La Fédération de Russie naît en 1991 avec la disparition de l'URSS.
Elle s'invente comme État-nation, qui plus est multiethnique !
Le pays a été tout au long de son histoire à la tête d'un empire et sa population vient de subir, avec la perestroïka, un traumatisme identitaire, la sensation d'être une superpuissance déchue venant s'ajouter à la perte des repères soviétiques.
En peu de temps, la société parcourt un chemin qui avait été ailleurs le fruit d'une maturation séculaire, tandis que le pouvoir opérait des transferts institutionnels en les greffant sur un corps social qui n'y était pas préparé.
Le démantèlement du système soviétique est difficile tandis que le regard de l'Occident et ses critiques successives, d'abord du « chaos russe » puis du retour de l'ordre autoritaire, influencent les évolutions intérieures.
Carte administrative de la Russie.
Crédits : Encyclopædia Universalis France
Russie (août 1991). Le drapeau de la nouvelle Fédération de Russie est un simple tricolore horizontal blanc-bleu-rouge. C'est en fait le pavillon officiel de l'Empire de Russie (1699-1918), de même que le drapeau civil dudit Empire (1883-1914).
Crédits : Encyclopædia Universalis France
Transition et convulsions (1991-1993)
L'euphorie du triomphe de la démocratie après l'échec du putsch d'août 1991, image que l'Occident s'est forgée à la vue d'un fougueux Boris Eltsine, président récemment élu de la République socialiste fédérative soviétique de Russie (RSFSR), juché sur un des tanks qui encerclaient le siège du Parlement russe et haranguant ceux qui étaient venus défendre ce symbole des temps nouveaux contre la tentative de retour en arrière de la vieille garde communiste, fut en réalité aussi brève que localisée (essentiellement à Moscou et Saint-Pétersbourg).
Lassitude et désillusion sont les humeurs dominantes d'une société qui aborde les futures mutations avec « ça ne peut pas être pire » ; la perestroïka à laquelle la majeure partie des Russes attribue la pénurie et la désorganisation, , n'apparaît déjà plus comme une libéralisation positive.
Boris Eltsine au moment du putsch de 1991
Le 19 août 1991, Boris Eltsine brandit un poing vengeur à l'encontre des instigateurs du coup d'État qui ont tenté de renverser le régime.
Crédits : S. Anipchenko/ Slava Katamidze Collection/ Getty Images
La transition libérale : choc et thérapie
L'état de grâce dont va jouir le nouveau gouvernement est court
Présidée par Boris Eltsine (image d'un bouffon dans les médias), l'équipe est vite qualifiée de « gouvernement d'occupation » par ceux qui s'opposent aux réformes :Egor Gaïdar (à l'Économie et aux Finances avant de devenir Premier ministre au cours de l'été 1992), Anatoli Tchoubaïs (aux Privatisations) s'entourent en effet de conseillers américains (Jeffrey Sachs, Anders Aslund).
Le choc de la libéralisation des prix à partir de janvier 1992 est très dur. En un mois, les prix sont multipliés par quatre, certains augmenteront de 2 500 p. 100 sur l'année. Ils sont de plus désormais libellés massivement en dollars.
L'inflation pénalise lourdement ceux qui n'ont d'autre revenu que l'argent que leur verse chichement l'État ; mendicité et vente à la sauvette de leur maigre patrimoine devient le lot de nombreux retraités ; pour certains la survie passe par la vente sur des étals de fortune des produits rapportés de leurs navettes avec la Turquie et la Chine. Une lamentation se généralise : « en guise de marché, on a le bazar ».
La foi dans les vertus régulatrices de la monnaie, qui incite le gouvernement à interrompre le versement des subventions aux entreprises, entraîne une vague d'impayés qui affecte de proche en proche tout le système économique. Les agents recourent à des règlements non monétaires entre eux ; face au troc qui se développe, certains évoquent une « économie de l'âge des cavernes ».
Bref, les effets vertueux du marché qui avait été hâtivement envisagé comme « nouvel avenir radieux » ne sont guère perceptibles. Le pouvoir parle d'une thérapie de choc, la société d'un choc sans thérapie. Les libéraux convaincus ne sont pas plus satisfaits : ils déplorent les entorses qui sont faites à leur credo (dès l'été de 1992, la politique monétariste est assouplie). La rupture est finalement plus brutale que radicale.
La transition démocratique : les affrontements
Le dernier combat des soviets
Le ton monte entre ministres et députés, élus en 1990 avec des perspectives tout autres que celles qui s'imposent désormais. Certains n'hésitent pas à qual […]
source : wikipedia
à suivre