Le Gers
« Naître Arménien est une tragédie, vouloir le rester, de l’héroïsme »
Avédis Aharonian
Amicale des Arméniens du Gers
Mouvement Arménophile de France
Bulletin d’information n°2 – décembre 2021
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Une amicale des Arméniens dans le Gers, pourquoi ? (déjà paru dans le premier
bulletin mais. Pour paraphraser André Gide : « Tout a été dit mais comme personne n’écoute, il faut
toujours répéter. »
Les raisons sont multiples mais celle qui prévaut est de faire revivre les 193 orphelins
arméniens arrivés dans le département en 1923 et 1924. C’est un devoir à accomplir avant
que l’oubli ne les ensevelisse à jamais, si ce n’est déjà fait ! Comme le disait fort justement
André Daguin, cette figure du Gers et au-delà, en préface du livre de Florence Giroir-Cotonat :
« Garder la mémoire des autres, c’est leur donner encore un peu de vie après qu’ils nous aient
quittés » et il ajoutait : « La perspective du temps, que le poids des années a tendance à
écraser, prend forme, les détails nous reviennent, les anecdotes aussi ». La municipalité
d’Auch prévoit de dédier une rue à ce grand « chef » qui a fait connaître le Gers dans le
monde (et maintenant sa fille à New York). Nous ne pouvons qu’appuyer cette démarche. Le
maire de cette ville saura faire le juste nécessaire. L’AAG sollicite à son tour un lieu de
mémoire dans la belle ville préfecture qu’est Auch. Une plaque commémorative est à l’étude
en collaboration étroite avec la municipalité, la préfecture et le directeur des Archives
départementales, entre autres. Un khatchkar ? Que nenni ! Je laisse ça à ceux qui pensent
pouvoir s’offrir une conscience en faisant venir (comme à Saint-Tropez ou à Bergerac
récemment, ce vestige douloureux, systématiquement détruit par les descendants des
auteurs du génocide de 1915 qui a, précisément, provoqué l’arrivée de ces orphelins dans le
Gers. Un khatchkar ? C’est en Arménie, dans le Nakhitchevan, en Artsakh, qu’il faut le
protéger, le défendre !
Une série de conférences
Des conférences dans le département (en commençant par la Save-Gimone) ont permis au
président de l’AAG de parler et faire parler des Arménies et des Arméniens. Il y a beaucoup de
Gersois qui veulent comprendre ce que les médias diffusent et surtout ce qu’ils ne diffusent
pas ou mal. Certaines ont eu lieu (Sémézies-Cachan, Saramon), en revanche nous avons dû
annuler celle du 12 décembre à Simorre, en raison du Covid.
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Bulletin d’information n°2
Ces conférences n’ont pas été imaginées dans l’unique but d’occuper le président qui, étant à
la retraite, n’aurait rien d’autre à faire de ses week-ends que repeigner la girafe voire la
repeindre en rouge, bleu, orange ! Non. Il s’agit de faire connaître mieux « les Arménies »
autrement qu’à la manière de tous ceux qui en ont fait leur « fonds de commerce » et qui se la
raconte autour de tables rondes, carrées ou rectangulaires, le cul vissé dans un fauteuil
confortable. Il est temps de parler autrement et surtout clairement : « On est dans la
merde ! ». Ou pour être politiquement correct : « La Nation arménienne (République du
Caucase et Diaspora confondues) est en grand danger». Et ce n’est pas la visite en Arménie de
monsieur Zemmour qui la sauvera, ni les 18 partis d’opposition en Arménie, ni les trop
nombreuses Eglises. Peut-être Valérie Pécresse ? A suivre. Les Arméniens sont seuls. Ils n’ont
pas d’amis et le président de l’AAG est là pour dire haut et fort qu’il en marre de rouler depuis
107 ans le lourd rocher de la mémoire ! Quand il est né, le génocide avait 30 ans. Pensez-y
avant d’assister au dîner de gala organisé par le CCAF ou écouter les nombreux « sachants »
qui font beaucoup de bruit devant le gouffre qui s’est ouvert devant nous, par la grâce de la
Turquie, de l’Azerbaïdjan et de l’Occident qui sait si bien fermer les yeux quand on a besoin de
lui.
Les prochaines conférences se tiendront le samedi 22 janvier au cinéma le Grand Angle à
Fleurance (sous l’égide du Floureto de Laurent Mauras)et le 19 mars, salle des Cordeliers à
Auch. Le thème : « Entre Occident et Orient, entre monde musulman et monde chrétien, les
Arméniens : un peuple face à son destin »
Pourquoi avoir ajouté « Mouvement Arménophile de France »
En mémoire à l’action menée courageusement par Archag Tchobanian que nous avons fait
membre d’honneur de l’AAG. Il rejoint ainsi au panthéon de l’AAG, Patrick Devedjian et Vanik
Berberian mes camarades du Mekhit, et Arpiné Hovanissian. Cette dernière, qui vivait sa
retraite dans le Gers auprès de son fils William (membre de l’AAG), nous a quittés cette année
à l’âge de 108 ans. Cette grande championne de rallye (Louisette Texier), a eu une vie de
roman. J’attends que quelqu’un s’y attelle. Ses petits-enfants peut-être ? Pour revenir à
Archag Tchobanian, je pense au Collège Anatole-France à Erevan ou encore à la Maison Paul-
Eluard à Stepanakert. C’est grâce à l’intelligence et à la volonté infrangible de ces grands
hommes qu’en ce 21 septembre nous avons pu célébrer les 30 ans de l’indépendance de la
République d’Arménie et pour moi l’occasion de parler de nous, des Arméniens, ceux de
l’Arménie éternelle. Que les tripatouilleurs (genre Traité de Lausanne) restent à distance !
