Timur (Timour) Soykan le journaliste turc qui dérange
Timur Soykan , journaliste au quotidien indépendant BirGün (Un Jour), a passé ces dernières années à se spécialiser dans les réseaux mafieux et le crime organisé.
En Turquie où la pratique du journalisme est de plus en plus limitée par un arsenal juridique, recueillir et mettre au jour les témoignages et les pratiques d’hommes de l’ombre sur la question sensible des trafics est ..courageux..
Avec sa silhouette élancée, élégante – et un visage tout en angles –, debout sur les plateaux d’émissions télévisées, il y a chez ce journaliste d’investigation du Don Quichotte. Ses enquêtes provoquent et bousculent, ils sont à son image, sans artifices ni tournures de style. C’est lui qui a révélé l’emprise croissante des groupes criminels étrangers en Turquie. Il a documenté les violences des mafias caucasiennes implantées depuis une dizaine d’années, mis le doigt sur la façon dont les Balkans sont devenus l’arrière-cour de la mafia turque, comment aussi les réseaux de la pègre se sont restructurés.
Timur Soykan a écrit sur les affrontements entre les clans azerbaïdjanais…. Les trafics de cocaïne, d’héroïne, , et les possibilités de blanchiment d’argent que recèle la Turquie.
Il a décrit des réseaux de corruption jusqu’aux plus hautes autorités du pays. Il en a même fait un livre, une sorte de roman enquête, intitulé Baronlar Savasi (« La guerre des barons », Kirmizikedi, 2020, non traduit), basé sur des faits réels. Rédigé à partir de témoignages, de documents juridiques et d’entretiens, l’ouvrage pointe les relations incestueuses qu’entretient l’Etat avec les gangs mafieux, un problème récurrent en Turquie, faisant de ce pays « le Mexique de l’Europe », souligne l’auteur.
A quelques mois d’élections cruciales, il relance le débat sur la protection dont jouissent des cercles religieux proches du pouvoir.
Timur Soykan, a été accusé d’insulter l’islam.
photo : D.R.