avec lui, dont la recherche se poursuit.
En tout cas, les habitants de la région, qui ne se sentaient déjà pas très en sécurité, ont complètement perdu leur sentiment de sécurité et vivent dans la peur. D’ailleurs, de toute évidence, c’est ce que cherchent les Azerbaïdjanais.
Déclaration de Nikol Pachinian
Armenews – 6 avril 2023
Une séance régulière du cabinet s'est tenue aujourd'hui, présidée par le Premier ministre Nikol Pashinyan.
Avant de discuter des questions à l'ordre du jour, le Premier ministre a prononcé un discours, évoquant la situation humanitaire dans le Haut-Karabagh et la situation à la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Dans son discours, Nikol Pashinyan a déclaré:
« Chers participants à la réunion du Gouvernement, Cher peuple,
La situation humanitaire dans le Haut-Karabagh reste tendue en raison du bouclage du corridor de Latchine. L'approvisionnement en gaz et en électricité du Haut-Karabagh reste bloqué.
Un autre incident choquant s'est produit la veille, lorsqu'un groupe de résidents du Haut-Karabakh se rendant de Goris à Stepanakert a de nouveau été empêché de rentrer chez eux. Cette histoire documentée démontre une fois de plus nos évaluations antérieures sur cette question, et ces évaluations sont encore renforcées à la lumière de la décision de la Cour internationale de justice des Nations unies du 22 février 2023, selon laquelle l'Azerbaïdjan doit prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer le fonctionnement complet du corridor de Latchine. L'incident de la veille a démontré une fois de plus que la décision de la Cour internationale de justice n'est pas respectée, et nous devons poursuivre nos efforts internationaux et diplomatiques dans ce sens.
Chers participants, Mesdames et Messieurs,
Je vous ai informés lors de la précédente réunion du gouvernement qu'en raison de la mise en service de la nouvelle route Kornidzor-Tegh, qui relie la République d'Arménie au corridor de Latchine, la route menant au corridor de Latchine sera modifiée, ce qui obligera les gardes-frontières de la République d'Arménie à prendre en charge la section de 12 kilomètres de la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. La raison en est que jusqu'à présent, la protection directe de la section susmentionnée de la frontière n'a été mise en œuvre ni par l'Arménie ni par l'Azerbaïdjan, conformément à l'accord sur la garantie de la route temporaire du corridor de Latchine conclu l'année dernière.
Comme on le sait, certaines difficultés ont été soulevées lors de la mise en place d'une protection directe de la frontière, comme l'a rapporté le Service de sécurité nationale, soulignant que des problèmes de cartographie sont apparus au cours du déploiement des deux parties. Dans certains endroits, selon l’évaluation du côté arménien, le côté azerbaïdjanais s'est déployé et a mené des travaux d'ingénierie 100 à 300 mètres avant la frontière, sur le territoire de l'Arménie. Il a alors été décidé que la situation serait rectifiée par les cartographes des deux parties. Au cours de cette période, des activités ont été menées pour ajuster les emplacements des gardes-frontières, et la situation s'est améliorée dans une certaine mesure. En particulier, les emplacements de 7 des 12 kilomètres ont été ajustés, et les travaux sur 5 kilomètres se poursuivent.
Notre position a été et reste d'éviter une escalade de la situation. J'espère que l'ajustement des points de localisation se fera dans un atmosphère constructive. C'est ainsi que nous voyons les choses.
Chers participants à la réunion du gouvernement, Mesdames et Messieurs,
Dans cet environnement mondial instable et incertain, il faut avoir les nerfs solides une endurance pour ne pas laisser aux forces intéressées à faire exploser la situation régionale. Néanmoins, le Gouvernement de la République d'Arménie a réaffirmé sans relâche son engagement en faveur d'un agenda pacifique.
Je vous remercie. »
ARTSAKH
Mikayel Arzoumanian a été reconnu coupable de la chute de Chouchi et du sommet de « Arega »
Nor Haratch – 11 avril 2023
L’enquête préliminaire de la Commission d’enquête d’Arménie est terminée, l’ancien commandant de l’armée de défense Mikayel Arzoumanian a été reconnu coupable de la chute de Chouchi et du sommet de « Arega ».
À présent, l’affaire est transmise au Parquet.
Dans un communiqué récemment publié l’avocat d’Arzoumanian affirme que les accusations portées contre son client sont infondées.
Manifestation des femmes d’Artsakh sur le tronçon bloqué de la route Choch-Chouchi
Nor Haratch – 9 avril 2023
Le 7 avril, un groupe de femmes d’Artsakh a organisé une manifestation pacifique pour préserver l’identité arménienne de l’Artsakh, ainsi que pour protester contre les attaques azerbaïdjanaises et le blocus du corridor de Berdzor depuis près de quatre mois. En partant du mémorial de la Fraternité de Stepanakert, elles ont marché jusqu’à la partie de la route Choch-Chouchi bloquée par les Azerbaïdjanais.
