Une économie de pillage après déportation et génocide
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L'ouvrrage récemment paru de l'académicien turc Umit Kurt "Les Arméniens d'Aïntab, l'économie
du génocide dans une province ottomane"(*) relate le processus de "transfert" des biens arméniens
aux groupes turco-musulmans par confiscation dans cette ville Aïntab (actuel Gaziantep, signifiant
Aïntep qui a pris part a la lutte – (contre les Arméniens)- au sud est d'Anatolie).
A travers la loi "des propriétés abandonnées" (emval i metruke) l'auteur (**) explique comment ces
propriétés ont "changé de mains" par des acteurs locaux d'Antep.
Les violences économique et physique se produisent en même temps et d'énormes richesses
matérielles changent de mains avec les déportations et les massacres de masse.
Les registres des Commissions de liquidation sont disponibles mais non accessibles aux chercheurs.
Sur un ensemble de réglements légaux ainsi que sur le pillage et le vol est batie une transformation
sociale et économique engendrant un régime républicain avec les mêmes agents conservant leurs
ideologies nationaliste, raciste et genocidaire.
Aïntab est donc le microcosme d'une transformation à grande echelle.
Actuellement les maisons, bâtiments commerciaux et même églises des Arméniens sont présents
à Antep, transformés en hôtels, cafés et immeubles de bureaux. L' habitant , surtout l'élite, connait
l'existence antérieure d'Arméniens dans la ville mais il ne veut pas s'en souvenir ni surtout en
parler.
Le livre explique comment on ne peut pas écrire l'histoire économique de la Turquie sans connaitre
le passé des Arméniens en Anatolie.
(*) The Armenians of Aintab, Harvard University press.
Edition turque ; "Antep 1915" Edition Iletisim, Istanbul.
(**)Umit Kurt , natif d'Antep , docteur en histoire de l'Université Clark, spécialiste du Moyen Orient
et du Génocide arménien.
Zaven Gudsuz zaven471@hotmail.com
Zaven Gudsuz est diplômé d'économie de l'Université de Nantes
photo : D.R.