Les derniers jours de Smyrne, pas à pas…
Le 11 septembre 1922
« Convoqués par Nourrédine Pacha, Graillet, Consul Général de France et l’amiral Dumesnil sont informés qu’il envisage d’expulser les Grecs et les Arméniens de Smyrne. Ils seront dirigés soit vers les territoires dévastés par l’armée grecque, soit obligés de partir à l’étranger. On lui objecte que l’expulsion des éléments commerçants de la ville va entraîner la ruine du pays.
La vague de violence qui avait foudroyé le quartier arménien et les faubourgs ne semblait pas s’étendre à la partie européenne de la ville encore tranquille, où patrouillaient les gendarmes turcs. Sur les quais, bars et brasseries étaient ouverts et les tramways circulaient.
Pourtant, une sourde inquiétude régnait et, au cours de la journée, les établissements commencèrent à fermer, seul l’hôtel Kraemer resta ouvert jusqu’au soir. Il apparut bientôt que l’encadrement turc avait perdu toute autorité sur une armée, qui, prise par l’alcool, se livrait sans réserve aux pires violences. Plusieurs milliers de réfugiés, qui campaient sur les quais ou dans les espaces publics, affamés et sans abris, se trouvaient à la merci d’une soldatesque indisciplinée. Avec le flot de réfugiés qui continuaient à arriver, la situation ne pouvait que s’aggraver. »
D’après l’ouvrage de Louis François Martini « Le Crépuscule des Levantins de Smyrne » Etude historique d’une communauté.
source : A.E.P.
photo : D.R.