« Nous voulons prévenir toutes les injustices à notre encontre et restaurer nos droits. Nous voulons faire appel au monde, au monde sourd, pour qu’il arrête l’attaque de l’Azerbaïdjan contre nous », a déclaré Ani Hovhannissian, l’une des organisatrices de la manifestation, lors de la diffusion en direct de Facebook.
Les participantes à la manifestation ont scandé en arménien, russe et anglais : « L’Azerbaïdjan nous a enlevé notre droit à la libre circulation », « 30 mille enfants condamnés à l’indifférence », « Ouvrez le couloir de Berdzor », « L’arménité de l’Artsakh n’a pas d’alternative », « Si nous nous unifions, ce ne sera qu’avec la Mère Arménie ».
Sur les pancartes brandies par les manifestantes on pouvait lire : «Nous ne nous rendrons pas», «Assurez notre droit à la vie », « Rendez-moi mon droit à l’éducation », «Stoppez le mal», «L’autodétermination de l’Artsakh est la seule alternative».
Interview de Ruben Vardanian
Nor Haratch – 9 avril 2023
Dans une interview accordée au journal « Hraparak », l’ancien ministre d’État d’Artsakh Ruben Vardanian a déclaré qu’il était venu dire que le peuple d’Artsakh ne se soumettra pas à l’Azerbaïdjan.
Se référant aux rumeurs circulant en Arménie selon lesquelles il aurait quitté l’Artsakh en raison de problèmes de santé, Vardanian a déclaré :
« Il me semble qu’une campagne est en cours en faveur de notre ennemi, pour semer la panique parmi les gens, pour que les gens aient peur et partent d’ici. L’idée est de tuer l’espoir… ils le font depuis deux ans et demi pour que nous perdions tout espoir, mais cela n’arrivera pas, et je le dis en toute confiance, car je connais les habitants de l’Artsakh, cela ne fonctionnera pas pour briser leur volonté et mettre en poussière leur force intérieure.
Deuxièmement, que signifie de quitter ou de ne pas quitter l’Artsakh ? Je fais ce que je considère comme important dans deux directions : la première est d’unir notre société en interne, la seconde c’est de tenir informé les amis de l’Artsakh de ce qui se passe. S’il le faut, je pars, s’il le faut, je viens, mais je suis ici parce que je considère que ma présence est importante ici. Et ils mettent en circulation ces commérages dans un seul but, pour que les gens ne croient plus personne. Je veux dire aux gens de l’Artsakh : sachez une chose, Ruben a des “défauts” que les gens peuvent aimer ou non, mais mon pouvoir est dans ma parole. si je dis quelque chose, je le fais. C’est comme ça que je vis et que je vivrai jusqu’à la fin de ma vie. »
Concernant les rumeurs et les affirmations selon lesquelles le couloir de Berdzor a été fermé en raison de sa nomination au poste de ministre d’État, Vardanian a déclaré : « Toutes ces idées complotistes, selon lesquelles “si Vardanian part, on aura tout”, c’était ciblé. Car, l’Azerbaïdjan a vu que les gens étaient unis sur cette place en plein froid de décembre et en période si difficile, déclarant “nous nous battrons, nous ne partirons pas, nous ne nous rendrons pas”. Cette force est très importante dans cette lutte, et sans elle nous ne pouvons rien faire, peu importe combien d’armes et d’argent nous avons. Le but était d’empoisonner et d’affaiblir de toutes les manières possibles cet esprit qui est le nôtre. Qui sait, comme ils communiquent avec les Azerbaïdjanais, c’est peut-être d’eux qu’ils ont reçu de telles informations ? («NH»- Allusion à la conviction selon laquelle s’il partait, la plupart des problèmes seraient résolus). Je ne sais pas, parce que j’étais sûr et j’avais dit dans mon dernier discours que je n’étais pas d’accord avec cette décision («NH»- Son limogeage contre des promesses azéries), parce que je voulais rester ministre d’État, parce que je savais qu’aucune de leurs attentes, d’avoir du gaz, d’avoir de l’électricité ne se réaliseraient, si je partais. Je le savais et je l’ai dit au Président et je l’ai dit ouvertement. D’un autre côté, bien sûr, j’ai compris que le Président a ses raisons, et deuxièmement, je ne voulais en aucun cas devenir la personne qui nuit au peuple d’Artsakh. »
Vardanian a également fait référence aux accusations selon lesquelles il a catégoriquement refusé la nécessité de négociations avec l’Azerbaïdjan. « J’ai toujours dit que je suis la personne qui a mené des milliers de négociations dans ma vie, mais pour négocier, il est très important que les deux parties s’acceptent. Nous avons des opinions complètement différentes, nous disons que nous sommes une des parties aux négociations, l’Azerbaïdjan dit : “vous n’êtes pas une partie, vous n’existez pas, vous n’êtes que des individus distincts, nous ignorons ce qu’est l’Artsakh, nous ne l’acceptons pas en tant qu’État”, ajoutant que ce n’est pas possible. Pour une négociation, la partie adverse doit vous accepter aussi en tant que partie, et pour cela nous devons exprimer très clairement notre position, dire que nous sommes là, asseyons-nous et parlons. S’ils ne nous acceptent pas, alors il ne peut y avoir de négociation ; ce qu’ils disent c’est que nous devons nous soumettre. Je suis venu et j’ai dit que nous ne nous soumettrions pas, car c’est inacceptable, le peuple d’Artsakh ne se soumettra pas à l’Azerbaïdjan, et c’est tout. Sommes-nous prêts pour des négociations ? Oui, nous sommes prêts. Nous sommes prêts à voir si nous pouvons vivre côte à côte sans nous assujettir, mais ce sont déjà d’autres négociations », a-t-il dit.
