Le livre de Raymond Kévorkian "Le génocide arménien"
a été traduit en turc par une Turque, Aysen Taskent Ekmekci.
Le journal Agos (fondé par Hrant Dink, assassiné en Turquie) d'Istanbul s'est
entretenu avec la traductrice sur ses émotions ressenties
pendant le processus de traduction qui a duré deux ans
et demi.
Ci-dessous extraits de profonds ressentiments éprouvés de Aysen Taskent Ekmeci :
" L'émotion dominante était la honte.Il y eut des moments ou je ne pouvais pas respirer et j'ouvrais la
fenêtre, pleurais et arrêtais la traduction. J'ai eu honte
au nom de l'humanité.
J'ai éprouvé un mal particulier avec les passages sur les
enfants enfouis dans des puits et sur ceux dans les
orphelinats. C'était tres lourd pour moi.
Je ne savais pas que 20,000 Arméniens avaient auparavant été tués en Cilicie puisque l'accent est mis sur 1915.
Je pense que tout le monde lira la traduction de ce livre
depuis la ville ou il est né et a vécu. Dans ce livre chacun retracera son propre passé.
J'ai vécu mon enfance a Adapazari (*) dans une maison
que je croyais avoir été achetée des Grecs. Pendant le
processus de traduction j'ai appris de mon père que la
maison appartenait à un Arménien que mon grand -père
avait achetée avant 1915 (**) et qu'auparavant c'était
un quartier arménien. Au moins parler de ces choses
avec mes parents était ,en soi, une confrontation."
L'académicien turc, Ahmet Insel, titulaire d'un doctorat
de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, considère la
traduction l'étude la plus complète en turc.
(*) Ville turque de la region de Marmara où 10 700
Arméniens habitaient au début du XXe siècle.
(**) Il est probable que la génération actuelle ignore la
date exacte de l'achat. Les cadastres de l'époque sont
un secret d'Etat
Zaven Gudsuz zaven471@hotmail.com (ancine élève des collèges mekhitaristes d'Istanbul & de Sèvres)
diplômé d'économie de l'Université de Nantes en France
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