A la recherche du pays perdu
Chronique d’une disparition de l’Arménie annoncée
Depuis la fin du XIXème siècle, le peuple arménien est victime de massacres dans l’Empire Ottoman
dans l’indifférence générale des pays occidentaux. Entre 1894 et 1896, des centaines de milliers
d’Arméniens furent égorgés sur ordre du sultan Abdul Hamid II. Si quelques voix s’élevèrent, ici et là,
pour condamner ces crimes, aucun acte fort ne fut initié de la part des pays occidentaux comme de la
Russie pour contraindre le sultan à imposer les réformes promises.
Lorsqu’un an après la Révolution Jeune Turque, en 1909, des milliers d’Arméniens furent tués à Adana,
il aurait fallu comprendre qu’il s’agissait d’un prélude au Génocide qui fit 1.5 millions de martyrs.
Le gouvernement ottoman profitait ainsi de la confusion de la guerre pour exterminer le peuple
arménien sur ses terres ancestrales.
Toute trace de vie et de civilisation arméniennes étaient effacées comme si le peuple arménien n’avait
jamais existé.
Seule restait vivante, outre la diaspora, la petite Arménie devenue soviétique.
Profitant des derniers soubresauts de l’URSS, l’Azerbaïdjan ordonnait, en février 1988, la chasse aux
Arméniens à Soumgaït en organisant un pogrom qui fit des milliers de victimes.
En septembre 2020, alors que le monde entier était préoccupé par la pandémie du coronavirus,
l’Azerbaïdjan et la Turquie lançaient une attaque d’une rare violence sur la petite République
arménienne d’Artsakh. Héroïquement pendant 44 jours, les Arméniens résistèrent aux assauts de
l’ennemi, doté d’un matériel militaire extrêmement sophistiqué et d’armes interdites. Une fois encore,
les pays européens, si prompts à défendre les droits de l’Homme, demeurent silencieux face aux
massacres de la population arménienne.
En 2022, alors que cette fois-ci les yeux de tous les pays occidentaux sont braqués sur le conflit en
Ukraine, l’Azerbaïdjan décidait d’attaquer l’Arménie pays souverain et indépendant. Une nouvelle fois,
le peuple arménien est confronté au silence mortifère des pays occidentaux. Pire encore, est la position
ignominieuse de l’Union Européenne qui signe des contrats mirifiques avec l’Azerbaïdjan, pays
pétrolier dont elle vante les qualités démocratiques.
Force est de constater que si le sang est rouge pour tous les êtres humains, celui des Arméniens a
moins de valeur que celui des autres peuples.
Pour célébrer le centenaire de la République turque en 2023, le président Erdogan dévoile des cartes
de la grande Turquie sur lesquelles l’Arménie a disparu.
Si les pays défenseurs des Droits de l’Homme continuent à se taire et à regarder ailleurs, ils auront à
porter la responsabilité de l’extermination du peuple arménien. Ces pays seront les complices d’un
génocide programmé depuis 1915.
Nersès Durman
Bureau MAFP
– Antony.