Lorsqu’on lui a demandé pourquoi il n’a pas pu coopérer avec le Président de l’Artsakh, Ruben Vardanian a répondu : « Araïk Haroutunian et moi sommes des dirigeants de styles différents ; j’étais plus tranchant, je disais plus clairement que tout le monde doit obéir aux règles du jeu, celui qui n’obéit pas, doit être puni.
Malheureusement, le Président dirigeait dans un style plus politique pour diverses raisons. Pour sortir de cette crise, il fallait un mode de pensée unifiée, ce qui ne s’est pas fait. Il y avait de la pression sur lui de l’intérieur comme de l’extérieur. C’était sa décision ; il pensait que ce serait plus juste pour l’Artsakh que je quitte le poste de ministre d’État. Mais ça n’a rien changé. »
Le village de Aghavno a été détruit
Nor Haratch – 8 avril 2023
Le Centre pour la vérité et la justice (Center for Truth and Justice), une organisation engagée dans l’analyse d’images satellites, a relevé que du 13 janvier au 4 février 2023, l’Azerbaïdjan a complètement effacé de la carte le village d’Aghavno en Artsakh.
Des citoyens de l’Artsakh empêchés de rentrer chez eux
Nor Haratch – 6 avril 2023
Le ministre d’État d’Artsakh, Gurken Nersissian, rapporte les détails suivants d’un nouvel acte inhumain de l’Azerbaïdjan qui a eu lieu le 4 avril.
Ce jour, des casques bleus russes ont tenté de transporter 27 citoyens (dont des femmes, des enfants et des personnes âgées) en Artsakh depuis la ville de Goris, qui, comme des centaines de citoyens, sont restés en Arménie en raison du blocus qui dure depuis près de quatre mois et n’ont pas pu retourner chez eux, pour retrouver leurs familles. Mais, sur l’autoroute Goris-Stepanakert près de la ville de Chouchi, dans le tronçon fermé de la route, les pions du gouvernement azerbaïdjanais ont coupé la route du convoi.
Afin de faire dégager la route, les soldats russes ont négocié avec la partie azerbaïdjanaise pendant plus de cinq heures, mais en vain. De plus, les Azerbaïdjanais ont pris d’assaut les bus transportant des passagers et proféré des menaces, posant comme condition préalable « d’accepter la citoyenneté azerbaïdjanaise ». Parmi les passagers, quatre femmes ont été victimes de malaise et trois d’entre elles se sont évanouies. Les Casques bleus les ont transportés à l’hôpital de Stepanakert. Soit dit en passant, les Azéris ont tenté de les transférer à l’hôpital de Chouchi sous leur contrôle, mais suite aux contestations des autres passagers elles ont été transférées à Stepanakert. Les autres citoyens d’Artsakh ont dû retourner à Goris.
Artak Beglarian, conseiller du président de l’Artsakh, écrit à ce propos sur sa page Facebook :
« Dans ces conditions où l’Azerbaïdjan mène une politique d’État de discrimination et de haine raciales, dont nous sommes régulièrement témoins de manifestations, la communauté internationale devrait comprendre que le peuple d’Artsakh sera en danger existentiel en cas de passage sous le joug azerbaïdjanais. Par conséquent, afin de prévenir de nouveaux crimes, des mesures urgentes, décisives et pratiques sont nécessaires pour assurer la sécurité et les droits du peuple d’Artsakh, y compris celui à l’autodétermination. »
L’Azerbaïdjan, qui déclare constamment que la route reliant l’Artsakh à l’Arménie est ouverte, a ainsi ouvertement interdit le 4 avril aux habitants de l’Artsakh d’entrer chez eux. Par contre, en même temps il montre une approche complètement opposée lorsqu’il s’agit de quitter l’Artsakh pour l’Arménie, ce qui est une preuve directe de son comportement criminel et de son intention d’expulser les Arméniens d’Artsakh.
AZERBAÏDJAN
4 diplomates iraniens expulsés d’Azerbaïdjan
Nor Haratch – 7 avril 2023
Selon haqqin.az, le 6 avril, Seyit Abbas Mousavi, ambassadeur d’Iran à Bakou, a été convoqué au ministère des Affaires étrangères, où on lui a exprimé le mécontentement de la partie azerbaïdjanaise « en lien avec les actions provocatrices de Téhéran envers l’Azerbaïdjan ».
