De nos lectrices : ces villageois turcs sifflent le langage des oiseaux pour communiquer
Dans le village de Kuşköy au nord-est de la Turquie, & dans une partie de la région, les habitants respectent la tradition depuis des siècles. Depuis plus 500 ans, Ils parlent la langue (des oiseaux) turque, aussi nommée "kuş dili" en langue locale : c'est une version du turc communiquée grâce à des sifflements et des mélodies à haute tonalité.
très utile, mais menacé d'extinction
Cette langue si particulière a en premier lieu été utilisée par les agriculteurs turcs, qui pouvaient ainsi communiquer entre eux sur de grandes distances. Elle était jugée plus efficace que la parole, pour éviter de se casser la voix en communiquant toute la journée.
Réduite aujourd'hui à environ 10 000 locuteurs, elle est menacée d’extinction, notamment par la démocratisation des téléphones portables. La langue est essentiellement pratiquée à Kuşköy, un village qui organise chaque année depuis 1997 un festival de la langue, de la culture et des arts pour les oiseaux. Elle est toujours utilisée "pour pallier le manque de transports de la région", selon les mots d'une habitante.
patrimoine immatériel de l'Unesco
Pour éviter la perte de cette langue, on l'enseigne aux enfants dès l'école. Elle a plus de 250 mots uniques couramment utilisés, directement traduisibles en mots réels. Elle a récemment été reconnue par l’Unesco, qui a décidé de l'inclure dans sa liste de 2017 du patrimoine culturel immatériel de l'humanité.
Côté scientifique, une étude menée à Kuşköy a indiqué que les langues sifflées étaient traitées dans les deux hémisphères du cerveau. C'est à dire qu'elles combinent d'un côté le traitement normal du langage par le cerveau dans un hémisphère ; et d'autre part, le traitement de la musique dans l'autre.
Ce n'est pas le seul endroit du monde où l'on pratique les langues sifflées : dans les îles Canaries, en Grèce, au Mexique, au Mozambique… et même en France, dans le Béarn.
SOURCES / ANNIE GULESSERIAN / ADRIENNE AAGHERIAN