J’ai (re)trouvé Florence Giroir-Cotonat
Elle ne le sait pas mais j’ai pour elle une véritable estime. Pour s’être penchée comme elle l’a
fait sur le sort des orphelins arméniens en 1923 (elle qui ne l’est pas) pour avoir effectué des
recherches difficiles afin de connaître leur sort, je vous salue Florence.
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Il faudra bien qu’un jour nous puissions échanger nos expériences en la matière. J’attends
avec impatience, qu’elle me donne un rendez-vous.
J’ai fait la connaissance de Cyril Cotonat
Outre le fait d’être le mari de Florence, Cyril Cotonat est le maire de la commune de Ladevéze-
Rivière. Il préside aux destinées de l’AMR 32, l’Association des Maires Ruraux du Gers. Vous
savez cette AMRF qui était présidée par l’ami Vanik Berberian, un ancien du Collège arménien
de Sèvres comme Patrick Devedjian ou comme votre serviteur. L’assemblée générale s’est
tenue le 4 décembre dernier et mon épouse (qui est membre en tant que maire de Bédéchan)
ne pouvant y assister, j’ai demandé au président Cotonat si je pouvais la remplacer en
mémoire de Vanik. M’ayant accordé cette faveur, j’ai pu ainsi faire non seulement sa
connaissance mais, grâce à son entregent, celle du sénateur Montaugé, de la souriante sous-
préfète de Mirande et celle du préfet du Gers, monsieur Xavier Brunetière, qui m’a assuré de
sa présence lors de l’inauguration de la plaque commémorative sur la Place de la Libération en
2022 (la date reste à déterminer). Peu de temps après, je recevais un mot manuscrit de lui
s’adressant aux Arméniens du Gers, les assurant de son soutien.
On se sent soudain moins seuls.
J’ai lu « Meguerdich » et « La solitude des Massacres ». Poignant.
Florence Giroir-Cotonat a écrit deux bouquins « Les orphelins arméniens du Gers » et
« Meguerditch ». C’est l’histoire d’un orphelin qui n’a pas, comme les autres, intégré une
ferme mais était serveur au Daroles, ce grand café connu de tous qui se situe précisément
place de la Libération à Auch, comme qui dirait le Café de la Paix place de l’Opéra à Paris. Ce
livre est passionnant et constitue un témoignage (parmi des milliers d’autres de par le monde)
sauf qu’ici, la fin du livre décrit comment Meguerditch se fait arnaquer par un collègue d’une
malhonnêteté telle qu’elle ne nous est pas enseignée par nos parents ou dans nos écoles. Il
faut lire ces livres (parus chez The BookEdition) tout comme celui de Papken Injarabian (La
solitude des massacres, Garnier) qui faisait partie des 193 et s’est évadé comme il l’explique
dans son bouquin. J’ai retrouvé Papken à Paris en 1984 à la Sorbonne où il était venu
témoigner devant le Tribunal Permanent des Peuples. Il avait 100 ans !
Où en est mon bouquin « Le Fils de Télémaque »
Nulle part. Pas grand chose à signaler puisque je ne m’en occupe pas. Je croyais que l’avoir
écrit devait suffire. Je l’ai beaucoup offert et très peu vendu. Je ne l’ai placé dans aucune
librairie et cela ne fait pas partie des prérogatives de mon éditeur, Nombre 7 à Nîmes. Je l’ai
envoyé à des leaders d’opinion (comme on dit). Du côté des Arméniens : rien !
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Pour conclure
Je vous souhaite à tous, membres et non membres, une année 2022 lumineuse
(bien que je la pressente compliquée). Prenez bien soin de vous. On ne va quand
même pas se laisser emmerder par un malheureux virus, qu’il soit omicron ou
ottoman !
Mon souhait le plus ardent pour cette année : voir une plaque commémorative fleurir à Auch
sur la place de la Libération, à gauche de l’escalier qui conduit aux Allées d’Etigny et voir la
France revenir aux côtés des Arméniens, pas seulement dans les dîners de gala mais partout
où la Justice a une chance de trouver son chemin.
Le texte proposé :
« A la mémoire des 193 orphelins arméniens arrivés dans le Gers en 1923 et 1924, rescapés
du génocide de 1915 perpétré par le gouvernement turc de l’époque afin d’éliminer les
Chrétiens de Turquie (Arméniens, Grecs et Assyro-Chaldéens). »
Merci pour votre soutien.
Le président de l’AAG,
Gérard Loussignian