L’ambassadeur a été informé que quatre diplomates de l’ambassade d’Iran sont déclarés par le gouvernement azerbaïdjanais comme « persona non grata » en raison de leurs activités qui ne correspondent pas au statut diplomatique et sont contraires à l’accord de Vienne de 1961. Ils sont sommés de quitter l’Azerbaïdjan dans les 48 heures.
IRAN
L’Iran condamne l’ouverture d’une ambassade azerbaïdjanaise en Israël
Nor Haratch – 6 avril 2023
Le parlement iranien a condamné l’ouverture de l’ambassade d’Azerbaïdjan en Israël dans une déclaration spéciale. Les législateurs iraniens ont demandé au département diplomatique du pays de prendre des mesures dans ce sens. L’information est rapportée par l’agence de presse officielle IRNA.
Selon la source, le corps législatif iranien a qualifié l’ouverture de cette ambassade de « démarche incroyable qui va à l’encontre des intérêts du monde islamique ».
Les députés iraniens ont appelé les gouvernements et les organisations arabes et musulmans à suivre leur exemple et à condamner la décision de l’Azerbaïdjan.
Rappelons qu’après trois décennies de relations diplomatiques, l’Azerbaïdjan a récemment ouvert sa première ambassade en Israël, devenant ainsi le seul pays au monde à majorité chiite à ouvrir sa propre ambassade en Israël, rival de longue date de l’Iran.
TURQUIE
Messe de Pâques à Sourp Guiragos
Nor Haratch – 10 avril 2023
Le 9 avril, après une interruption de huit ans, un service de la Sainte Résurrection a eu lieu pour la première fois dans l’église Saint Kirakos de Tigranakert. L’église avait été endommagée et fermée à la suite d’affrontements turco-kurdes en 2015 et n’avait été rouverte qu’en mai de l’année dernière.
Selon le journal « Agos », la liturgie a été célébrée par des prêtres venus d’Istanbul.
Rappelons que Saint Kirakos n’a heureusement pas été touché par les tremblements de terre survenus en février dernier.
Quant à l’église du village de Vakif, le service de Pâques y a été tenu dans la cour de l’église, car l’autel avait été détruit au séisme.
Notons que la majeure partie de la population arménienne du village de Vakif qui avait été transférée à Istanbul après le tremblement de terre, est revenue dans son village natal à l’occasion des fêtes pascales.
Garo Paylan ne se représentera pas au Parlement turc
Nor Haratch – 10 avril 2023
Garo Paylan, le seul représentant arménien du Parlement turc, a déclaré qu’il n’a pas présenté sa candidature pour les élections législatives qui se tiendront le 14 mai.
Paylan, membre du parti prokurde de l’opposition HDP, a expliqué que s’il n’est plus candidat c’est à cause de la règle des deux mandats. En d’autres termes, ceux qui ont rempli deux mandats ne peuvent plus être réélus député une troisième fois.
« Je n’ai pas été présenté candidat par mon parti. Bonne chance à tous nos candidats. Victoire (en kurde). »
Notons que le 9 avril, les partis politiques turcs ont déposé leurs listes de candidats au Haut Conseil électoral.
CHYPRE
Armenews – 7 avril 2023
Le Parlement de Chypre a adopté le 6 avril une résolution condamnant l'Azerbaïdjan et l'exhortant à rouvrir immédiatement le corridor de Latchine.
La résolution a été soumise aux débats par le Comité national arménien de Chypre et le Comité chypriote de l'ARF "compte tenu de la fermeture du Corridor de Latchine et des provocations continues de l'Azerbaïdjan contre l'Arménie", ont déclaré les organisations. Les deux organisations ont coopéré avec le représentant de l'État de la communauté arménienne chypriote et le Cercle des amis de l'Artsakh.
Le Comité national arménien de Chypre a exprimé sa gratitude aux partis parlementaires de Chypre et a réitéré son engagement à continuer à travailler pour la protection des intérêts internationaux de l'Arménie et de l'Artsakh. L'organisation s'est dite convaincue que les aspirations maximalistes turco-azerbaïdjanaises et les défis géopolitiques ne peuvent être surmontés qu'en unissant les efforts pan-nationaux et en s'assurant du soutien des différents cercles de la communauté internationale.
Le corridor de Latchine – la seule route reliant le Haut-Karabakh à l'Arménie et au reste du monde – est illégalement bloqué par l'Azerbaïdjan depuis le 12 décembre 2022. L'Azerbaïdjan ne respecte même pas la décision de la Cour internationale de justice du 22 février, qui lui a ordonné d'assurer la liberté de circulation dans le corridor.
FRANCE
Hasmik Tolmajian a rencontré les membres du nouveau groupe d’amitié France-Arménie de l’Assemblée nationale française.
Nor Haratch – 7 avril 2023
Le 5 avril, l’ambassadeur d’Arménie en France Hasmik Tolmajian a rencontré les membres du nouveau groupe d’amitié France-Arménie de l’Assemblée nationale française. Le groupe d’amitié Arménie-France, composé de plus de quatre-vingt membres, réunit des représentants de différents courants politiques et est l’un des groupes les plus importants de l’Assemblée nationale. Le représentant de l’Artsakh en France Hovhannes Gevorgyan était également présent à la réunion.
