1 Nouvel Hay Magazine

C’est toujours un beau pays ..

Arménie vivante.
 
Alors que l’épidémie de coronavirus contaminait le monde entier et que les Etats-Unis
étaient en campagne présidentielle, l’Azerbaïdjan et la Turquie profitèrent de cette
période opportune pour attaquer le Haut-Karabagh.
 
La Turquie étant un membre important de l’OTAN, la supériorité numérique et l’armement performant de la coalition
turco-azerbaidjanaise renforcée par des mercenaires syriens obligea les Arméniens à
accepter un armistice décidé urgemment par la Russie, membre du Groupe de Minsk aux
côtés de la France et des Etats-Unis.
Après 44 jours de combats acharnés et de bombardements continuels, l’Artsakh devait
abandonner des régions clés pour sa défense. Les pertes militaires arméniennes
s’élevaient à plus de 5 000 morts, pour la plupart de jeunes hommes entre 18 et 22 ans.
 
On compta également plus de 12 000 blessés et un certain de nombre de disparus.
Suite à cette défaite, un mouvement sans précédent fut déclenché en Arménie exigeant la démission du Premier
ministre Nikol Pachinian et celle de son gouvernement ainsi que la dissolution de l’Assemblée nationale. Les
attaques contre les édifices nationaux, protégés par la police, se multiplièrent, les manifestants allant jusqu’à
demander aux policiers de les rejoindre.
 
La contestation gagnait les strates supérieurs de l’État jusqu’au
Président de la République, qui lui-même exigeait la démission de Pachinian, rejoint en écho par les deux
catholicos d’Etchmiadzine et de Cilicie ; contrairement à son habitude, ce dernier lisait le texte, alors que
d’ordinaire il récitait de mémoire comme si cette déclaration lui était imposée.
 
Cette ingérence des instances cléricales dans les affaires politiques de l’Arménie reste inacceptable.
 
D’ores et déjà, la séparation de l’Église et de l’État devrait être établie, l’Arménie ne vit plus au Moyen-âge.
La seule préoccupation de l’Église devrait être le repeuplement du pays, en autorisant notamment l
e mariage des prêtres pour que les femmes arméniennes, véritable colonne vertébrale de la Nation redonnent
vie et prospérité au pays. Une classe d’âge a été fauchée par cette guerre, elle doit être impérativement remplacée
par de nouvelles forces vives.
 
Afin de répondre aux attaques dont il était la cible, Pachinian décida d’organiser une manifestation à Erevan ; la
foule rassemblée autour de lui démontra qu’il était largement soutenu par la population. Il fut dès lors décidé que
des élections législatives anticipées seraient prévues pour la fin juin.
Un petit pays de 3 millions d’habitants vit éclore 25 listes de candidats, probablement un record absolu. Les
élections se déroulèrent, le 20 juin dernier, dans des conditions optimales selon les observateurs étrangers. Le
parti de Nikol Pachinian obtint la majorité absolue des voix lui permettant ainsi de composer un gouvernement
sans avoir à négocier avec d’autres formations politiques.
 
Cependant, si parmi les opposants politiques, certaines personnalités pouvaient être d’une quelconque utilité
pour l’unité nationale, il serait souhaitable de les associer à la gestion du pays.
L’Arménie doit avant tout assurer sa défense en modernisant son armée. Il faudrait aussi accroître sa population,
en obtenant surtout un soutien efficace d’une diaspora qui, de son côté devrait éviter de se perdre en querelles
partisanes, sujet qui sera développé dans un prochain article.
 
Nersès Durman-Arabyan
 
photo : D.R.