Les photos d’Arminéh
La photojournaliste Armineh JOHANNES :
est née à Téhéran, elle est une Arménienne de Perse, d'une de ces familles déportées par le chah Abbas au tout début du dix-septième siècle à Ispahan, où fut fondé le quartier arménien de la Nouvelle-Djoulfa avant le partage de l'Arménie entre les Perses et les Turcs. Elle a étudié l'anglais à l'île de Wight, la gestion des entreprises à Cambridge, puis le français à Vichy, fait une licence d'histoire à Aix-en-Provence… Arrivée comme touriste en France, elle s'est trouvée alors bloquée en France par le déclenchement de la guerre Iran-Irak, et elle est restée & devenue photographe professionnelle. " J'ai commencé avec une exposition au Festival d'Arles sur un sujet pour l'American Center avec des vêtements anciens. Je voulais faire un reportage sur un collectionneur ; j'ai passé une annonce, et une dame qui vend des vêtements anciens dans une galerie du Palais-Royal m'a répondu. Dans ses armoires, il y avait des robes de mariée, des chapeaux , des pièces qui avaient appartenu à Sarah Bernhardt… Ensuite j'ai fait plusieurs sujets sur l'Angleterre, le Parlement, une école de nannies, un club de propriétaires de souris, un ensemble sur les traditions anglaises… "
L'Arménienne est allée en Arménie. En Arménie soviétique d'abord, pour un reportage d'où elle a rapporté plusieurs centaines de photos. Des photos d'autant plus saisissantes qu'Armineh Johannes a réussi à se rendre dans des régions reculées, parfois dangereuses, où les touristes ne vont pas.
Des photos avec des visages sortis tout droit de la Bible dans un pays à la civilisation millénaire, dont les premiers pas vers l'autonomie se trouvent confrontés au séisme (25 000 morts, 300 000 sans-abri), au conflit latent avec le voisin musulman (300 000 réfugiés d'Azerbaïdjan), aux pogromes, à la répression, au blocus. " La première fois que je suis allée en Arménie, c'était un an après le tremblement de terre. Je suis àrrivée à Spitak, qui était l'épicentre du séisme le 7 décembre, le jour anniversaire et je suis allée au cimetière. Je n'oublierai jamais. C'était très frappant de se trouver tout d'un coup face à ces pierres tombales avec des visages gravés à l'aiguille d'après une photo du mort sur la pierre noire. Quand vous entrez dans le cimetière, quand vous voyez tous ces visages… On dirait des gens vivants. Il y avait plein d'enfants, les femmes qui pleuraient, qui criaient. Moi aussi, j'ai commencé à pleurer. On m'a demandé qui j'étais ; quand j'ai dit mon prénom, une femme qui avait perdu ses trois filles s'est mise à crier à son mari : " Armineh, Armineh. J'ai retrouvé Armineh ! " Pour moi, c'était réellement bouleversant. " J'étais partie avec l'idée de faire un reportage sur le tremblement de terre un an après. Comme c'était la première fois que j'allais en Arménie, j'ai commencé à parcourir le pays. Leninakan, Kirovakan, Gumri, le Haut Karabagh ( " on tirait de tous les côtés, on ne dormait pas, je partais avec les combattants. Comme armes, ils avaient quelques kalachnikovs, mais surtout des fusils de chasse. ", devenu l'Artzakh indépendant , depuis . Puis d'autres pays , la Géorgie , l'Ouzbékistan, le Tadjikistan,le Japon, l'Iran …
Depuis la photojournaliste vit entre la France & Les Etats-Unis .
Elle ne renonce pas à partir au bout du monde .
Photos & images d'Armineh Johannes: catalogue de la BNF (Bibliothèque Nationale de France) : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb384984300
sources : Le Monde , Facebook / "Aznavour pour l'Arménie ", photo D.R.