Dans son discours, l’ambassadeur Tolmajian a souligné l’importance des relations particulières franco-arméniennes et du dialogue politique de haut niveau existant, ainsi que le rôle particulier de la coopération interparlementaire dans les relations entre les deux pays, tout comme l’activité des groupes d’amitié parlementaires.
L’ambassadrice a présenté aux députés, l’attaque lancée contre l’Arménie par l’Azerbaïdjan, ainsi que les conséquences de la crise humanitaire créée en Artsakh à la suite du blocus illégal du corridor de Berdzor, et les menaces existentielles auxquelles le peuple d’Artsakh fait face aujourd’hui.
Evoquant la coopération efficace établie entre l’ambassade et le groupe d’amitié, l’ambassadrice a également hautement apprécié l’importante activité de l’Assemblée nationale française, qui vise à attirer l’attention de la communauté internationale sur la crise humanitaire créée en Artsakh. De ce point de vue, l’ambassadeur Tolmajian a également exprimé sa gratitude pour l’adoption de la résolution condamnant l’attaque azerbaïdjanaise par l’Assemblée nationale le 30 novembre 2022, ainsi que pour les visites parlementaires régulières en Arménie, soulignant, en particulier, la visite de la délégation conduite par la Présidente de l’Assemblée nationale française en Arménie en janvier dernier.
La présidente du groupe d’amitié, Anne-Laurence Petel, députée des Bouches-du-Rhône, se déclarant préoccupée par la situation créée en Arménie et en Artsakh à la suite de la menace azerbaïdjanaise, a réaffirmé la solidarité du groupe d’amitié avec l’Arménie et le soutien aux 120 000 habitants de l’Artsakh.
ETATS-UNIS
San Diego proclame le 24 avril, journée du souvenir du génocide des Arméniens
Nor Haratch – 7 avril 2023
Le Conseil de Surveillance du comté de San Diego a adopté à l’unanimité une déclaration le 4 avril, proclamant le 24 avril 2023 comme journée du souvenir du génocide arménien.
Le révérend Pakrad Berdjekian, pasteur de l’église arménienne Saint Sargis, l’avocat John Dadian, le procureur du district de San Diego Samer Stefan et d’autres ont prononcé des discours lors de la cérémonie qui a suivi le vote.
Le révérend a remercié le Conseil de Surveillance pour la commémoration du génocide arménien, en particulier compte tenu de la menace imminente de nettoyage ethnique et de génocide qui pèse sur la population arménienne d’Artsakh, soumise au blocus continu et aux opérations offensives imposées par l’Azerbaïdjan.
La communauté arménienne de San Diego a salué également cette initiative du Conseil de Surveillance.
ISRAËL
Une place du génocide des Arméniens à Haïfa irrite la Turquie
Nor Haratch / The Times of Israël – 6 avril 2023
L’ambassadeur de Turquie en Israël a protesté contre le dévoilement, à Haïfa, d’une place en hommage aux victimes du génocide arménien.
Haïfa est devenue le mois dernier la toute première ville israélienne à reconnaître la tragédie de cette manière.
Cette initiative « est porteuse d’une détérioration significative de ces liens que populations et gouvernements d’Israël et de Turquie souhaitent améliorer », a écrit Şakir Özkan Torunlar dans une lettre adressée à la maire de Haïfa, Einat Kalisch-Rotem, et que le Times of Israel s’est procurée mardi, à propos du changement de nom, qui a pris effet le 20 mars dernier.
À l’approche de l’anniversaire du génocide, le 24 avril prochain, les récriminations de Torunlar rappellent la sensibilité de cette question, alors même que les relations sont déjà compliquées entre la Turquie, puissante nation à majorité musulmane, et Israël, dont grand nombre d’habitants se sentent une communauté de destins avec le peuple arménien en raison de la Shoah.
Dans sa lettre, Torunlar demande à la maire de revenir sur sa décision et rappelle le discours officiel de la Turquie, à savoir qu’« aucun génocide n’a jamais été commis en Turquie ».
Située le long de l’avenue Ben Gurion à Haïfa, troisième plus grande ville d’Israël qui abrite plus de la moitié des quelque 15 000 Arméniens non juifs du pays, cette place du génocide arménien est le deuxième lieu choisi par une ville israélienne pour commémorer les atrocités.
Près de Tel Aviv, Petah Tikva a dévoilé en 2020 un monument aux victimes au sein de ce qu’il a plus tard baptisé parc Charles Aznavour, du nom du défunt chanteur français d’origine arménienne.
Le geste de Haïfa met de nouveau le doigt sur le fossé béant entre la solidarité du peuple israélien envers les souffrances arméniennes et la réticence des gouvernements israéliens à reconnaître officiellement le meurtre de centaines de milliers de civils arméniens par l’armée turque, durant la Première Guerre mondiale, par souci d’entretenir de bonnes relations avec la Turquie.
