Missiles
WASHINGTON, 20 mars (Reuters) – Les Etats-Unis ont évoqué de manière informelle avec la Turquie la possibilité, peu probable, qu'elle envoie ses missiles S-400 de fabrication russe en Ukraine, afin d'aider à combattre les forces russes, selon trois sources au fait de la question.
Des responsables américains ont fait cette suggestion au cours du mois dernier à leurs homologues turcs, mais aucune requête spécifique ou formelle n'a été faite, ont déclaré les sources à Reuters.
Selon ces sources, ce sujet a également été brièvement abordé lors de la visite de Wendy Sherman, secrétaire d'Etat adjointe des Etats-Unis, en Turquie plus tôt ce mois-ci.
L'administration Biden a demandé à ses alliés utilisant des équipements de fabrication russe, dont des missiles de type S-300 et S-400, d'envisager de les envoyer à l'Ukraine, qui tente de repousser l'invasion russe qui a débuté le 24 février.
Cette idée, dont des analystes ont déclaré être sûrs qu'elle serait rejetée par la Turquie, s'inscrit dans le cadre d'une discussion plus large entre les responsables américains et leurs homologues turcs sur la manière dont les Etats-Unis et leurs alliés peuvent faire davantage pour soutenir l'Ukraine et sur la façon d'améliorer les liens bilatéraux.
Les autorités turques n'ont fait aucun commentaire sur les suggestions ou propositions américaines relatives à ce transfert. L'acquisition par Ankara de missiles S-400 constitue un point de discorde de longue date entre les deux alliés de l'Otan.
Les responsables du ministère turc des Affaires étrangères n'étaient pas immédiatement disponibles pour un commentaire.
Des sources et des analystes turcs ont déclaré que toute suggestion de ce type serait vouée à l'échec, citant des problèmes allant des obstacles techniques liés à l'installation et à l'exploitation des S-400 en Ukraine, aux préoccupations politiques telles que le retour de bâton auquel Ankara serait probablement confrontée de la part de Moscou.
Washington a régulièrement demandé à Ankara de se débarrasser de ses missiles de fabrication russe. Les Etats-Unis ont imposé des sanctions à l'industrie de la défense turque et l'ont retirée de son programme d'avions de combat F-35.
Ankara soutient ne pas avoir été en mesure de se fournir en système de défense aérienne auprès des Etats membres de l'Otan dans des termes satisfaisants.
La Turquie partage une frontière maritime avec l'Ukraine et la Russie dans la mer Noire et entretient de bonnes relations avec ces deux pays. Elle a déclaré que l'invasion russe était inacceptable et a exprimé son soutien à l'Ukraine, mais s'est également opposée aux sanctions à l'encontre de Moscou tout en proposant une médiation. (avec Phil Stewart et Steve Holland; version française Camille Raynaud)