L'historien grec d'Istanbul Stefanos Yerasimos dans son livre "Nationalités et
frontières" fournit des chiffres sur la ville portuaire de Samsun, sur la Mer Noire.
En 1914 la ville était connectée au reseau ferroviaire de l'Empire et comptait
5 000 Grecs sur une population de 11 000 habitants avec des entreprises
artisanales et la plus importante manufacture de tabac.
La ville est un exemple du processus d'industrialisation à micro échelle,
entrepris par les Grecs et les Arméniens, que le Génocide a détruit et n'a pas
permis d'evoluer.
Dans la province de Sivas, en Anatolie centrale, la quasi totalité des activités
industrielles et commerciales étaiet détenues par les Arméniens et les chiffres
en disent long :
-Sur 166 importateurs 141 étaient Arméniens ou Grecs.
-Sur 150 exportateurs 127 étaient Arméniens
-Sur 37 banquiers 32 etaient Arméniens
-Sur 9800 commerçants et artisans 6800 étaient Arméniens.
On constate le même tableau dans l'industrie avec 130 usines et minoteries : 130
appartiennent aux Arméniens.
A Sivas, ville loin des centres comme Constantinople ou Smyrne (actuelle Izmir) on
assiste à la décomposition de la vie commerciale et industrielle et une lueur
de développement apparaitra un demi-siecle plus tard.
Au début du XXe siecle le tiers de la population était armenienne à Kayseri
(Césarée). L'usine textile des freres Hasirciyan, établie en 1856 comptait 300
métiers a tisser et la production était surtout destinée à l'exportation.
Le sous-developpement de la jeune Republique turque, bâtie sur le sang et le
butin des chrétiens ottomans, a ete eclipsé par le slogan kémaliste "Une
Turquie victorieuse dans sa lutte contre les impérialistes" . Le quotidien
Hurriyet (Liberté) vaisseau amiral de la presse turque , fondé par un ''dönmé'
(juif converti à l'islam) utilise encore de nos jours le slogan "La Turquie aux
Turcs" . Chose faite au fil des ans mais il est difficile de constater la population
turque qui a quitté le pays pour une meilleure vie en Europe(plus de cinq
millions) et les Amériques( 400.000(*)
Le racisme institutionnel et social, la xénophobie et l'ignorance imposées par
l'idéologie kémaliste ont developpé une interprétation mensongère du sous-
développement accusant l'imperialisme occidental responsable de toutes les
pertes économiques et le frein du developpement.
(*) Chiffres officiels fournis par le ministere turc des Affaires Etrangeres.
Pour un nombre plus précis une majoration de 10 a 15 pourcent s'impose.
Zaven Gudsuz
zaven471@hotmail.com
Zaven Gudsuz est diplômé d'économie de l'Université de Nantes
–