Eliran Tal, porte-parole de la municipalité de Haïfa, affirme que le geste de sa ville est un exemple à suivre pour le gouvernement.
« Nous espérons que l’Etat d’Israël va reconnaitre le génocide, perpétré par l’Empire ottoman, qui a coûté la vie à 1,5 million d’Arméniens », a-t-il écrit dans un communiqué.
Les diplomates turcs, a-t-il ajouté, « ont fait pression » sur la ville pour qu’elle renonce à son projet.
Ces dernières années, un nouvel obstacle à la reconnaissance du massacre est apparu, à savoir l’approfondissement des relations d’Israël avec l’Azerbaïdjan, nation riche en pétrole très liée à la Turquie, dotée d’une frontière avec l’Iran et porteuse d’un différend territorial sanglant avec l’Arménie.
Une telle reconnaissance pourrait mettre à rude épreuve les relations déjà tendues entre Israël et la Turquie de Recep Tayyip Erdogan, fervent musulman nationaliste qui, par le passé, a, entre autres, accusé Israël de perpétrer un « génocide » contre les Palestiniens.
La Turquie a dépêché un ambassadeur en Israël l’an dernier, signe de la fin de quatre années de rupture partielle des relations diplomatiques, suite à la mort de Palestiniens tués par l’armée israélienne lors des émeutes de 2018.
Les crises se sont succédées depuis l’arrivée au pouvoir d’Erdogan en 2003.
À la tête des quelque 6 000 Arméniens chrétiens de Haïfa, Yerem Lapadjian espère lui aussi que la décision de sa ville va favoriser la reconnaissance formelle du génocide par Israël, qui est pour lui sa patrie, au même titre que l’Arménie.
Ce que lui inspire ce geste de la ville va bien au-delà de la géopolitique.
« Quand je passe devant cette place du génocide arménien, où je me tiendrai le 24 avril, jour anniversaire du génocide, je pense à mon défunt grand-père, survivant du génocide nommé Sarkis Lapadjian, mort à Haïfa en 1953 », explique-t-il.
Alors adolescent, son grand-père a fui son village après avoir entendu des rumeurs selon lesquelles les Turcs assassinaient tous les hommes, se rappelle Lapadjian.
« Il s’est enfui en Égypte, mais il est retourné dans son village près d’Adana, en Turquie, pour se retrouver avec ses parents. Ils avaient tous été assassinés : alors il s’est de nouveau enfui, cette fois au Liban, avant de s’installer à Haïfa. C’est un survivant d’un génocide : un survivant du génocide arménien. »
Le refus d’Israël de reconnaître le génocide arménien est particulièrement douloureux pour Lapadjian, électricien automobile aujourd’hui âgé de 70 ans.
« C’est inconcevable. Le génocide arménien, perpétré lorsque la Turquie était un allié de l’Allemagne, a servi de modèle pour la Shoah. Si le monde en avait parlé en 1915, peut-être que le génocide juif aurait été évité. Il est grand temps qu’Israël prenne la parole », confie-t-il.
MEMOIRE
Massacre de Maragha – Communiqué du MAE d’Arménie
Nor Haratch – 11 avril 2023
Le ministère arménien des Affaires étrangères a publié un communiqué à l’occasion du 31e anniversaire des massacres des Arméniens de Maragha, où on peut lire entre autres :
« Il y a 31 ans, le 10 avril 1992, les forces armées azerbaïdjanaises ont perpétré des massacres atroces planifiés de la population civile de la commune arménienne de Maragha dans la région de Martakert en Artsakh, à la suite de quoi toute la population de cette commune – soit environ 5 000 personnes – a entièrement été victime du nettoyage ethnique, plus de 50 civils ont été sauvagement tués et et autant de civils ont été capturés. Ces données sont documentées dans les rapports des organisations de défense des droits de l’homme “Human Rights Watch” et “Amnesty International”. Le sort de beaucoup de ceux qui ont été capturés n’a pas été élucidé à ce jour, et ces derniers sont considérés comme disparus de force. »
« Ces massacres de masse successifs contre la population arménienne pacifique d’Artsakh, qui ont été suivis de la guerre d’avril 2016 et plus tard de la guerre de 44 jours » dit le communiqué, « démontrent indubitablement l’objectif de l’Azerbaïdjan de soumettre l’Artsakh à un nettoyage ethnique afin de le dépeupler complètement des Arméniens. »
« Aujourd’hui, nous rendons hommage à la mémoire des victimes du massacre de Maragha. Pour la poursuite de la prévention de ces crimes, nous soulignons une fois de plus le caractère urgent des mesures actives de la communauté internationale, y compris la mise en œuvre des moyens à sa disposition », peut-on lire dans le communiqué du Ministère.
DIASPORA
Rapport de Razmik Panossian, directeur du Département des Communautés Arméniennes à la Fondation Calouste Gulbenkian
Nor Haratch / Fondation Calouste Gulbenkian – 5 avril 2023
https://gulbenkian.pt/ armenian-communities
Février 2023 a marqué le dixième anniversaire de mon arrivée à la Fondation Calouste Gulbenkian pour diriger le Département des Communautés Arméniennes. Ce fut une décennie incroyable au sein de l’une des Fondations les plus importantes du monde arménien. C’est aussi l’occasion de prendre du recul par rapport à mon quotidien, de réfléchir sur le passé et de penser à l’avenir.
