[Témoignage] Krikor Amirzayan raconte son histoire

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Ghazar et Pariz Emirzian mes grands-parents paternels rescapés du génocide de 1915

Mon grand-père paternel Ghazar Emirzian né vers 1902 au village de Morénig près de Kharpert (région de Kharpert) avait perdu ses parents déportés et disparus lors du génocide arménien de 1915. Ghazar de Karpert a été à Malatia non loin de Kharpert quelques années puis se réfugia à Alep jeune adulte. Il avait une sœur Hripsimé mariée, partie de 1947 d’Alep à Erévan avec ses trois enfants nés en Syrie. Un autre frère Ghévont aîné parti dans les années 1930 de la Syrie vers les Etats-Unis.

Il s’installa dans un camp près de Bostan Pacha puis à Nor Kiyugh le quartier arménien d’Alep où il construira une maison. Ghazar se marie avec Pariz (Paris) une arménienne blonde aux yeux bleus plus âgée que Ghazar et qui avait perdu son mari Hmayak, un ébéniste fabricant de meubles, lors du génocide. Elle avait eu un enfant, une fille Varténie qui décédait de maladie à l’âge de 5 ans. Pariz était née et habitait la ville de Yerzenga (Erzindjan), elle était membre d’une famille aisée, son père Avédis Peynirdjian étant un notable. Hmayag le mari de Pariz que cette dernière était follement amoureuse, est emporté lors du génocide. Les Turcs réclamant une rançon sont venus voir Pariz pour la dévaliser de tout l’or qu’elle possédait en promettant de libérer son mari. En vain, ils emportèrent le butin mais Hmayak ne reviendra jamais…

Pariz avait une sœur aînée du nom d’Anouche. Lors du génocide, pourchassée par les Turcs elle s’est jetée avec ses enfants dans le fleuve Eurphrate en 1915. Ses deux frères Vahan est fonctionnaire de la mairie de Yerzenga et Haroutioun est professeur de français au collège arménien Jarankavoradz de Yerzenga. La ville étant moderne et évoluée pour l’époque.

Pariz sera la seule rescapée du génocide. Arrivée à Alep elle trouvera refuge dans un camp. Elle est venue à Alep en compagnie d’une arménienne de Yerzenga appelée « Varjou » une femme qui avait été enlevée par les Turcs et avait fuit avec un enfant, un garçon.

Ghazar et Pariz se rencontrent et se marient en 1924. Naîtra Bédros leur premier enfant en 1925, mon père. Puis Endza, une fille, en 1928.

Pariz disparaitra en 1966 à Alep et Ghazar en 1968 toujours à Alep. Endza meurt à Los Angeles en 1995. En 1965 elle avait trouvé refuge à Gumri (Léninakan) en Arménie en compagnie de sa famille Kourken son mari et ses trois enfants Anahit, Garo et Hovhannès. Puis après le séisme de 1988 sa famille, les Adjémian, s’installa à Los Angelès. Endza y disparaîtra en 1995. Six ans plus tard, c’est mon père Bédros qui disparaissait en 2001.

A noter que ma famille Emirzian était par un jeu d’écriture d’un passeport syrien devenue Amirzayan car les lettres d’Emirzian ne correspondant pas fidèlement à l’alphabet arabe inscrit sur le passeport…

Photo : de gauche à droite : Pariz, Endza, Bédros et Ghazar Emirzian à Alep en 1950

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