1 Nouvel Hay Magazine

Ils sont 65 intellectuels & artistes français à prendre fait & cause pour les 120 000 Arméniens

TRIBUNE – En ce jour de Noël, 65 intellectuels et artistes français de premier plan se mobilisent pour les 120 000 Arméniens d’Artsakh/Haut-Karabakh, menacés d’épuration ethnique par l’Azerbaïdjan

Ce soir, à l’heure où, nombreux, nous rejoindrons les nôtres pour fêter Noël, où nous nous réjouirons de célébrer la famille au-delà de toute frontière religieuse. A l’heure où, nombreux, nous aurons peut-être une pensée pour ceux qui sont seuls ou dans la souffrance, rappelons-nous que les Arméniens du Haut-Karabakh, sont coupés depuis 12 jours du reste du monde par l’Azerbaïdjan.

À l’heure où nos enfants découvriront leurs cadeaux, les parents des 30 000 enfants du Haut-Karabakh aspireront à une seule chose : préserver la vie, l’avenir des leurs dans ces hautes montagnes où leurs ancêtres sont nés il y a plus de deux mille ans, et leur éviter une lente asphyxie.

Après la guerre, après les bombes au phosphore, les tortures, qui ont brisé tant de vies en 2020, voilà en effet la dernière perversion conçue par la dictature azerbaïdjanaise : bloquer le corridor de Latchine, unique voie d’accès des Arméniens d’Artsakh/Haut-Karabakh vers l’extérieur. Des familles séparées, des pénuries s’aggravant de jour en jour, l’absence de secours médicaux qui a déjà coûté une vie et menace plusieurs malades en soins critiques, dont des enfants.

Courage admirable de ces gens pleins de dignité qui ne cèdent pas à la panique et s’organisent, car ils résistent et résisteront jusqu’au bout. Mais ils comptent sur nous, et nous ne pouvons nous dérober à leur appel. Étrange Noël 2022. Nous fêtons la naissance d’un roi de la pauvreté et de la paille venu porter aux hommes la chaleur de sa lumière. C’est cette date que choisit à dessein un dictateur du pétrole et des points de croissance pour plonger une population dans la nuit et le froid. 

Quel avenir en effet offrirons-nous à nos enfants, si nous donnons raison à la dictature, à la barbarie, contre l’une de nos plus anciennes civilisations, contre un peuple frère, lié à nous depuis des siècles, contre un peuple pont qui contribue depuis toujours au dialogue entre les cultures ?

Que penseront nos enfants, sur quelles valeurs pourront-ils se construire, si nous laissons l’impensable se reproduire ? Oui, se reproduire. L’indifférence, les protestations platoniques autorisent les agresseurs d’aujourd’hui à se réclamer sans vergogne des bourreaux de 1915, de leur sinistre héritage, à user des mêmes procédés pour en finir avec ceux qu’ils exècrent, parce qu’ils nous ressemblent.

Ainsi donc nos souhaits que jamais les abominations du XXème siècle ne se reproduisent dans le nôtre n’étaient que des vœux pieux et iréniques. Ainsi donc, dans ce monde triomphent toujours les méchants du moment qu'ils ont des choses à vendre et à fournir à leurs voisins.

L’âme des Arméniens habite en effet nos chefs d’œuvre de l’art roman, le rayonnement de notre culture jusqu’aux confins de l’Orient, la pensée de nos philosophes des Lumières, la poésie romantique, nos combats pour la justice, nos airs d’accordéon, le bouquet de tulipes que vous offrirez peut-être ce soir.

Rappelons-nous enfin que si nous connaissons Noël, les Arméniens y sont sans doute pour quelque chose, eux qui nous ont envoyé leurs pèlerins dès le Ve siècle, eux qui nous ont donné le pain d’épice qui garnira nos tables et le nom des Rois-Mages.

Rappelons-nous et surtout, mobilisons-nous. De nos consciences conjuguées, de nos voix unies, de toutes les façons dont chacun de nous s’opposera au drame qui se joue, nous pourrons préserver la vie des 120 000 Arméniens du Haut-Karabakh.

#jesoutienslarmenie

#jesoutienslartsakh

 

source : Lévon SAYAN

 

photo : (Mme) Armineh JOHANNES)