La Russie (3)
a) La Russie multiple est aussi un pays musulman, qui est un intermédiaire ou médiateur entre les États-Unis ou l'OTAN et le monde arabo-musulman. Elle est influente en Orient : elle a annulé la dette de la Syrie et livré de l'uranium enrichi à l'Iran.
– Elle revendique à l'ONU un élargissement de sa ZEE dans l'océan glacial Arctique.
Elle veut s'approprier une partie de cet océan (ses ressources !) où la fonte des glaces accélérée par le réchauffement climatique ouvre des opportunités dans la pêche, le tourisme et les hydrocarbures. Elle y a financé une opération de recherche géologique ,concrétisée par la pose à 4 000 m de fond, d'un drapeau russe, symbole de ses revendications territoriales auprès des États voisins (Canada, USA, Norvège et Danemark).
b. Le basculement sans transition d'une économie planifiée à une économie de marché
• 1991-1998, l'ouverture à l'économie libérale
– Une économie en déroute : l'économie planifiée et collectivisée a disparu en Russie en 1991 avec la mort de l'URSS.
L'ouverture de la Russie à l'économie de marché a eu des conséquences catastrophiques pour son industrie et son agriculture.
Les productions et le PIB se sont écroulés. La production industrielle a diminué de moitié. Seule l'industrie lourde est parvenue à résister. L'industrie de consommation (textile et confection pour l'essentiel) et le complexe militaro-industriel ont quant à eux vu leur production s'effondrer de 80 %.
La production agricole du pays a elle aussi été divisée par deux. La Russie a dû recourir à des importations alimentaires massives, ce qui a contribué à augmenter le déséquilibre d'une balance commerciale nettement déficitaire. La situation financière du pays était catastrophique (dévaluation du rouble, inflation galopante…).
– Conséquences de ce choc économique : à la fin des années 90, la société russe était gangrénée par les pratiques mafieuses .C'était le règne de la débrouille et du système D. La situation était tellement catastrophique qu'une économie parallèle (qui représentait tout de même 30 % du PIB du pays) a profité du désarroi ambiant : blanchiment d'argent, corruption, réseaux de prostitution, évasion des capitaux à l'étranger…
• Depuis 1999, un redressement économique spectaculaire
avec le président Vladimir Poutine qui tient la Russie , a retrouvé une stabilité politique. La confiance est revenue, le PIB s'est nettement redressé, tout cela en grande partie grâce au secteur énergétique (puisque la Russie est un grand pays producteur d'hydrocarbures) qui dope le commerce extérieur.
Cette bascule entre deux modes économiques n'a eu, pour l'instant, que des résultats limités :
– La Russie est aujourd'hui au 130e rang mondial pour le PNB par habitant.
– Le secteur informel y est toujours très développé, de même que la corruption et la fraude.
• Un pays intégré dans la mondialisation
Si l'économie russe n'est encore pas celle d'une grande puissance, elle s' est intégrée dans les dynamiques de la mondialisation. Le pays est membre de l'OMC (Organisation mondiale du Commerce).
– La Russie possède des interfaces avec deux pôles de la Triade. Son premier partenaire commercial est l'Union européenne (elle y achète la moitié de ses importations et 40 % de ce qu'elle exporte). Cette relation privilégiée ancienne lui fait aussi multiplier les échanges avec l'Asie orientale et notamment avec le Japon et la Chine. La façade Pacifique constitue un avenir à exploiter.
– Des zones franches ont été créées sur le territoire russe (Russie de l'Ouest) dans le but d'attirer les IDE (investissements directs étrangers).
– Elle s'est créée un large réseau d'alliances économiques : accords énergétiques avec le Vénézuela, l'Irak, le Nigéria, l'Algérie, la Libye, l'Égypte, la Syrie et la Chine. Elle fait partie de l'APEC (Coopération Économique Asie Pacifique) qui compte 21 pays membres.
c. Une société en mutation
• Une classe moyenne en considérable augmentation, une caractéristique des pays émergents
L'une des conséquences à l'économie de marché et, surtout, à la croissance en hausse qui la caractérise depuis le début des années 2000, c'est une très large extension de sa classe moyenne. Aujourd'hui, 25 % de la population russe (soit 35 millions de personnes) appartient désormais à une classe moyenne qui n'existait pas du temps de l'URSS. (La classe moyenne concerne 20 % des Brésiliens, 13 % des Chinois et de 5 % des habitants de l'Inde, États qui, comme la Russie) font partie des BRICS (acronyme pour Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud).
à suivre …
photo : D.R.