La France a lancé samedi 23 octobre 2021 un satellite de communication militaire ,un bijou de technologie et un pilier de sa souveraineté, preuve que les tensions géopolitiques s'exportent jusque dans l'espace.
La fusée Ariane 5 a décollé de Kourou, en Guyane, emportant le satellite 4A du programme Syracuse, qui permettra aux armées françaises aux quatre coins du globe de communiquer à haut débit et en sécurité depuis des relais au sol, aériens, marins et sous-marin.
"Syracuse 4A est conçu pour résister aux agressions militaires depuis le sol et dans l'espace ainsi qu'au brouillage", a expliqué à le porte-parole de l'armée de l'Air et de l'Espace. Il est équipé de moyens de surveillance de ses abords proches et d'une capacité de déplacement pour échapper à une agression.
S4 est protégé contre les impulsions électro-magnétiques qui résulteraient d'une explosion nucléaire,. "C'est le scénario de l'ultime avertissement, en cas d'échec de la dissuasion".
Le programme Syracuse représente un investissement total de 4 milliards d'euros. La quatrième génération multipliera par trois le débit de communications de Syracuse S3. La Direction générale de l'armement (DGA) s'est engagée avec Thalès à hauteur de 354 millions d'euros et avec Airbus pour 117 millions pour le seul Syracuse 4.
"Il y a une loi presque mathématique d'augmentation régulière des volumes de data", : les besoins générés par les systèmes de commandement, la représentation des situations tactiques du terrain, la vidéo (venant par exemple des drones Reaper déployés au Sahel).
Ou encore le traitement en temps réel de la data venue de plusieurs endroits de la planète. A terme, la France disposera de 400 stations capables de communiquer avec S4 depuis le sol, un aéronef, un navire ou un sous-marin .
Or la dissuasion nucléaire française repose très largement sur ses sous-marins, rappelle Marc Finaud, expert en prolifération des armes au Centre de politique de Sécurité de Genève (GCSP). "Si un adversaire est capable de modifier, pirater, endommager les communications avec les sous-marins, c'est la fin de la dissuasion".
Le déploiement du satellite, prévu de longue date, tombe à point nommé alors que Paris pousse son projet de souveraineté européenne en matière de défense. La France, qui dispose d'espaces maritimes souverains sur toutes les mers du globe, ne peut se passer d'une assise technologique puissante.
"Elle a besoin de ce segment là pour montrer qu'elle a les moyens de ses ambitions", "Cela crédibilise l'ensemble de son outil militaire, de même que sa capacité industrielle".
Quelques semaines après la déception reçue par l'Australie, qui a renoncé au contrat de sous-marins français pour des submersibles américains, fragilisant la puissance française en Indopacifique, le satellite S4 vient à point nommé.
Avec deux milliards d'euros d'investissements annuels dans le spatial militaire et civil, est 4ème du trio de tête: 50 milliards pour les Etats-Unis, 10 pour la Chine et 4 pour la Russie.
S4 permet à la France de rester dans le peloton de tête et de participer à la course aux armements.
Il y a un risque que la "nébuleuse de hackers, pirates, acteurs criminels ou terroristes pourraient se lancer dans une guerre des étoiles artisanale".
La géopolitique spatiale se tend un peu plus chaque année. "On parle de guerre spatiale et ce risque là est admis par tout le monde"
sources : experts, chiffres du gouvernement français…