L’été 1937, Man Ray et sa jeune compagne Ady Fidelin, retrouvent un groupe d’amis à la pension Vastes horizons, dans le village de Mougins, sur les hauteurs d’Antibes. Il y a le poète Éluard et sa femme Nusch, Roland Penrose et sa future femme Lee Miller, Picasso et Dora Maar. Man Ray a emmené avec lui sa caméra et une nouvelle pellicule kodachrome couleur qu’il souhaite expérimenter. Il filme ses amis, fait tournoyer la lumière, floute l’image, s’amuse, déshabille souvent les femmes, telle la mythique Kiki de Montparnasse ou la fascinante Lee Miller.
Photo : Par U.S. Army Official Photograph — http://astro.temple.edu/~gurwin/hist.0690syb2005.html, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=77888314
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Née dans une famille protestante1, privilégiée et cultivée aux opinions progressistes, Elizabeth Miller est élevée à égalité avec ses frères. Son père est ingénieur et photographe amateur ; à l'adolescence, elle sera photographiée nue par ce dernier2. Elle est marquée par un viol subi à sept ans et une maladie sexuellement transmissible qui s'ensuit3. Autre drame, alors adolescente, son petit ami se noie devant elle lors d'une promenade en barque4.
Elle entreprend en 1925 des études de théâtre et d'arts plastiques à l'École nationale supérieure des beaux-arts puis à New York à partir de 1927. Dans cette ville, elle est repérée par hasard par Condé Nast, le fondateur du magazine Vogue, dont elle ne tarde pas à faire la couverture4,1 dès le mois de mars5 ; elle pose alors pour les photographes de mode de Vogue2 tels Edward Steichen ou George Hoyningen-Huene6.
Paris et Man Ray
En 1929, Lee Miller quitte l'Amérique pour Paris et fait la connaissance de Man Ray, de dix-sept ans son aîné, dont elle devient à la fois la muse, la maîtresse et l'assistante3. En parallèle, elle poursuit sa carrière dans le mannequinat2. Elle crée en 1930 son propre studio photographique. Lee Miller reprend notamment des commandes du monde de la mode que Man Ray n'est plus en mesure d'honorer. Ainsi à cette époque, des images signées Man Ray sont en fait l’œuvre de Lee Miller. Avec Man Ray, elle redécouvre la technique photographique de la solarisation7,4.
Lee Miller participe au mouvement surréaliste en produisant des images pleines d'esprit et d'humour. À cette époque, Lee Miller se lie d'amitié avec Paul Éluard, Pablo Picasso et Jean Cocteau. Ainsi elle interprète le rôle de la statue dans le film de J
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Kiki de Montparnasse
Kiki de Montparnasse par Gustaw Gwozdecki (1920), localisation inconnue.
Naissance | Châtillon-sur-Seine |
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Décès | (à 51 ans) 7e arrondissement de Paris |
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Alice Prin, dite Kiki de Montparnasse ou simplement Kiki, également surnommée « la Reine de Montparnasse », était un modèle français, née le à Châtillon-sur-Seine (Côte-d'Or)1 et morte le (à 51 ans) à Paris2. Elle a été la muse et parfois l'amante d’artistes célèbres. Elle a aussi été chanteuse, danseuse, gérante de cabaret, artiste peintre et actrice de cinéma. Elle a animé le quartier du Montparnasse durant l’entre-deux-guerres (1921-1939).
Biographie
Enfance
Enfant illégitime, la jeune Alice Ernestine Prin est élevée par sa grand-mère dans une grande pauvreté. En 1913, elle quitte Châtillon-sur-Seine pour rejoindre sa mère, Marie Prin, linotypiste à Paris. En 1916, Marie Prin rencontre Noël Delecœuillerie, un jeune homme revenu blessé du front, qu’elle épouse deux ans après.
Modèle
Kiki de Montparnasse et Tsugouharu Foujita en 1926, Iwata Nakayama.
En 1914, Marie Prin retire Alice de l'école pour la faire travailler comme apprentie. Ainsi Alice est successivement brocheuse, fleuriste, laveuse de bouteilles chez Félix Potin et visseuse d’ailes d’avion3. En 1917, elle est bonne à tout faire chez une boulangère, place Saint-Georges (Paris 9e). Se révoltant contre les mauvais traitements qu’elle subit, elle est renvoyée. Pour gagner de quoi vivre, elle devient modèle, posant nue chez un sculpteur, ce qui cause une violente dispute avec sa mère qui l’expulse de chez elle malgré l’hiver. Elle est recueillie par le peintre Chaïm Soutine. Elle fréquente la brasserie La Rotonde mais au bar seulement. Pour avoir le droit de s’asseoir dans la salle, une femme doit porter un chapeau3. En 1918, elle se met en ménage avec Maurice Mendjizki (1890-1951), un peintre juif polonais.
Elle pose pour les peintres Amedeo Modigliani et Tsugouharu Foujita dont le Nu couché à la toile de Jouy sera l'événement du Salon d'automne de 1922. Moïse Kisling l'a également peinte à de nombreuses reprises. Elle adopte la coupe au carré, les yeux abondamment soulignés de khôl, les lèvres peintes de rouge vif et le pseudonyme Kiki3.
