Un moment de l’histoire universelle.
VOYAGE A SMYRNE
Épisode 8
Commémoration du centenaire
de la « Grande Catastrophe » d’Asie Mineure
1922-2022
Pour rappel.
A la fin de la première guerre mondiale, l’Empire ottoman est vaincu et moribond. De 1919 à 1922, les Grecs entreprennent alors une guerre contre les Turcs. Leur défaite aboutira, entre autres, à la perte de Smyrne (Izmir aujourd’hui) ville à majorité grecque et port cosmopolite de la mer Egée, une des destinations de la route de la soie. Un quartier arménien se trouve dans la ville où se sont réfugiés de nombreux Arméniens après le génocide de 1915. Les Grecs nomment cette période la « Grande Catastrophe ».
Les derniers jours de Smyrne, pas à pas…
Le jeudi 14 septembre 1922
« Le jeudi 14 septembre, les Levantins et les Européens de la ville se trouvaient à l’abri à bord des différents navires. À terre le cauchemar continuait pour les Grecs et les Arméniens. Certains s’abritaient dans une habitation, momentanément épargnée par l’incendie, puis ils devaient fuir devant la progression des flammes, souvent agressés et dépouillés par des pillards. Ils cherchaient refuge dans les cimetières grecs, pour y cacher les jeunes filles. À la Pointe, une petite rangée d’immeubles du front de mer, et en arrière, le quartier de maisons et de bureaux étaient encore intacts, comme épargnés par une saute de vent. Là se pressait une foule qui espérait échapper à l’horreur des quais où le vent fort provoquant une tempête projetait de l’écume qui soulageait les malheureux de l’intense chaleur.
Au cours de l’après-midi, navires britanniques et américains quittèrent Smyrne pour se diriger vers les îles grecques voisins et y débarquer les fugitifs recueillis. A chaque départ d’un navire, ceux qui restaient à terre se sentaient abandonnés mais espéraient que les navires reviendraient rapidement pour les évacuer, car si quelque 20000 personnes avaient pu fuir, la barbarie se poursuivait sur les quais où l’incendie faisait toujours rage consumant les zones encore épargnées.
D’après les notes de l’amiral Dumesnil, à bord des navires sous son commandement, on procède au recensement des réfugiés. Ils sont regroupés en Français, protégés et non protégés. Parmi ces derniers, les Grecs, qui ont embarqué de force dans des circonstances tragiques, seront envoyés au Pirée à bord de l’Eliane. Il s’agit d’un vapeur réquisitionné appartenant à l’armateur local Guiffray. Son équipage turc est remplacé par 14 hommes prélevés sur l’équipage du Jean Bart. Un message est adressé au vapeur Asia et au navire-hôpital Tourville avec ordre de rallier Smyrne. Des embarcations sont envoyées encore dans la baie pour y recueillir des Français isolés.
Le docteur Hatchérian témoigne : « Les Turcs se sont emparés des petits bateaux et des yoles pour empêcher les chrétiens de gagner les navires de guerre. Les bateaux à vapeur des pays puissants transportent leurs nationaux et leurs protégés… Ces gens vont des bâtiments du quai jusqu’au rivage dans la discipline et un calme complet entre deux rangées de soldats armés de baïonnettes… nous implorons les marins de nous prendre aussi. Mais ils font la sourde oreille. La situation est tellement désespérée que des gens se jettent à l’eau pour gagner à la nage les navires de guerre les plus proches.»
D’après l’ouvrage de Louis François Martini « Le Crépuscule des Levantins de Smyrne » Etude historique d’une communauté.
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