Artsakh blocus – 37ème jour
Les pénuries en Artsakh deviennent critiques.
De manière officielle, il n'y a plus d'aliments pour bébés disponibles. Les tickets de rationnement commencent à être distribués par les autorités publiques: 9 tickets datés par personne pour acheter du sucre, de l'huile végétale, des pâtes, du riz et d'autres types de céréales.
20% des entreprises privées ont du cesser leurs activités suite aux ruptures d'approvisionnement. Un certain nombre de boulangeries ont dû fermer en raison de l'impossibilité d'importer de la farine. Seules les productions 100% nationales continuent de fonctionner.
La laiterie de Stépanakert a du adapter sa production face au manque de récipients en plastique. Il a été mis en place un système de recyclage des emballages et la remise en service des bocaux en verre.
La viande est paradoxalement un produit qui reste très accessible. Nombre de villageois sont obligés de réduire leur nombre de poules et de cochons pour faire face au manque d'aliments. Les poulaillers industriels sont à l'arrêt ainsi que la fabrique de poussins. Selon l'ONU la famine menace lorsque les cheptels ne sont plus.
La population n'a d'autres choix que de passer dans les plus brefs délais à une hyper-relocalisation de l'économie pour assurer la subsistance sur le long terme: productions agricoles sans intrans chimiques et énergie fossile, création de serres, y compris dans les appartements au moins pour produire des légumes et herbes aromatiques pour satisfaire les besoins en vitamines. Mise en place de production artisanales sans énergie fossile et électrique. Stricte rationnement des transports à moteur à remplacer sans tarder par l'énergie musculaire humaine et animale et donc la création des aujourd'hui d'outils adaptés.
Les changements en profondeur doivent être réalisés dans les plus brefs délais car plus le temps passe moins la population dispose de ressources pour opérer la métamorphose.
L'électricité d'Arménie étant coupée depuis le 9 janvier, tous les espoirs reposent sur le réservoir hydroélectrique de Sarsang. Les coupures journalières de 2 heures passeront à 4 heures.
L'enjeu est à la fois humanitaire et politique. Si l'Artsakh parvient à se réorganiser et à tenir le siège sur la durée alors Pashinyan ne sera pas acculé à accepter les conditions de paix de l'Azerbaïdjan. Car c'est cela l'enjeu. L'Azerbaïdjan veut créer une catastrophe humanitaire pour forcer Pashinyan à réviser l'accord du 9 novembre 2020 déjà dicté par Aliev. L'Arménie et l'Artsakh payent le prix du gaspillage des deux dernières années au cours desquelles l'Artsakh a été volontairement désarmé par l'Arménie qui n'a elle aussi eu pour seule politique que de renoncer à tout au nom d'une hypothétique paix durable avec les turcs dans leur ensemble.