Né entre 945 et 951 dans la région d'Andzévatsiats, dans la province du Vaspourakan (Arménie historique), et ayant perdu sa mère alors qu'il est encore un enfant4, Grégoire de Narek est éduqué par son père, l'évêque Khosrov Andzévatsi (le Grand) qui composa d'importants ouvrages théologiques13. Son éducation est ensuite prise en charge par son oncle, Anania Narékatsi, qui dirige le monastère de Narek. Ces tuteurs ont une position critique envers les méthodes de l'Église arménienne de l'époque, et développent l'idée d'un contact direct avec Dieu14.
En effet, l'adresse à ce « Dieu Lumière » est faite selon un ton très lyrique et fort singulier, marqué par un vrai sentiment de solitude de l'auteur, paradoxalement déchiré dans l'abîme de ses vices, dans le labyrinthe de son âme obscure et à la fois éperdu d'amour15. Cette éducation religieuse et la formation hellénisante qu'il reçoit, obligent par la suite Grégoire à se défendre d'accusations d'hérésie à Ani, la capitale bagratide16 : on le taxe de « chalcédonisme », comme son père, excommunié pour cette raison par le Catholicos Ananias Ier de Moks17.
Grégoire a deux frères aînés4, dont l'un, Jean ou Hovhannès, un moine copiste, l'aide à parachever son œuvre. Godel tente une piste biographique : « En épousant l'Église, peut-être comblèrent-ils le vide créé par la mort de leur mère — par l'absence de la Femme »18. Cette absence de la mère se retrouve dans sa Prière à la Sainte Vierge qu'il loue en ces termes : « Toi la seule bénie par les lèvres chastes des bouches bienheureuses, une seule goutte du lait de ta virginité, pleuvant en moi, me donnerait la vie… »19. Vahé Godel poursuit son analyse : « Mais dans l'expérience conjugale de Grégoire l'Éveillé, de Narek le Veilleur, l'amour de Dieu — la folie de croire — allait devenir inséparable de la passion poétique du Verbe — de la folie d'écrire18. » La vie de l'autre frère, Sahak, est largement inconnue5.
Grégoire passe sa vie au monastère de NarekNote 2. Il y devient prêtre en 977, puis vardapet et enseignant5. Il vit à l'une des rares périodes relativement paisiblesNote 3 de l'histoire de l'ArménieNote 4. Il meurt à Narek en 10034 ou aux environs de l'an 101017. Un mausolée lui est consacré à Narek, mais il est détruit lors du génocide arménien20.
source : wikipedia
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