ENTRE L’ARMÉNIE ET L’AZERBAÏDJAN, LA RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE D’ARTSAKH
(Haut-KARABAGH)
Dans le monde, une bonne relation de voisinage entre États est souhaitable pour le bien
de tous. Mais ce bon voisinage est-il réel ? Les villes et les villages adjacents de deux États
limitrophes peuvent-ils vraiment s’entendre, lorsque les religions, les langues et les
coutumes sont différentes ? La cohabitation pourrait être sereine et amicale, sauf si un
tiers intervenait pour perturber cet équilibre.
Il est fort regrettable de constater que pour des intérêts personnels des liens amicaux et
pacifiques puissent se détériorer et générer un conflit meurtrier.
Pendant des centaines d’années, des peuples ont réussi à vivre ensemble, ils ont partagé
leur joie et leur douleur, mais une haine distillée par le nationalisme ainsi que la misère sociale ont conduit à des
affrontements et des combats entre des peuples qui, hier encore, vivaient en bonne intelligence. Ainsi, des peuples
entiers furent exterminés et les seules traces de leur existence ne sont visibles au mieux que dans les livres
d’histoire.
L’Arménie aurait pu être un de ces peuples disparus dont la civilisation millénaire n’aurait été connue que par les
ouvrages d’art et de culture, en supposant que tous les édifices, témoins de cette grandeur ne fussent pas anéantis.
Il est bien évident que, depuis la dislocation de l’URSS, le litige entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan sur la question de
l’Artsakh est devenu d’actualité, bien qu’il remonte à 100 ans. Les tensions entre les deux pays se sont accentuées
et les populations arméniennes ont été victimes de massacres à Soumgaït et plusieurs centaines d’Arméniens ont
été chassées de Bakou. Face à cette situation dramatique, les Arméniens d’Artsakh annoncèrent leur indépendance,
le 2 septembre 1991 et formèrent un gouvernement auto-proclamé.
La dernière agression contre l’Artsakh fut minutieusement préparée par l’Azerbaïdjan. Après plusieurs semaines
d’un conflit meurtrier pour les Arméniens d’Artsakh contre les armées d’Azerbaïdjan et les mercenaires djihadistes,
un énième et dernier cessez le feu fut décidé grâce à l’intervention de la Russie, dans le cadre du groupe de Minsk.
Ne serait-il pas opportun pour assurer la stabilité dans cette région du Caucase de créer une République fédérale
d’Artsakh et du Nakhitchevan sous la tutelle des trois puissances du groupe Minsk, la Russie, la France et les États-
Unis ?
Rétablir une paix juste dans cette région du Caucase est nécessaire pour le bien des trois États qui la composent,
mais aussi pour la stabilité du Monde car tout bouleversement et déséquilibre dans cette région entraînera des
répercussions tant en Europe qu’en Amérique.
L’aveuglement des pays occidentaux et leur désintérêt du conflit meurtrier qui a eu lieu, pendant 44 jours, de fin
septembre à début novembre 2020, ont fait le jeu de la Turquie.
Nersès Durman-Arabyan
Paris
photo : D.R.