En 1921, elle devient la compagne et le modèle préféré de Man Ray qui trouve son physique « de la tête aux pieds, irréprochable »3. Il la photographie notamment à côté d'un masque baoulé, ainsi que de dos, nue, pour un célèbre cliché auquel il ajoute deux ouïes de violon et qu'il intitule Le Violon d'Ingres, en 1924. Dorénavant elle devient la reine de La Rotonde : « C'est Kiki, la seule, l'unique qui traverse majestueusement les salles, flanquée du fidèle Man Ray »4 qui lui fait rencontrer les dadas Tristan Tzara, Francis Picabia et les surréalistes Louis Aragon, André Breton, Paul Éluard, Max Ernst et Philippe Soupault.
Elle vit un temps[Quand ?] avec Vaslav Nijinski.
Peintre
Elle commence également à dessiner des portraits pour les soldats britanniques et américains qui fréquentent La Rotonde. Par la suite, elle expose régulièrement ses peintures dans des galeries parisiennes, notamment en 1927 dans la galerie Au Sacre du printemps5, en 1930, dans la prestigieuse galerie Georges Bernheim6, en 1931, galerie Jean Charpentier7, rue du Faubourg-Saint-Honoré. Pablo Gargallo fait son portrait en bronze doré en 1928.
En 1929 Kiki devient la maîtresse du journaliste Henri Broca8. Ce dernier fonde le magazine Paris-Montparnasse où paraissent les premiers chapitres du livre de souvenirs que Kiki écrit, et qu'il publie ensuite : Les souvenirs de Kiki9. Malgré l’engagement du journaliste américain Edward William Titus, époux d’Helena Rubinstein, les autorités douanières refusent l’introduction du livre aux États-Unis pour cause de propos jugés « scabreux »10.
Chanteuse
Kiki est élue « Reine de Montparnasse »3. Cependant sa mère, puis Henri Broca sombrent dans la folie. Pour parer aux frais médicaux, elle fait le tour des boîtes de nuits où elle chante (notamment au Jokey rue Campagne-Première) et danse. Le , elle débute au Concert Mayol dans la revue Le Nu sonore de Léo Lelièvre, Henri Varna et Marc-Cab. Elle conduit la revue avec Tonton de Montmartre11. En , elle chante à La Jungle7, en 1932 à L'Escale12, cette année-là, elle a un engagement à Berlin13. En 1936, elle chante Nini peau d'chien au Noël 1900 présenté au moulin de la Galette14. Elle chante aussi dans le célèbre cabaret de la rue de Penthièvre, Le Bœuf sur le toit, lieu où Man Ray expose ses photographies15. Elle se rend aux studios de la Paramount Pictures (Kaufman Astoria Studios) de New York, mais sans résultat.
Buvant trop et se nourrissant mal, Kiki pèse 80 kg en 1934. La presse semble d'ailleurs s'en amuser puisqu'en 1936, elle relate qu'à la suite d'un régime, Kiki passe de 80 kg à 57 kg16. Ce qui ne l’empêche pas de poser pour le peintre Per Krohg qui, trouvant sa « croupe très belle », pense « à un trois-mâts toutes voiles dehors »[réf. nécessaire]. Broca meurt en 1935.
De 17 à 18, elle chante régulièrement au Cabaret des fleurs au 47 rue du Montparnasse19.
En 1937, elle ouvre son propre établissement, Babel chez Kiki, rue Vavin20. André Laroque, pianiste et accordéoniste de ce cabaret, agent des contributions indirectes le jour, devient son nouvel amant. Il aide Kiki à se défaire de la drogue et tape à la machine son second livre de souvenirs : Souvenirs retrouvés, qui ne seront publiés qu'en 20053. En 1939, elle chante au cabaret Le Gipsy's au 20, rue Cujas21. Le , elle fait sa rentrée au Jockey, 127 boulevard Montmartre. Elle s'y produit jusqu'au mois de 22.
Fin de vie
En 1952, Frédéric Kohner, un américain, professeur dans une université de Californie, qui fut déniaisé par elle à l'âge de 19 ans, la revoit :
« La porte du bar s'ouvrit… Je la vis entrer. Elle portait un manteau de phoque très usé et un chapeau d'une taille ridicule, avec une voilette qui cachait ses yeux… J'eus un choc… J'avais l'impression qu'une terrible explosion s'était produite, ne laissant rien que d'horribles ruines. Je scrutais son visage tandis qu'elle titubait vers le bar… Son visage était ravagé par l'âge au point de la rendre méconnaissable. C'était un visage où l'on sentait la mort toute proche, où l'on devinait déjà le cadavre. Un maquillage outrancier ne faisait qu'accentuer l'impression de décomposition qu'il donnait23. »
En 1953, âgée de 51 ans, Kiki décède à l'hôpital Laennec de Paris, inhumée au cimetière parisien de Thiais, sa tombe est reprise en 1974. Seul Léonard Foujita aurait assisté à son enterrement.
Ernest Hemingway lui rend un brilant hommage
source : wikipedia