Et d’hôtel en hôtel s’écrit l’Histoire
En 1928 Yérévan (capitale de l'Arménie ,ndlr) a son premier hôtel :,l " Hotel Yerevan" , actuellement le "Grand Hotel" (14 avenue Abovian).
Les hébergements décents sont inexistants alors : le gouvernement arménien réserve donc une section de l'hôtel pour loger les intellectuels et les artistes.
Ainsi Yéghiché Tcharents, Avédik Isahakian , Mardiros Sarian (peintre,ndlr) , Gourken Mahari (écrivain,ndlr) et d'autres s'y installent avec une chambre chacun. C'est un petit modèle parisien des années 30 où artistes et intellectuels échangent des idées sur l'art et la littérature et évidemment boivent….
Le restaurant est un lieu de rendez-vous de la bohème ("La Bohème" Aznavour , ndlr) arménienne.
En 1935, l'écrivain Gourken Mahari est la première victime des répressions staliniennes (Staline 26 millions de victimes ,ndlr) , arrêté au café de l'htel alors qu'il boit son cognac (devenu brandy avec le rachat par Pernod-Ricard, ndlr)
La même année , l'équipe du premier film sonore arménien "Pepo" loge dans l'hotel et l'atmosphère chaleureuse inspire (le compositeur,ndlr) Aram Khatchadourian qui y compose la bande sonore du film et le directeur de l'etablissement réclame un piano dans sa chambre afin qu'il puisse écouter les improvisations du compositeur dans son lit.
En 1953, une délégation turque, en route vers Moscou pour assister aux funérailles de Staline , séjourne à l'hôtel. Dans les registres de cette époque on remarque des noms comme Jean Richard Bloch, William Saroyan, Jorge Amado et Jacques-Yves Cousteau.
Dans les années 50 ,un nouvel hôtel haut de gamme est construit , "l'Armenia" (devenu le Mariott, ndlr) sur la Place Lénine (actuelle Place de la Republique) mais l'Hôtel Yerevan garde son statut de lieu du rendez-vous des intellectuels où Hovannes Chiraz, Yervant Kotchar, Serge Paradjanov, Kostan Zarian et Mher Mkirdidjian, penseurs rebelles ,discutent librement dans une Arménie non libre.
Au cours de la guerre de liberation de l'Artsagh (1991-1994) l'hôtel devient le foyer de centaines de refugiés fuyant les pogroms de Sumgait et Bakou (Azerbaïdjan , ndlr).
En 1998, la société italienne Renco achète l'édifice et entreprend de vastes travaux de rénovation en préservant la structure d'origine. Réouvert en 2002 l'hôtel acueille des visiteurs comme Fanny Ardant, Placido Domingo, Atom Egoyan et évidemment Charles Aznavour dont le square devant l'hôtel porte son nom.
sources :Arpiné Haroyan via Zaven Gudsuz
Pour y avoir séjourné , la rédaction de NHM confirme que l'hôtel Yerevan est un des hôtels les plus luxieux de la capitale de l'Arménie.
On rend visite à l'"Arménia" rénové & devant le vieux portier on s'écrie : "comme c'est embelli !" et le portier de nous demander avec humour "Et moi je n'ai pas embelli?".