Ayp
Bonjour,
Permettez-moi de vous présenter, ainsi qu’au nom des collaborateurs d’Ayp Fm, mes meilleurs vœux pour cette
nouvelle année que nous aborderons, je l’espère, dans de meilleures dispositions que l’année précédente.
En fin d’année, comme le veut la tradition, on songe à se livrer à l’exercice qui consiste à tirer le bilan de l’année
écoulée.
Mais quel bilan pourrions-nous tirer de l’année 2022 si on devait se contenter de limiter notre réflexion à cette
simple période. Et notamment sans tenir compte et rappeler les origines de la situation dans laquelle se trouve
aujourd’hui l’Arménie. Bilan qui, en tout état de cause, ne pourrait être que provisoire et partiel, compte tenu des
variations sur l’évolution des appréciations que nous inspirent les positions ambigües, voire contradictoires des
divers interlocuteurs occidentaux ou Russes, ceux-là même qui prétendent se pencher sur le destin du peuple
Arménien. Avec, bien entendu, une bienveillance dans laquelle leurs intérêts géopolitiques occupent une place
prédominante qui, bien sûr, ne coïncide pas toujours avec ceux de l’Arménie.
Les occidentaux, Américains, puis Européens, ont tenté de s’engouffrer dans l’espace qui leur semblait libéré par
Moscou, englué dans la guerre en Ukraine, sans pour autant offrir autre chose qu’une structure d’accueil à la
négociation, avec une nette inflexion vers des conclusions qui ne peuvent satisfaire la partie arménienne.
Et l’Arménie, à la recherche, aujourd’hui, de la moins mauvaise solution qui lui est proposé, s’agite dans tous les sens
comme un canard à qui on a coupé la tête, se rendant à Washington à l’invitation d’Antony Blinken, puis à Bruxelles
convié par Charles Michels, puis à Prague sous l’égide du même Charles Michels en compagnie d’Emmanuel
Macron, mais également au Kazakhstan dans le cadre de la réunion des états membre de la CEI, jusqu’à ce que
Poutine siffle la fin de cette agitation en convoquant Pachinian et Aliev à Sotchi, afin de leur rappeler que le « sud
Caucase » demeurait encore le pré carré de Moscou.
Qu’on se le dise !
Ce que n’a d’ailleurs pas contesté AraïK Haroutounian, le Président de l’Artsakh, qui, lors de sa tournée récente en
France, a martelé, chaque fois que l’occasion lui en était donné, en meeting, en conférence de Presse ou en
interview radio et télé, que la sécurité de l’Artsakh était assurée par les forces de la paix russes déployées sur le
terrain, et qu’il n’entrevoyait pas, à ce jour, d’autre alternative. Quand bien même lorsque le doute persisterait sur
l’efficacité de ces forces de paix, notamment sur leur capacité, ou leur volonté, à maintenir la liberté de circulation
du corridor de Latchine, comme on l’a encore constaté lorsqu’il a fallu s’opposer aux soi-disant écologistes Azéris qui
le bloquent encore à ce jour.
Et les Artsakhiotes l’ont bien compris en se mobilisant en nombre à Stepanakert, 40 000 le 30 octobre et autant,
nous dit-on, le 25 décembre dernier, afin de rappeler leur détermination à ne pas se laisser imposer le destin que
leur promet Bakou, qui considère que le problème du Haut Karabagh a été réglé par la capitulation arménienne du 9
novembre 2020.
Ce que d’ailleurs ne contestent aucune des réunions diligentées par Washington, Bruxelles ou Paris, si l’on s’en tient
à leurs déclarations finales dans lesquelles on cherche désespérément une référence à l’avenir de l’Artsakh. Ce qui
en dit long sur la position des occidentaux en qui Pachinian avait pourtant mis tant d’espoir, et qui avaient inspiré,
voire même actionné, le moteur de sa révolution de velours.
Une discrétion qui ne suscite guère de réactions auprès des délégations arméniennes participant à ces rencontres et
qui ne semblent pas s’en offusquer particulièrement.
Ce qui n’est pas pour étonner les Artsakhiotes, qui en ont pris leur parti considérant acté le lâchage de l’Artsakh par
le pouvoir Pachinian, dont on dit qu’il adhère au plan Américano-Européen d’abandon de l’Artsakh en échange du
contrôle du corridor extra territorial que le duo Turco-Azéri tente d’imposer au Syunik. Ce Pachinian qui n’a
manifestement pas compris que l’Artsakh constitue le bouclier ultime de l’Arménie et que sa chute met également le
pays en danger.
Seul le ministère des affaires étrangères russe y a fait référence du bout des lèvres en suggérant dans un
communiqué final, le report à une date ultérieure de la réflexion sur le statut du Haut Kharabagh. Bien que très
insatisfaisante cette posture russe laisse entrevoir aux Arméniens la possibilité de traiter ultérieurement le sujet
dans une position diplomatique et militaire qu’on pourrait alors espérer bien plus confortable qu’aujourd’hui.
On comprend donc la désolation d’Araïk Haroutounian, constatant avec amertume la solitude des Arméniens
d’Artsakh, qui ne bénéficient d’aucun réel soutien de la communauté internationale, pas plus que de l’Arménie que
le président d’Artsakh considère, lors de son passage à Paris, dans l’incapacité diplomatique et militaire à assurer
leur accompagnement dans le combat qu’ils mènent pour leur survie.
Alors, lorsque lors du formidable meeting du 25 décembre, à Stepanakert, Rouben Vardanian, le nouvel homme fort
du pays, déclare que l’avenir de l’Artsakh s’inscrira dans la sueur et le sang, il prévient clairement son peuple qu’il ne
faudra compter que sur sa détermination et ses propres forces.
Quant à la diaspora, à laquelle nous appartenons, ne devrait-elle pas tenter de faire démentir les propos réaliste,
mais désespérant, de Rouben Vardanain, en intensifiant sa mobilisation et ses initiatives, afin de contraindre les
instances internationales à sortir du stricte cadre des déclarations de sympathie, qui sont les bienvenues, mais qui
ont clairement marquées leurs limites.
Les structures arméniennes – Partis Politiques, ONG influentes, organisations communautaires regroupées, et églises
– ne devraient-elles pas transcender le strict cadre du seul soutien humanitaire et financier, certes utile, mais
aujourd’hui, notoirement insuffisant. Et chacune dans leur domaine de compétences, s’engager dans un mouvement
coordonné de sensibilisation des organismes internationaux afin de les sortir de leur léthargie et de leur inaction, qui
confèrent parfois à de la complicité dès lors qu’il s’agit du destin de ce peuple à nouveau en danger de génocide.
Les Arméniens d’Artsakh qui se sentent abandonné dans leur solitude, leur en seront évidemment reconnaissant et
leur détermination déjà sans faille en sera sans doute décuplée.
N’est-ce pas la feuille de route dont on doit se saisir pour cette année 2023 qu’on souhaiterait bien meilleures que
les quelques….