2023 coïncide avec le début d’un nouveau plan stratégique pour l’ensemble de la Fondation. En mai dernier, le professeur António Feijó a pris la présidence de la Fondation et s’est rapidement lancé dans un processus de redéveloppement et de planification stratégique. Après des mois de consultations et de préparation, auxquels le Département arménien a pleinement participé, le plan stratégique 2023-27 a été adopté au mois de décembre dernier par le Conseil d’administration. La « constance » et l’« équité » sont devenues les deux principes fondamentaux autour desquels les activités de la Fondation s’articuleront.
Cette année sera une année de transition pour le Département des communautés arméniennes. Nous mettrons un terme au plan quinquennal précédent et nous nous engagerons dans le nouveau. Notre mission revue est la suivante : « Renforcer la langue, la culture et l’éducation arméniennes dans la diaspora, et encourager la recherche et la pensée critique en Arménie ». Il y a à la fois une continuité et un changement dans cette déclaration. Nous restons centrés sur la langue, la culture et l’éducation, en particulier de l’arménien occidental, tout en apportant de nouveaux éléments qui sont actuellement cruciaux pour le monde arménien : des recherches substantielles pour le développement de meilleures politiques, et une pensée critique pour apporter de meilleures solutions aux problèmes nationaux.
Les nouveaux axes de l’activité du Département reflètent la dualité du monde arménien : Diaspora et Arménie. Si nous apprécions pleinement les interconnexions entre les deux segments de la nation, nous restons néanmoins centrés sur la diaspora dans notre approche. Ceci n’est pas seulement basé sur des faits démographiques – deux tiers des Arméniens vivent en dehors de l’Arménie – mais reflète une perspective philosophique plus profonde selon laquelle la diaspora est une partie inhérente de la nation, et qu’elle doit être nourrie et soutenue en tant que telle. Il ne s’agit pas d’un simple appendice de l’Arménie ou d’une source pour la construction de l’État, mais la diaspora est en elle-même une identité unique qu’il faut chérir.
Le nouveau programme quinquennal s’attaque à deux problèmes fondamentaux : la constance de la langue et de la culture arméniennes occidentales dans la diaspora et le manque de recherches scientifiques de qualité sur les questions d’actualité, basées sur une pensée critique, en Arménie. Plus précisément, notre programme s’appuiera désormais sur les quatre piliers suivants :
a) Assurer la vitalité de l’arménien occidental, depuis l’acquisition de la langue et des programmes de développement pour les enseignants jusqu’aux initiatives basées sur les technologies de l’information qui renforcent la langue.
b) Soutenir la créativité culturelle, en mettant l’accent à la fois sur l’arménien occidental et sur le rôle transformateur des arts dans la société et dans la vie des individus.
c) Soutenir la recherche et les traductions qui renforcent la pensée critique dans les sciences sociales et fournissent une base factuelle pour l’élaboration de politiques, en particulier en Arménie.
d) Accorder des bourses universitaires aux travaux de recherches ayant un accent particulier sur les études arméniennes et les questions contemporaines, ainsi qu’aux étudiants arméniens de premier cycle dans les pays en voie de développement.
La « constance » et l’« équité » sont présentes dans tous les quatre piliers susmentionnés. Contrairement à notre programme stratégique précédent, le plan 2023-27 est axé sur des thèmes précis sans faire de distinction géographique entre les pays, ce qui reflète la nature interconnectée des communautés arméniennes dans le monde entier.
Nous communiquerons bientôt les détails de notre nouveau programme stratégique via notre site web, des médias sociaux et d’une série d’événements organisés en diaspora et en Arménie. Nous finalisons actuellement les listes des projets que nous avons soutenus depuis 2014 et des bourses que nous avons accordées. Celles-ci seront publiées sur notre site internet, conformément à notre politique de transparence. Un rapport détaillé de nos activités de ces dix dernières années sera également disponible.
Jusqu’ici mon regard était tourné vers l’avenir. Comme je l’ai dit, la barre des dix années d’activité est aussi l’occasion d’effectuer une réévaluation rétrospective. On me demande souvent ce que je considère comme nos plus grandes réalisations depuis mon arrivée à la Fondation Gulbenkian. C’est une question difficile. Sans vouloir énumérer des initiatives spécifiques, je mentionnerais trois grandes tendances que le Département des communautés arméniennes a, selon moi, menées ou auxquelles il a contribué de manière significative.
Tout d’abord, nous avons replacé l’arménien occidental « sur la carte ». Alors que beaucoup parlent des dangers qui pèsent sur la langue, nous avons consacré des moyens considérables à sa revitalisation : outils pédagogiques, formation des enseignants, correcteurs orthographiques, numérisation de la littérature, aide aux écoles, publications, soutien à la culture, programmes pour enfants, cours de langue pour adultes, etc. Tous ces éléments, cumulés, ont renforcé la langue et créé un nouvel engouement pour elle, en particulier chez les jeunes. L’arménien occidental est une langue « en voie de disparition », mais ce n’est pas une langue morte. La génération actuelle a les moyens d’inverser la tendance, et nous sommes heureux d’être l’un des leaders du mouvement de revitalisation.
