"Tout a commencé le lundi 20 mars. Au départ j’ai eu des petites courbatures, pas très graves, et deux jours après, j’ai ressenti une oppression thoracique, des essoufflements, une grosse fatigue, puis de la toux dans un deuxième temps, mais pas de fièvre pour ma part. J’ai passé un scanner à Pont-Audemer (Eure) et on a découvert que j’avais trois foyers de pneumonie. Entre-temps, j’ai aussi contaminé mes trois enfants. Il m’a fallu moins d’une heure pour décider de prendre le traitement du Pr Raoult testé à l’IHU de Marseille : hydroxychloroquine combiné à l’antibiotique azithromycine. De toutes façons, c’était soit je tente quelque chose soit je décide de ne rien faire.
« J’avais un apriori plutôt positif sur l’hydroxychloroquine »
"J’avais entendu parler de ce traitement effectivement controversé, et j’avais un apriori plutôt positif par rapport aux tests menés à Marseille. J’ai été conseillée par d’autres médecins pour les dosages, je me suis documentée sur Internet, et me le suis auto-prescrit. J’ai eu beaucoup de chance car 48 h après, il est devenu interdit aux médecins généralistes en France de prescrire ce traitement, qui, je le rappelle, jusqu’à mi-janvier, était en vente libre sans ordonnance dans les pharmacies. Et aujourd’hui on dit qu’il serait très dangereux ? C’est une aberration !"
" J’ai pris le traitement pendant 8 jours. Au bout de 48 h, mes symptômes ont vraiment diminué. Je suis très contente d’avoir pu le suivre. Au bout de deux semaines, je n’ai plus rien.
« L’idée n’est pas de faire de l’automédication »
" J’ai passé néanmoins des électrocardiogrammes pendant le traitement où effectivement il y a eu des petites modifications, mais pas de quoi s’alarmer donc j’ai continué le traitement. Effectivement, il ne faut pas faire n’importe quoi avec les médicaments quels qu’ils soient. Si vous prenez trop de Doliprane, il y a des risques aussi. L’idée n’est pas de faire de l’automédication."
Lire aussi : Hydroxychloroquine en automédication : mise en garde après des cas de toxicité cardiaque
Vous rejoignez le collectif porté par l’ancien médecin et ministre de la santé Philippe Douste-Blazy qui publie une pétition en faveur de la chloroquine ?
Evidemment. Nous sommes médecins, c’est notre boulot au quotidien de prescrire des médicaments en fonction de chaque patient. Qu’on nous rende notre liberté d’exercer. Si on nous autorise à la prescrire, ça ne veut pas dire qu’on va la donner à tous nos patients !
Lire aussi : Une pétition lancée par Philippe Douste-Blazy, ancien maire de Toulouse, pour la chloroquine
"J’ai eu des suspicions de cas (au cabinet ,ndlr) et c’est tout là l’enjeu et le problème de la prise en charge globale. On ne peut pas tester les gens, on ne peut pas leur délivrer de masques pour qu’ils évitent de contaminer leurs proches, et on ne peut pas leur prescrire de traitement. C’est très perturbant. La seule chose qu’on peut faire c’est les diriger vers l’hôpital en cas de symptômes graves. Je suis hyper en colère !
Nos politiques n’ont fait que de la gestion de pénurie, comme les masques, les tests et maintenant l’hydroxychloroquine. Quand on n’a pas les bons outils à disposition, on dit qu’on n’en a pas besoin en se basant sur des réflexions pseudo-scientifiques ».
source : Le Pays d'Auge