Deuxièmement, grâce à nos bourses de recherche et de traduction, nous avons joué un rôle clé dans la « modernisation » des études arméniennes afin de couvrir des sujets plus contemporains, d’une part, et, d’autre part, nous avons apporté de nouvelles réflexions et approches à l’Arménie grâce à la traduction de textes importants en sciences sociales. Il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine, et c’est pour quoi nous mettons l’accent explicite sur ces deux aspects au cours des cinq prochaines années. L’enquête sur la diaspora arménienne, les questions d’actualité en Arménie, ainsi que les bourses de recherche sur les relations arméno-turques, sont de parfaits exemples du premier aspect, tandis que notre série de traductions est un exemple du second.
Troisièmement, je ne peux manquer de mentionner notre programme de bourses universitaires qui a bénéficié à des milliers d’étudiants dans le monde entier. Il y a de quoi être fier. Bon nombre des nouveaux talents qui évoluent actuellement dans le domaine des études arméniennes ont bénéficié d’une bourse Gulbenkian à un moment ou à un autre. Nous accordons chaque année 8 à 15 bourses de master, de doctorat et de post-doc dans le seul domaine des études arméniennes (en dehors de l’Arménie), sans parler des dizaines d’autres bourses accordées à des chercheurs et à des étudiants arméniens dans d’autres domaines d’étude, y compris des bourses de conférence ou de voyage pour les jeunes chercheurs en Arménie.
Le Département des communautés arméniennes a joué un rôle transformateur au cours des dix dernières années dans ces trois domaines. Nos quatre piliers du programme des cinq prochaines années s’appuieront certainement sur ces tendances, en gardant toujours à l’esprit le contexte socio-politique plus large dans lequel nous opérons et les nombreux défis auxquels les Arméniens sont confrontés, tant dans la diaspora qu’en Arménie. La flexibilité (être agile face aux crises) est la clé d’une subvention réussie, ce dont nous avons dû faire preuve pendant la pandémie et la guerre de 44 jours, en passant à l’aide humanitaire ou en modifiant radicalement les projets tout en restant concentrés sur les domaines prioritaires.
Sur le plan « interne », l’année dernière, nous avons redéveloppé notre site web pour en faire un site entièrement bilingue, en anglais et en arménien occidental. Même la « politique en matière de cookies » est en arménien ! Nous avons augmenté nos ressources humaines en embauchant une adjointe au directeur, Shogher Margossian. Et nous avons lancé notre propre page Facebook pour nous engager directement dans les médias sociaux. N’hésitez pas à nous suivre !
Mon plus grand défi au cours des prochains mois sera de gérer simultanément la continuité et le changement, alors que nous commençons à mettre en œuvre le nouveau plan quinquennal. Le changement implique de se séparer de certains partenaires de longue date. Cela va être difficile de rompre après des années de collaboration fructueuse. Mais il faut relever de nouveaux défis, développer de nouveaux projets et établir et nourrir de nouveaux partenariats.
De même, dans le cadre d’initiatives permanentes, nous devons toujours nous poser la question des résultats obtenus, et montrer à notre Conseil d’administration, ainsi qu’au grand public, que nos initiatives ont un impact réel sur le monde arménien. Nous reconnaissons qu’il est difficile de montrer l’impact, en particulier lorsqu’il s’agit de la langue, de la culture et de l’éducation. Nous devons travailler en ce sens, en collaboration avec nos collègues des autres unités de la Fondation qui octroient de subventions.
Nous sommes enthousiastes pour les cinq prochaines années. Nous continuerons à financer des projets, à développer de nouveaux programmes, à tirer les leçons des défis que nous avons relevés et à aller de l’avant. Je donne toujours l’exemple de la génération de mes grands-parents. Ils ont construit leur vie, leur communauté, leur culture et leur langue dans la diaspora après le génocide. M. Gulbenkian lui-même a joué un rôle singulier dans cette reconstruction pendant les années 1920-30. Nous pouvons faire de même. Telle est, en résumé, notre philosophie au sein du Département des communautés arméniennes de la Fondation Calouste Gulbenkian.
Agenda – Marseille – Concert du Choeur Arménien Sahak Mesrop
45ème anniversaire du Chœur Arménien Sahak Mesrop, VENDREDI 28 AVRIL 2023 à 20h00, à l’Abbaye Saint-Victor. Avec la participation exceptionnelle des ensembles AZAD et SASSOUN de la JAF, et de l’ensemble KERAM.
Informations et ventes des billets: JAF Marseille, 47 Avenue de Toulon, 13006 Marseille, Tel.: 04 91 80 28 20.
Centre Culturel Sahak Mesrop, 339 Avenue du Prado, 13008 Marseille